San Theodor


Chapitre 5

Elsa

Dan s’empressa auprès d’Elsa qui rentrait dans la maison un panier au bras. Il la libéra de sa charge ;
- Laissez-moi vous aider, c’est trop lourd pour vous !
Elle sourit ;
- Merci Daniel.
Il aimait qu’elle l’appelle Daniel. Elle était la seule à le faire, et alors il se sentait un autre. Il sentit le besoin de la complimenter ;
- Elsa, votre sourire ensoleillerait la plus morne des journées d’hiver !
Elle se mit à rire ;
- Au lieu de parler pour ne rien dire, porte tout ça à la cuisine !
Elsa était définitivement rassurée sur son sort. Les adjoints du shérif étaient tous charmants et respectueux à son égard. Elle les aimait bien. Tous. Chris, l’irréprochable, qui oeuvrait en silence, sans poser de problèmes, et qui s’isolait souvent. Il avait accaparé le grand cèdre au fond du jardin, et quand il ne s’occupait pas de son cheval, il y grimpait et se noyait dans le feuillage à rêver à je ne sais quoi. Chris le secret ! Anthony, si attachant, qui s’accrochait à elle comme on baise les pieds d’une déesse. Anthony était si avide d’amour maternel, fraternel,… il fallait qu’on s’occupe de lui, et Elsa répondait à ses attentes avec affection. Richie si plein de vie, il était sûrement son préféré. Galant, il avait du savoir-vivre. Il savait se faire discret, mais ne se faisait pas oublier pour autant. Richie rendait service, riait, écoutait, conseillait sans pour autant se rendre important. Son amitié pour Dan faisait plaisir à voir. Inséparables. Dan qui cherchait toujours une occasion de lui être agréable, et même de la séduire. Et Bradley Thomas le ténébreux ! Brad, comme l’avait rebaptisé Dan, l’intriguait. Il pouvait être si distant, si agressif et si charmant ! Il restait souvent à l’écart comme s’il cherchait à ne pas s’impliquer, ni s’engager. Dés qu’il s’ouvrait et qu’il s’en rendait compte, il se refermait et devenait farouche. Elsa se doutait qu’il se formait une carapace pour ne pas souffrir.
- C’est comment votre pays ?
Elle sourit à Dan ;
- La Suède ? Il y fait très froid, et il fait nuit la moitié de l’année !
- Vous vous moquez de moi, Elsa ?
A cet instant, Bradley entra dans la maison couvert de poussière, le visage maculé de terre et dégageant une odeur pestilentielle. Il venait de passer les deux derniers jours à escorter un convoi de bétail, pour le protéger des voleurs, et il avait une faim d’ogre. Il se saisit d’une pomme dans le panier, et y mordit à pleines dents. Elsa protesta ;
- Non, mais tu te crois où, mon garçon ?
- Quoi ? demanda Bradley, innocent.
- Ton chapeau et ton arme, à l’entrée ! Mais avant tout, tu vas aller prendre un bain !
- Mais Elsa, j’ai faim !
- Tu mangeras quand tu ne sentiras plus le bouc, Bradley Thomas ! Va te laver !
Brad ne pouvait discuter avec Elsa. Il sortit alors que Dan le suivait en riant ;
- Hé ! Brad ! Je peux te frotter le dos, si tu veux !
Dan chahutait toujours. C’était une habitude ; il aimait taquiner les autres, leur faire des farces plus ou moins intelligentes, comme ce porc-épic qu’il avait introduit en pleine nuit dans la vieille grange, et qui avait fait évacuer tout le monde. Même le farouche Bradley Thomas ! Et cette charrette de fumier qu’il avait renversée où, Richie, s’était vautré. Dan riait, sans toujours faire rire les autres. Et ce jour-là, il était en forme. A peine entré dans la grange, à la suite de Bradley, il observa Anthony qui cherchait ses affaires qu’il avait cachées un peu plus tôt dans toute la pièce. Il poussa même le jeu en lui indiquant "chaud-froid" s’il approchait de ses biens ou non.
- Stupide ! déclara Bradley.
- Tu devrais lui rendre ses affaires, suggéra Cris désapprobateur.
Richie ne disait rien. Il connaissait Dan. Sa farce n’avait rien de méchant. Mais peut-être qu’Anthony n’était pas la bonne victime. Il s’énervait. Pourquoi s’en prenait-on toujours à lui. Et où était sa photo ? Anthony menaçait de se venger. Il souleva un matelas et retrouva son trésor qu’il enfouit sous sa chemise et quitta la pièce.
- Tu es fier de toi ? demanda Chris.
Bradley sortit, et trouva Anthony assis sur les marches du perron. Il s’installa près de lui. Le jeune garçon regardait sa photo. Bradley demanda ;
- Elle est jolie ; c’est ta mère ?
Anthony fit non de la tête.
- Une parente ?
Anthony regarda Bradley dans les yeux, et avoua ;
- Je ne sais pas qui c’est. Je ne la connais pas. J’ai trouvé cette photo sur un cadavre, et je l’ai prise. Si j’avais eu une mère, j’aurais aimé qu’elle lui ressemble ! Tu trouves ça stupide, hein ?
- Non, répondit Bradley en souriant. Non ! Tous les orphelins s’inventent des parents, je crois. On se dit "mon père doit être médecin, sinon, je n’aimerais pas voir recoudre les plaies", ou "ma mère devait être un vrai cordon-bleu, car j’aime l’odeur de la pâtisserie". Je pense que c’est normal !
- Tu n’as pas de parents, toi non plus ?
Bradley hocha la tête ;
- J’en ai jamais eu.
- Comment tu fais ? Tu es tellement sûr de toi ?
- On s’habitue à tout, tu sais. Même à être sans famille !
- Je t’admire, Brad !
Bradley Thomas secoua la tête, et quitta Anthony.

