San Theodor


Chapitre 6

Holà, Cris !

Richie et Cris rentraient à la vieille grange. Ils avaient passé la matinée à tenter de régler la délimitation de propriétés et leurs accès à la rivière. Richie se rendait compte qu’être fermier n’était pas si reposant qu’il le pensait. Il fallait savoir se défendre, s’imposer aux autres, se battre pour quelques acres de terre. Il considérait son existence vagabonde beaucoup plus calme, même si Dan la pimentait souvent. Il avait passé la matinée avec Cris, et se rendait compte qu’il ne connaissait pas vraiment le Mexicain.
- Cris, sérieusement, tu viens du Tennessee !
Cris lui jeta un bref regard ;
- Pourquoi je mentirai ? Ce n’est pas parce que j’ai la peau brune et les cheveux noirs que je viens du Mexique ! C’est comme si tu disais que toutes les jeunes femmes blondes sont suédoises, comme Elsa !
- Ne te vexe pas ! Il n’y a pas de honte à être mexicain ! En tout cas, pas pour moi !
Cris arrêta son cheval ;
- Puisque je sens que tu ne vas pas me lâcher avec ça, alors voilà, mon père était mexicain. Mais il a passé la frontière, et je suis né au Tennessee. Tu vois, je suis américain !
- C’est quoi ton vrai nom ? demanda Richie, soudain sérieux. Cris répondit de même ;
- Cris ne te convient pas ?
- Dis-moi…
Cris prit une grande inspiration, fit repartir son cheval, et murmura ;
- Cristobal. T’es content ? Allez, Ted va nous attendre !
Et ils filèrent à travers les plaines désertes d’Arizona.

Ted trônait au bout de la table, avec amassées devant lui, des liasses de billets. Dan, assis tout près, se retenait de tendre la main vers cet argent qui lui permettrait de passer du bon temps. Le regard que lui lança Ted lui fit renoncer à cette tentation. Connaissant Ted, Dan sentait que le vieil homme pourrait lui retirer ses gains, pour avoir dit un mot, ou fait un geste de trop ! Le Shérif prit la parole ;
- Voici votre première paye ! Je vous conseille d’en faire bon usage ! Alors, que je ne vous prenne pas à la jouer au saloon, ou autre batifolage…
Il jeta un regard circulaire pour s’assurer que tous avaient compris, et commença la distribution ;
- Anthony, voilà pour toi ! Et essaye de ne pas te faire avoir par les autres !
Anthony prit l’argent, et observa les billets comme s’il n’en avait jamais vu avant. C’était la première fois qu’il en avait autant ; et c’était lui qui l’avait gagné ! Un sourire plein de fierté apparut sur son visage d’ange.
- Cris, voici ta part !
Sans compter, Cris empocha son butin.
- Richie…
Un sourire ravi illumina le visage de Richie. Il avait déjà des projets. Il savait à quoi lui servirait cette maigre fortune.
- Dan…
Ted n’avait pas lâché la liasse que Dan l’avait déjà saisie. Le shérif ne lâcha pas tout de suite la liasse. Il considéra méfiant son employé ;
- Tu m’as bien compris Dan…
- Mais oui…
Ted dut se résoudre à lui donner sa paye, que Dan recompta avec minutie.
- Et Brad !
- Merci ! répondit ce dernier, en empochant son bien. Il n’avait jamais eu autant d’argent en poche, et ne savait pas encore ce qu’il en ferait. Ted leur fit signe qu’ils pouvaient disposer. Ils se levèrent, et sortirent de la maison. Dan, excité, s’empressa auprès de Richie ;
- T’as vu ce qu’on a ! On en a jamais eu autant !
- Normal ! Tu dépensais tout dans la seconde !
- Sérieux, Richie, on peut devenir riche ! Et alors, à nous la belle vie !
Richie ne put s’empêcher de sourire ;
- Combien de fois, j’ai entendu ça !
- Il suffit d’une partie, et on quadruple nos gains !
Richie s’arrêta ;
- Tu n’as pas entendu ce que Ted a dit !
Dan eut un haussement d’épaule ;
- Tu sais très bien que je n’entends que ce que je veux ! Et puis, il n’en saura rien ! Juste une partie !
- Dan, tu fais ce que tu veux avec ton argent, mais tu ne joueras pas le mien !
Dan fut surpris par cette affirmation. Non pas qu’il en ait après l’argent de son ami, mais il ne comprenait pas… Ils avaient toujours tout partagé !
- Qu’est-ce que tu vas faire de tout cet argent ?
- J’ai des projets, lui répondit Richie d’un air mystérieux.
Dan n’eut le temps de l’interroger plus qu’ils furent surpris par Cris, qui ayant sellé son cheval partait au galop ;
- Mais où il va ? s’étonna Richie.
Ce brusque départ ne traumatisa pas Dan qui accourut près d’Anthony et Brad ;
- Brad, Anthony, mes amis…
Bradley l’arrêta d’un geste ;
- Laisse tomber Dan, on te donnera pas d’argent !
Et ils le laissèrent sur place, les bras ballants, se défendant ;
- Qui parle d’argent ? Moi, je parle d’investissement !!!
Mais ses paroles se perdirent dans le vent qui balayait la cour de la vieille grange.

