San Theodor


Chapitre 3

La vieille grange

Ted n’avait pas perdu de temps. La "vieille grange" de Millton était flambant neuve. Elle sentait la peinture et le propre. Il avait également retapé la vieille cabane d’un vieil original parti chercher de l’or en Oregon, l’avait agrandie d’une cuisine et d’une autre pièce qui servirait de salle à manger. Ted avait même trouvé la cuisinière. Cela avait été la tâche la plus dure. Et le vieil homme avait même failli renoncer à son projet, lorsque Wilson lui avait sous-entendu la possibilité qu’il doive faire la cuisine lui-même. Mais il avait trouvé Elsa. Ou plutôt Elsa lui était tombée du ciel. Elle quémandait du travail, n’importe lequel pourvu qu’elle puisse subvenir à ses besoins. Elle venait de perdre son mari, un immigrant suédois et se retrouvait sans ressources. Elle était blonde, avait la peau claire qui trahissait ses origines nordiques et son accent chantait ; Ted avait été conquis. Tout était enfin prêt pour recevoir ses futurs assistants. Cela faisait une semaine qu’il les voyait arriver peu à peu. Ted avait déjà remarqué les deux frères irlandais. Il se méfiait de l’aîné qui semblait emporté et bagarreur, mais n’était-ce pas ce qu’il avait demandé ? Il y avait aussi ce jeune garçon aux traits fins et à l’air inquiet. Il l’intriguait. Il n’était sûrement pas fait pour ce travail ; il semblait porter tous les malheurs du monde sur ses épaules. Et ces deux garçons à l’air sympathique, et enfin Johnnie… Johnnie était arrivé il y a plus d’une semaine, et tous les jours, il se présentait au bureau du shérif pour savoir si on n’avait pas besoin de lui. Ted l’avait renvoyé prétextant sa jeunesse, mais l’enfant ne se démontait pas et revenait le jour suivant… sans exception.
Le shérif avait demandé à tous les candidats de se présenter ce matin-là. Ils n’étaient que quatre ou cinq, mais cela suffirait.

Wilson, suivi par Ted et Mackensie, sortirent de l’office et se dirigèrent vers les nouveaux venus. Ted s’éclaircit la voix et commença son discours qu’il préparait depuis quelques jours déjà.
- Vous êtes réunis suite à l’annonce que j’ai fait passer. Vous êtes en ville depuis quelques jours, et vous avez pu remarquer que la débauche y régnait. Votre mission sera de rétablir l’ordre et de refaire de cette ville un endroit respectable. Voici notre maire Mr Mackensie, et un conseiller municipal Mr Wilson ; en accord avec eux vous allez avoir une période d’essai de un mois durant laquelle vous serez payé deux dollars la journée. Le couvert et le logement vous sont offerts. Vous avez droit à une journée de repos par semaine à tour de rôle. Si vous avez des questions, c’est le moment !
Un silence s’était abattu sur les candidats. Ted continua ;
- Le moment est venu de vous présenter.
Il s’était tourné vers Richie, qui répondit aussitôt ;
- Richie Walshe, j’ai 22 ans et je viens de Salt Lake City.
Ted dévisagea le petit homme brun aux yeux noirs ; il lui sembla honnête.
- Daniel Miller, même âge, même endroit !
Dan souriait. Richie et lui étaient amis, il n’y avait pas à en douter. Dan avait des yeux pétillants et avait l’air plein de bonne volonté. Un bon garçon en somme.
- Je m’appelle Chris Meadow.
C’était un grand gars aux cheveux très courts couverts d’un large chapeau. Il avait de grands yeux verts.
- Quel est ton âge, mon garçon ? demanda Wilson.
- Je ne vois en quoi mon âge peut influer sur mes capacités, mais j’ai 21 ans et je viens du Tennessee, dit-il avec désinvolture.
- Tu m’as l’air bien sûr de toi ! remarqua Ted.
Chris esquissa un petit sourire en coin. Il voulait paraître dur, qu’on le prenne au sérieux, mais il suffit au shérif de plonger ses petits yeux noirs dans le regard vert, pour lui faire perdre sa contenance. L’un des rouquins prit la parole ;
- Moi, c’est Len Ewell, j’ai 23 ans, et lui, c’est mon frère…
- Lui, il peut parler... coupa Ted.
- Alan, j’ai 19 ans. On vient de Dublin en Irlande.
- Longue route ! conclut Ted.
Il n’arrivait pas à les cerner. L’aîné semblait être le meneur, et le cadet paraissait peu sûr de lui. Ils étaient étranges. Peut-être parce qu’ils étaient Irlandais. Ted préféra se tourner vers le jeune garçon qui se concentrait sur ses pieds, sans oser lever la tête. Très vite, il murmura ;
- Je m’appelle Anthony Buster, j’ai dix-sept ans et je viens du Kansas.
Ted eut un regard bienfaiteur ;
- Bienvenue parmi nous, Anthony Buster !
Anthony leva la tête et sourit.
- Moi, c’est Johnnie Parkinson.
Ted soupira, alors Wilson vint à son aide ;
- Ecoute, Johnnie, tu es un gentil garçon, mais je crois qu’on a été assez clair avec toi !
- Je suis aussi capable que les autres ! protesta-t-il.
- Dans quelques années peut-être !
Soudain, un coup de feu retentit. Tous se retournèrent et virent sur une belle jument claire, un jeune homme sérieux, sûr de lui, l’arme à la main ;
- Je suis Bradley Thomas. Je viens du Montana, se présenta-t-il.
Cette intervention cavalière fit sursauter le maire et agaça Ted ;
- Eh ! Bien ! Bradley Thomas du Montana, vous auriez pu faire partie de cette équipe, si vous vous étiez présenté comme les autres, de façon… moins folklorique. Mais merci d’avoir essayé et bien le bonjour !
Ted se détourna de lui. Bradley Thomas était humilié, pourtant il ne s’en prit qu’à lui-même. Il avait eu tort, cependant il insista ;
- Ecoutez, vous ne trouverez pas meilleur assistant que moi ! Je suis le meilleur cavalier, et le meilleur tireur. Je ne loupe jamais une cible !
- J’en suis ravi pour vous !
- Je serai votre meilleur élément.
Ted soupira ;
- Je n’ai pas besoin de vos services. Nous sommes suffisamment nombreux.
Bradley Thomas ravala toute sa fierté et supplia presque ;
- Je vous en prie, j’ai besoin de ce travail !
- Vous êtes encore plus exaspérant que le jeune Johnnie ! Passez votre chemin, Monsieur le meilleur Tireur !
Bradley Thomas fit faire demi-tour à son cheval, vexé, humilié, rabaissé une fois de plus. Il était venu pour rien. Il alla noyer sa déception dans un des saloons de la ville.