Elsa laissa tomber les rideaux de la fenêtre. Elle venait d’assister à l’entrevue d’Anthony et Bradley, et s’inquiétait. Elle ne voulait en aucun cas qu’Anthony prenne modèle sur Brad. Anthony était trop jeune, trop fragile pour cela. Et si Brad avait cette force qui le faisait survivre à tous les hasards de la vie, Anthony y succomberait à coups sûr ! Peut-être qu’Anthony n’avait pas sa place en tant qu’adjoint. Elle en avait déjà parlé à Ted, mais ce dernier lui avait fait remarquer qu’il savait ce qu’il faisait, qu’Anthony resterait parmi eux, ne serait-ce que pour le valoriser une fois dans sa vie, et qu’elle n’avait pas à interférer dans ses affaires. Elsa avait acquiescé, mais elle ne laisserait pas tomber. Elle essuya ses mains à son tablier, et sortit. Elle entra dans la grange et y trouva Brad affalé dans la paille, semblant dormir. Elle ne put s’empêcher de sourire ;
- Alors, c’est comme ça que tu travailles ?
Il ouvrit un œil ;
- Elsa ?
Elle alla jusqu’à lui, et s’installa tout près dans la paille ;
- Je veux te parler, Brad.
- Qu’est-ce que j’ai fait ? demanda-t-il en fronçant les sourcils.
- Rien, le rassura-t-elle d’un sourire. Je voulais te prévenir qu’Anthony t’admire beaucoup !
Brad fit un geste d’impuissance ;
- Qu’est-ce que j’y peux ?
- Je crois qu’Anthony voudrait être comme toi !
Brad se mit à rire ;
- Comme moi ? C’est la meilleure ! Je lui échange ma vie, s’il le veut ! Ce sera avec grand plaisir !
Elsa capta le regard du jeune homme ;
- Anthony voudrait être comme toi, car il envie ton assurance, la crainte que tu inspires,… S’il était comme toi, il se sentirait fort, reconnu, apprécié,… Tu comprends ce que je veux dire ?
Bradley avait perdu son sourire ; il prit un brin de paille et le tritura entre ses mains abîmées par les travaux, il secoua la tête ;
- Tu parles ! C’est sûr quand j’arrive, les gens me regardent comme quelqu’un d’important, mais c’est parce que je leur fais peur ! Moi, jamais les gens ne m’ouvriront leur porte pour me donner à manger si j’ai faim, ils préfèreront me laisser crever… Il sait rien de ma vie, Anthony !
- Alors, dis-lui ! Il a besoin d’aide, qu’on le guide,…
Bradley regarda Elsa dans les yeux ;
- Et moi ? Qui m’a guidé ?
Elsa lui prit la main, et la serra ;
- Justement. Si tu ne veux pas qu’Anthony connaisse les mêmes souffrances, protège-le !
Les yeux de Brad se posèrent sur leurs mains entrelacées. Elsa continua ;
- Pour moi…
D’un imperceptible signe de tête, Bradley approuva. Elsa sourit ;
- Merci.
Elle se leva et quitta la grange sentant le regard de Brad qui la suivait.