Cris galopait sans perdre une seconde. Il y avait plusieurs miles pour arriver à la mission de San Bernardo, et il souhaitait rentrer avant la nuit. Il n’était pas arrivé à San Theodor par hasard. L’offre du shérif avait été pour lui un moyen de gagner sa vie honnêtement, après des années d’errance, tout en se rapprochant de San Bernardo où était installée une mission mexicaine. Le frère Fernando était son oncle. Cris n’en avait rien dit, car même s’il semblait être accepté au sein de la vieille grange, ce n’était toujours pas le cas à San Theodor. Les habitants avaient encore du mal à accorder de l’importance à l’autorité d’un Mexicain. Alors, Cris se taisait et gardait pour lui ses expéditions jusqu’à la mission. Il y allait pour Fernando, cet oncle tombé du ciel, qui était sa seule famille, pour retrouver l’ambiance chaleureuse des paysans, et surtout pour Amalia…
La première fois qu’il l’avait vue, c’était juste avant de rentrer aux ordres de Ted, il avait été prêt à rester vivre à la mission, juste pour avoir le plaisir de la voir tous les jours…Il avait connu de nombreuses filles dans sa vie, mais il se rendait compte qu’il n’avait jamais été amoureux… Amalia avait éclairci son horizon. Par chance, la jeune fille était sous la garde de Frère Fernando, de sorte que Cris la voyait dès qu’il venait rendre visite à son oncle.
Les deux jeunes gens s’étaient échangés des sourires, puis quelques mots, avaient fait quelques pas ensemble sous le regard bienveillant de Fernando. Cris était conquis, Amalia n’était pas indifférente… Cris avait alors pris la décision qui lui semblait la plus juste. Il allait travailler dur pour le shérif, et s’il avait le temps, il trouverait un autre emploi, et ce qu’il gagnerait, tout ce qu’il gagnerait, il le confierait à Fernando qui aurait un œil sur son pécule jusqu’à ce que celui-ci soit assez conséquent pour que Cris puisse demander à Amalia de l’épouser. Cris se hâtait pour déposer sa paye en lieu sûr.