Prendre soin d’Anthony ! Voilà qu’Elsa lui avait demandé d’accomplir une tâche ardue. Elle ne se rendait pas compte de ce qu’elle lui demandait. Comment pouvait-il prendre soin d’Anthony, alors qu’il ne savait même pas prendre soin de lui-même ? Il risquait d’attirer le jeune garçon dans sa vie tumultueuse. Non pas que Brad n’avait pas envie que sa vie se calme, mais il était conscient que c’était presque impossible. Mais il ferait attention à ce qu’Anthony ne tombe pas dans les mêmes galères que lui. Pour qu’Anthony connaisse une vie meilleure que la sienne…. Pour Elsa…

Brad décida de laisser tomber ses travaux pour le moment, et retourna dans la vieille grange. A peine il entrait qu’il entendit Dan apostropher Anthony ;
- Petit, il faut pas te mettre dans des états pareils pour des broutilles ! Je plaisantais !
- C’était pas drôle ! répondit froidement Anthony, en rangeant précieusement sa photo. Dan insista ;
- Hé ! Il faut être un peu plus solide que ça ! T’es plus un gamin…
- Dan, fiche-lui la paix ! coupa Brad.
Dan considéra son collègue en fronçant les sourcils ;
- Moi, je dis ça pour lui !
- Eh ben, boucle-la !
Dan s’approcha de Brad qui s’était nonchalamment installé sur son lit ;
- C’est quoi ton problème, Bradley Thomas.
Brad répondit très calmement ;
- Je n’ai pas de problème, moi ! Mais toi, tu risques d’en avoir si tu ne fiches pas la paix à Anthony !
Dan n’en revenait pas. Bradley le menaçait. Il croyait pourtant qu’ils avaient sympathisé. Il n’avait pas voulu faire de mal à Anthony, il s’y était mal pris, certes, mais Dan n’acceptait pas que Brad lui donne des ordres.
- Tu me menaces ?
- Laisse tomber, tenta de le calmer Richie.
Dan lui fit signe de ne pas s’en mêler, et continua ;
- Alors, tu me menaces ?
Brad lui jeta un rapide coups d’œil ;
- Tu prends ça comme tu veux !
- Tu sais, tu ne me fais pas peur !
- Tant mieux, Dan. Je ne cherche pas à te faire peur. Je veux juste que tu fiches la paix à Anthony.
- Tu n’as pas d’ordre à me donner ! Je fais ce que je veux. Je pensais qu’on était amis, mais je vois…
Bradley sourit ;
- Tu ne vois rien du tout !
- Et ne souris pas comme ça ! Comme si tu étais le plus fort, comme si j’allais t’obéir ; ça ne marchera pas avec moi !
Bradley se redressa calmement ;
- Tu t’emballes pour rien, Dan ! Laisse Anthony tranquille, c’est tout ce que je te demande ! pas besoin d’en faire une montagne !
Dan eut un petit sourire narquois ;
- Et si je refuse, qu’est-ce qui va se passer ?
Brad eut un léger sourire ;
- Je ne crois pas que tu aies vraiment envie de le savoir !
- Arrêtez les gars ! tenta de calmer à nouveau Richie. Brad lui donna raison ;
- Tu devrais écouter ton copain, Dan !
- Tu commences à m’énerver, toi !
Et sans que Brad n’ait eu le temps de voir le coup venir, Dan lui avait envoyé son poing en plein visage et l’avait terrassé. Brad se releva à la vitesse de l’éclair et se jeta sur son assaillant qu’il fit voler à travers la fenêtre. Dan, un peu sonné, se retrouva dans la boue. Il vit surgir devant lui la masse imposante de Bradley Thomas, que Richie tentait de retenir. Il entendit son ami ordonner à Anthony ;
- Va chercher le shérif !
Anthony partit en courant. En un geste vif, Bradley se débarrassa de Richie, et se jeta à nouveau sur Dan, qui n’avait plus la présence d’esprit de résister. Il demandait faiblement ;
- Arrête, arrête !
- Brad, arrête ! hurla Richie, en se jetant entre les deux adversaires. Mais il ne réussit qu’à se faire repousser. Brad était sur Dan, prêt à l’étrangler, quand un coup de feu retentit, et Ted suivi d’Elsa surgit.
- Brad, arrête ! cria la jeune femme.
Sa voix eut plus d’effet sur le jeune homme que la détonation venant de l’arme de Ted. Il relâcha Dan et se releva. Richie s’empressa auprès de son ami. Ted ne chercha pas à comprendre, il ordonna à Bradley ;
- Toi, tu prends tes affaires et tu dégages d’ici ! Je ne veux plus te revoir dans cette ville, ni même dans cet état ! J’ai voulu te donner ta chance, tu l’as gâchée, alors va te faire tuer ailleurs qu’ici ! Fiche le camps !
- Non, s’interposa Elsa.
Ted, furieux, se tourna vers elle ;
- Elsa, je ne vous ai pas demandé votre avis ! Cette affaire ne vous concerne pas ! Bradley Thomas, hors de ma vue !
Lentement, Brad tourna les talons. Il entendit Elsa ;
- Ted…
Alors, il se tourna, et adressa un sourire à la jeune femme ;
- Laissez tomber, Elsa ! C’est pas grave !
Et il s’éloigna vers la vieille grange. Elsa le regarda marcher lentement. Il allait partir, aller au devant des problèmes, elle savait qu’il n’y survivrait pas,… Brad avait besoin d’un foyer stable, d’une vie nouvelle, de quelqu’un qui lui fasse confiance,… Elle pouvait lui donner tout ça, et Ted le renvoyait… Elsa sentit la colère et l’injustice monter en elle, elle croisa les bras et se dressa devant Ted ;
- Vous n’avez pas le droit de le renvoyer ! J’ai mon mot à dire ! Certes, vous m’avez embauchée pour faire la cuisine, mais maintenant que je suis là, j’estime que tout ce qui se passe ici me concerne autant que vous, et je veux que vous respectiez mon avis ! Et là, je vous dis que ce garçon ne quittera pas la vieille grange !
- Elsa, vous avez vu comme moi ! Il se battait ! Je ne l’ai pas engagé pour ça !
- Alors, il faut tous les renvoyer ! Je vous rappelle que la première fois que j’ai vu vos protégés, ils venaient de se battre. Seul, Brad les avait séparés ! Et d’ailleurs, vous savez pourquoi ils se battaient ?
C’est là qu’Anthony murmura ;
- Il me défendait !
- C’est vrai que je l’ai un peu cherché ! avoua Dan, qui se relevait péniblement.
- Vous voyez ! déclara Elsa, triomphante.
Ted n’admettait pas d’avoir tort, il protesta ;
- Ca n’empêche…
- Si Bradley Thomas quitte cette maison, je pars aussi !
Le regard de Ted se posa sur la jeune femme. Il n’avait nullement l’intention de se séparer de Brad. Il souhaitait lui faire comprendre que son caractère emporté ne ferait que lui nuire, mais Elsa avait réagi. Elle avait l’air si déterminée, prête à mettre en péril son avenir pour défendre Brad, qu’il capitula ;
- Bon, d’accord… Il peut rester !
- Bien. Et que cela soit clair, à partir de maintenant, vous tiendrez compte de mon avis !
- Oui, Elsa.
Elle sourit ;
- Alors, je vais chercher Brad !
Elsa partit sur les traces du jeune garçon sous le regard étonné de Richie, Dan, Anthony et Ted, qui ne pensaient pas que d’un petit bout de femme comme ça, pouvait sortir autant de force et de véhémence. Richie sourit et lança à Ted ;
- On peut dire que vous avez trouvé à qui parler !
- Ca c’est sûr ! confirma Ted.