Bradley avait été affecté au bureau du shérif. Et cela lui convenait. Rétablir l’ordre en quelques mots, quelques menaces, c’était dans ses cordes. Sans s’en rendre compte, il n’avait pas utilisé son arme depuis des jours… à part pour l’astiquer, mais ça, c’était une vieille habitude…Et être seul lui convenait aussi. Non pas qu’il détestait la compagnie, mais il avait tant voyagé seul que la solitude était comme une deuxième peau pour lui. Surtout qu’il trouvait chanceux d’être aussi bien tombé à la vieille grange. L’altercation avec Dan avait été oubliée, envolée, et leur relation était redevenue aussi amicale qu’avant. Brad se doutait que Dan n’était pas du genre à garder rancune, ni à rester fâché très longtemps. C’était un impulsif, et il fallait faire avec… Richie semblait s’accommoder de tout, comme de rien. Pas contrariant pour un sou, il tentait de faire régner l’harmonie. Bradley l’aimait bien. Cris était silencieux, secret, serviable et Brad respectait cela. Il agissait de même. Anthony était si jeune, mais c’était un bon garçon. Brad comprenait les inquiétudes d’Elsa. Il ne devait pas terminer comme lui. Il aurait bien vu Anthony devenir avocat ou quelque chose comme ça. Il avait la diplomatie pour, même s’il n’avait pas la méchanceté suffisante… Couvé par Ted et Elsa, Anthony devrait s’en sortir. Elsa était la personne qui l’avait persuadé de rester. Sans elle, Brad aurait repris les routes jusqu’à ce qu’il croise un chasseur de prime, et… Mais il était là, grâce à elle. Elsa était ce petit bout de femme qui adoucissait le monde extérieur par un sourire, un mot… Elle ne jugeait pas, et savait faire ressortir le bien qu’il y a en chaque être humain. Oui, Brad se trouvait chanceux. Son seul point noir était Ted. Le shérif lui avait ordonné de quitter les lieux, et depuis il restait sur sa réserve avec lui. Froid, bref, il ne lui adressait la parole que pour lui donner des ordres, et Brad s’exécutait sans un mot. Elsa lui avait fait comprendre que le shérif attendait le premier pas de sa part. Brad, fier, n’en ferait rien. Ted se rendrait compte un jour, qu’il n’était pas mauvais, mais d’ici là…