Elsa se trouva face à Bradley Thomas. Elle lui dit tout simplement ;
- Reste !
Il la regarda bien en face, et lui sourit ;
- Ce ne serait pas une bonne idée ! Je ne suis pas le bienvenu ! Je préfère partir !
La voix de la jeune femme se durcit ;
- Je ne te permets pas de partir !
Il sourit ;
- Franchement, Elsa, je me soucie bien peu de votre permission. Ted ne souhaite plus ma présence, et je n’ai pas envie de le défier ! Pour une fois, je vais obéir sans discuter !
- Moi, je peux t’assurer que tu es le bienvenu dans ma maison ! Reste !
- Elsa, vous n’avez pas le pouvoir de m’empêcher de partir ! Ted a raison ! Ce n’était pas une bonne idée de venir jusqu’ici !
La jeune femme hocha la tête ;
- Au contraire, c’est peut-être la meilleure idée que tu aies eu ! Reste ! Brad sourit ;
- Vous vous répétez Elsa ! Je vais reprendre ma route ! De toutes manières, je ne m’attendais pas à rester très longtemps ici !
- Et tu vas faire quoi ? Tu vas fuir tout le reste de ta vie ! Tu vas errer sur les chemins, tu…
- Je vais suivre mon destin !
- Ton destin est ici !
Brad leva les bras au ciel ;
- Non, Elsa, ne me dites pas que j’ai une mission par rapport à Anthony, je n’ai pas l’âme d’un Saint-Bernard ! Et il vaut mieux pour lui que je sois loin ! Elsa, il n’y a rien que vous puissiez dire pour me faire rester…
- Rien ? demanda-t-elle, surprise.
Il affirma avec force ;
- Rien.
- Moi, je voulais que tu restes, non pas pour Anthony, ni pour défier Ted, mais pour moi ! Mais si, tu juges que je n’ai aucune importance dans ta vie, alors cela voudra dire que je me suis trompée ! Et peut-être que Ted avait raison ! Je ne peux que te souhaiter de mourir le plus tard possible !
Et Elsa quitta le garçon. Elle avait échoué. Brad était trop fort, trop blindé pour comprendre que sa chance était à San Theodor ! Il avait pourtant tellement insisté pour faire partie de l’équipe du shérif ; voilà qu’il se laissait aller au destin sans se battre pour sauver sa chance. Peut-être était-il condamné d’avance ? Il s’était résigné… Si jeune… Cela faisait mal au cœur d’ Elsa. Elle aurait tellement voulu le sauver de lui-même, lui donner ce qu’il n’avait jamais eu, une famille, de l’affection… Certes, elle ne savait rien de sa vie, mais ce qu’elle venait de voir les jours derniers lui suffisait. Brad était, pour elle, un garçon qui n’avait pas eu de chance. Il était emporté, fermé, fier, dur, mais elle savait que c’était un bon garçon ! Elle ruminait sa défaite. Elle avait réussi à s’imposer à la volonté de Ted, pour se heurter au mur que Brad avait bâti. C’était un échec.
Elle était rentrée dans sa maison, et se mit à laver la vaisselle. Elle ne pensait pas qu’elle pourrait s’attacher autant à eux. Elle savait que désormais, elle ne passerait plus une journée sans se demander ce que faisait Brad, où il était,… s’il était encore vivant…
Elle entendit la porte s’ouvrir, elle se retourna et son regard croisa celui de Brad, qui baissait la tête et tenait son chapeau à deux mains… Elle le trouva si jeune, à cet instant… Il balbutia ;
- Elsa… Je ne veux pas que vous pensiez que vous n’avez aucune importance à mes yeux. Personne n’a jamais agi avec moi comme vous l’avez fait…
Il guettait une réaction dans le regard de la jeune femme, mais elle ne broncha pas. Alors, il continua ;
- S’il y a toujours une place pour moi, je reste…
Alors, Brad vit un sourire naître dans les yeux de la jeune femme. Elle répondit simplement ;
- Bien !
Et ravie, elle se dit qu’elle avait trouvé sa place à San Theodor.

Chapitre 6

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