Brad était donc heureux d’avoir quelques heures de solitude dans l’office du shériff. Mais c’était sans compter le jeune Johnnie Parkinson, qui entra dans l’office en claironnant ;
- Bonjour, je peux rester avec vous ?
Brad avait à peine levé les yeux et avait maugréé ;
- Tu n’as rien de mieux à faire ?
Johnnie s’installa face à Brad ;
- Monsieur ?
- M’appelle pas Monsieur…
- Je peux vous appeler Brad, comme Dan le fait, et vous dire "tu" ?
- Tu fais comme tu veux.
Johnnie eut un grand sourire ;
- D’accord Brad. Je peux te demander quelque chose ?
Bradley hocha la tête, un peu las, par la présence de l’enfant qu’il jugeait un peu exubérant. Un futur Dan ! Johnnie se lança ;
- Est-ce que tu voudrais m’apprendre ?
- T’apprendre quoi ? demanda Brad, sans comprendre la requête du garçon.
Johnnie expliqua rapidement ;
- Je veux travailler pour le shériff. Mais il dit que je suis trop jeune, que je n’ai pas encore assez d’expérience, que j’ignore plein de choses encore pour pouvoir travailler pour lui. Alors, est-ce que tu veux m’apprendre toutes ces choses ? A tirer surtout ? Dis, tu voudrais ?
Brad ouvrit de grands yeux ;
- Pourquoi tu me demandes ça à moi ?
- Parce que tu es le meilleur ! fut la réponse évidente de Johnnie.
L’ombre d’un sourire naquit sur les lèvres de Brad. L’ironie du sort ! Elsa lui demandait de protéger Anthony, et voilà qu’un mioche encore moins bien armé dans la vie, lui demandait de le confronter aux réalités de l’Ouest. Brad secoua la tête ;
- Pourquoi non ? protesta Johnnie.
Brad considéra l’enfant face à lui. Il avait l’air décidé pour son âge. Mais Brad ne voulait pas cette responsabilité.
- Parce que tu es trop jeune. Ted a raison. Et d’ailleurs, où sont tes parents ?
- Ils sont morts ! répondit Johnnie, glacial.
Brad posa son regard sur lui. Il secoua la tête ;
- J’en suis désolé, mais ça ne change rien ! C’est non !
- S’il te plaît, je veux travailler pour le shériff !
- Tu devrais plutôt aller à l’école ! lui conseilla Brad. Ca te mènera plus loin que d’apprendre à tirer !
- Ce n’est pas d’aller à l’école qui me nourrira aujourd’hui, demain et les autres jours !
La lucidité de l’enfant toucha Brad. Lui aussi, enfant, avait eu faim, lui aussi, avait cherché tous les moyens pour survivre. Il n’avait peut-être pas trouvé le bon, et il ne voulait pas que ce gamin fasse les mêmes erreurs que lui.
Mais Brad n’eut pas le temps de réfléchir plus longtemps au sort de Johnnie, qu’Anthony ouvrit la porte de l’office à toute volée ;
- Brad, Dan est au saloon ! Il joue ! Ca va mal se finir, et Ted arrive !
Sans un mot, Brad se leva, rengaina son arme et décrocha sa veste du porte-manteau et lança un regard à Johnnie ;
- Toi, tu restes là ! Tu ne bouges pas !
Et Brad suivit Anthony jusqu’au saloon où il trouva Dan, debout prêt à en venir aux poings avec ses adversaires. En un regard, il comprit la situation ; les cartes sur la table, le tas de billets au milieu,… quelqu’un avait triché. Il fit un grand geste ;
- Hola ! Avant que cela ne dégénère, on va se calmer ici ! Qu’est-ce qu’il se passe ?
L’homme désigna Dan ;
- Il triche ! Ce type triche et veut nous voler !
- Tu parles ! contredit Dan. Monsieur n’accepte pas que la chance ait tourné ! J’ai gagné !
- STOP ! cria Brad. Bon, chacun reprend son gain, et on s’arrête là !
Ils rempochèrent leurs billets, et Brad attira Dan vers la sortie.
Cependant, il se retourna vers le joueur ;
- Un conseil, si vous ne voulez pas vous frotter aux tricheurs, arrêtez de jouer !
- Et ça se dit adjoint du shérif ! entendirent-ils derrière eux.
Une fois dehors, ils rejoignirent Anthony, et Dan congratula Brad d’une tape dans le dos ;
- C’était bien joué, ça !
- J’y crois pas, Dan ! Tu jouais déjà ta paye ! Tu cherches les ennuis ?
Il rit ;
- C’est toi qui me dit ça ! Mais j’ai rien perdu !
Brad hocha la tête et jeta un coups d’œil vers Anthony ;
- Grâce à moi ! Il avait perdu ! Je n’ai jamais vu une main aussi minable ! T’allais tricher, Dan !
Dan sourit ;
- Oui, je sais mais ça restera notre secret !
Et il les abandonna pour retourner vers la vieille grange. Brad jeta un regard entendu à Anthony ;
- Si je peux te donner un conseil, ne joue jamais avec lui !
- Brad ? entendit-il derrière lui. Il se retourna et vit le jeune Johnnie ;
- Tu es encore là, toi ?

La nuit était tombée, mais Cris n’avait pu se résoudre à l’idée de quitter Fernando et Amalia. Lorsqu’il reprit la route de San Theodor, il était tard. Très tard. La pleine lune éclairait sa route, et il filait à toute allure vers San Theodor. Il allait manquer l’heure du dîner, et son absence allait sûrement faire parler. Peut-être Ted le mettrait à la porte ? Il avait déjà voulu renvoyer Brad pour une bagarre dont il n’était pas responsable… Il fallait qu’il rentre avant le lever du jour !

En effet, le dîner était servi, et Ted recevait un invité ; son vieil ami Wilson. Il venait faire le point avec Ted, et ne savait comment faire pour aborder le sujet qui lui brûlait les lèvres. Les jeunes adjoints le dévisageaient en silence, sûrement conscients que leurs sorts étaient entre ses mains.
- Où est Cris ? demanda Elsa.
Ses collègues haussèrent les épaules en signe d’ignorance.
- S’il y en a un qui sait où il est passé, il ferait mieux de parler ! engagea Ted.
Dan, les yeux ne quittant pas le rôti qu’Elsa venait de poser sur la table, répondit ;
- Il est parti tôt. Il ne nous a rien dit. Cris n’est pas du style à faire des confidences !
- Bon, il se passera de dîner, ce soir ! Alors, Wilson, pourquoi cet air soucieux ?
Bartholomew Wilson se racla la gorge ;
- Je crains de ne pas avoir de bonnes nouvelles. Mackenzie...
- Qu’est-ce qu’il a encore, celui-là ?
Bart enroba du regard les adjoints, et lança ;
- Il est de plus en plus réticent à la présence de tes employés !
Richie, Dan, Anthony et Brad levèrent les yeux de leurs assiettes, soudain concernés.
- Ils n’ont rien fait de mal pour le moment !
- Ben… Mackensie n’est pas ravi de voir Bradley Thomas se promener dans les rues de sa ville…
Le visage de Brad se ferma ; Ted allait sûrement lui dire une fois de plus de prendre ses affaires et de quitter la vieille grange, mais c’était sans compter une intervention divine. Elsa prit la parole ;
- Mr Wilson, vous direz au maire que si Bradley Thomas est toujours ici, c’est par ma volonté ! Et que s’il a un problème avec ça, qu’il vienne m’en parler directement !
Wilson ouvrit de grands yeux, surpris qu’une si frêle jeune femme puisse avoir tant d’aplomb. Il jeta un coup d’œil à Ted, qui conclut ;
- Elsa a parlé !
- Bon, mais vous devez m’accorder que les choses ne sont pas ce qu’elles devraient être. La preuve, il manque un gars, et vous ne savez même pas où il est ! Les deux frères irlandais ont mis les voiles sans une explication, et on en a vu certains au saloon en train de tricher…
Le regard de Ted se posa immédiatement sur Dan, qui baissa les yeux sur son assiette ;
- Wilson, crois-moi, tu ne les retrouveras plus au saloon ! Quand aux irlandais, ce n’était pas plus mal qu’ils partent…
Il échangea un bref regard entendu avec Brad, et continua ;
- ... Ils nous auraient amené des problèmes. Quant à Cris, il va rentrer. Et je réglerai ça avec lui. Avoues quand même que depuis le peu de temps qu’ils sont là, les fusillades sont moins fréquentes dans les rues…
- Pourvu que ça dure ! Je te soutiens, Ted, tu le sais, mais MacKenzie…
- MacKensie a juré de nous laisser une période d’essai. Il n’a pas intérêt à revenir sur sa promesse. Alors, j’ai bien noté tes doléances, mais maintenant, tu vas profiter de ce délicieux repas qu’Elsa a fait pour nous, et profiter de la soirée.
Wilson sourit et esquissa un petit salut militaire ;
- Le shérif a parlé !
Il était heureux d’en avoir fini avec sa mission d’émissaire du maire. Ted était son ami, et il savait qu’il ferait le nécessaire pour que tout rentre dans l’ordre. De plus, il ne souhaitait en aucun cas se mettre à mal avec les adjoints. Il était pacifique. Il observa les hommes devant lui avec un sourire ;
- Alors, les gars, parlez-moi un peu de vous !
Richie répondit immédiatement ;
- Vous voulez savoir quoi ? Combien Dan a perdu au saloon aujourd’hui ?
Anthony et Brad plongèrent la tête dans leurs assiettes pour ne pas rire, mais Dan ne se retint pas. Il rit de bon cœur ;
- Vous voulez savoir la meilleure ? J’ai même pas perdu !
- A ta place, je ne m’en vanterai pas ! fit remarquer Ted.
Elsa déposa une tarte sur la table, et sourit ;
- Allons, Ted, vous n’avez jamais été jeune ?
D’un œil noir, il répondit ;
- Je ne me suis jamais fourvoyé dans des parties de poker, à jouer ma paye et à m’attirer des problèmes…
- Hmmm… Hmmm
- Quoi, Wilson ?
- Je crois que tu as la mémoire courte ! Moi, je me souviens, qu’un jour à Laramie…
Laramie ! Ce nom réveilla des souvenirs de débauche de sa jeunesse. Il se sentit en danger, il y coupa court ;
- C’est bon, personne n’a envie de savoir !
- Si ! contredit Anthony, sortant de sa réserve à la grande surprise de tous.
Wilson rit ;
- Non, je vais être charitable, et ne pas dévoiler tous les petits secrets de la vie du shérif de San Theodor... Pour l’instant…
- Tu es trop bon…
- Elsa, cette tarte est merveilleuse ! s’écria Wilson.
- Il en reste ? demanda avidement Richie.
Et Elsa dota de parts généreuses ceux qu’elle appelait déjà "ses hommes".

Cris rentra alors que le soleil pointait à l’horizon. Il espérait passer inaperçu, mais à peine entra t’il à dans l’écurie, qu’il entendit la voix de Richie ;
- Cris ! Ted va te tomber dessus ! T’étais où ?
- J’avais à faire ! fut sa brève réponse.
- Je préfère te prévenir qu’il ne va pas se contenter de cette réponse !
A cet instant, dans la cour, la voix tonitruante du shérif retentit ;
- Cris, vagabond du diable, viens ici !
Richie fit une petite grimace ;
- Bon courage !
Cris calmement sortit dans la cour. Ted attendait les bras croisés près du corral. Il se dirigea vers lui, et nota au passage que Brad, Dan et Anthony se tenaient sur le pas de la vieille grange, et qu’Elsa venait de sortir de la maison. Pourquoi avait-il fallu qu’ils se lèvent si tôt ce matin ? Il arriva face à Ted, qui l’attendait peu engageant ;
- T’étais où ?
- J’avais à faire, répéta-t-il.
- Non, ça ne me convient pas ! En venant ici, tu as accepté de tenir certains engagements, notamment, celui de me dire où tu es et d’être à l’heure aux repas ! Tu as manqué aux deux !
- Je sais, répondit simplement Cris.
- Alors, j’attends des explications…
Cris tourna la tête et vit les mines inquiètes de ses amis, Elsa…
- Je n’ai pas d’explications à donner. Ca ne se renouvellera plus, vous avez ma parole !
Ted plongea les mains dans ses poches ;
- Ca, je peux te confirmer que cela ne se renouvellera plus, car tu es renvoyé !
Cris tressaillit ; en un clin d’œil, il vit son avenir partir en fumée, Amalia…
- Non, Shérif, il ne faut pas me renvoyer. J’ai besoin de travailler, j’ai besoin d’argent,…
- Il fallait y penser avant !
Elsa jugea bon d’intervenir ;
- Ted, si vous voulez tous les renvoyer, bientôt vous n’aurez plus personne !
Il soupira ;
- Ca me regarde ça, Elsa !
- Non, ça me regarde aussi. Car s’il n’y a plus personne, il n’y aura plus besoin de moi, et moi aussi j’ai besoin de travailler !
- Elsa, il a failli à ses devoirs, si on avait eu besoin de lui…
- Mais vous n’avez pas eu besoin de lui ! Dans ces cas-là, pourquoi ne pas renvoyer Dan pour avoir joué, ou Richie parce qu’il se reposait au lieu de travailler ? Sérieusement Ted, prenez ça comme des erreurs de parcours que chacun s’efforcera de ne pas refaire. N’est-ce pas vous autres ?
Dan, Richie, Brad et Anthony approuvèrent vivement. Ted se trouva coincé. Elsa sapait son autorité, mais elle n’avait pas tort. Se priver de Cris aurait été une erreur, il le savait. Le mexicain n’avait pas bronché. Ted fit mine de réfléchir, puis jeta, avant de tourner les talons ;
- Considère-toi en sursis ! Comme vous tous !
Ils attendirent qu’il ait disparu pour bouger. Elsa offrit un sourire à Cris, et rentra chez elle. Brad, Anthony, Dan et Richie s’approchèrent de leur ami. Richie le frappa sur l’épaule ;
- Holà Cris ! C’est comme ça qu’on dit dans ton pays ?
Il sourit ;
- Bonjour, ça suffira !
- Bienvenidos en la casa ! renchérit Dan.

Chapitre 7

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