Ted n’accorda pas plus d’importance à l’intervention de Bradley Thomas. Cependant le maire l’avait regardé s’éloigner.
- Considérez-vous embauchés jusqu’à ce que vous ayez fait vos preuves ! Vous êtes libres pour le reste de la journée !
Les futurs assistants s’éclipsèrent, et Ted les considéra assez satisfait de lui-même. Il entendit toussoter derrière son dos. Il se retourna vers Wilson et Mackensie. Le maire lança ;
- Pourrait-on s’entretenir dans l’office ?
- Bien sûr.
Il les suivit dans son bureau. Wilson ferma la porte, s’assurant que personne n’écoutait. Ted s’installa à son bureau et y posa les pieds.
- Tu es fier de toi ? demanda Wilson.
- Moouui. Ca a l’air de bien se présenter !
Mackensie repoussa les pieds de Ted, et s’installa ;
- Sans vouloir être désagréable, car je connais vos compétences, et j’ai toute confiance en vous, mais il me semble que quelques détails vous ont échappé. J’ai l’impression que votre idée va nous attirer des problèmes.
- Qu’est-ce qui vous fait dire ça, monsieur le maire ?
- Voyons, Ted, reprit Wilson. Tu nous as offert un bel échantillon de criminels et de petits escrocs. Aucun de ces hommes n’est qualifié pour ce travail !
- Qu’est-ce que tu en sais ?
- Les irlandais ne m’inspirent pas confiance, et le gamin n’a sûrement pas atteint sa majorité !
- S’ils ne conviennent pas, je les renverrai, mais il faut les laisser faire leurs preuves !
Mackensie secoua la tête ;
- Votre annonce n’a attiré que des vagabonds et des tueurs. Comme ce cavalier…
- Celui que j’ai renvoyé ?
- Oui. Il a tiré sur mon fils, et a troué son chapeau. Il aurait pu le tuer !
Ted sourit ;
- Ce gamin ? Ce Bradley Thomas ? Cela ne m’étonne pas. C’est le genre de garçon qui est persuadé d’être un homme parce qu’il a une arme et qu’il sait s’en servir. Une tête brûlée ! Vous voyez, je l’ai renvoyé !
- Justement, votre première mission, à vous et à vos recrues, sera de vous débarrasser de lui. Qu’il quitte la ville !
- D’accord ! Pourtant, je ne pense qu’il pose problème !
- Pas de problèmes ! Vous plaisantez ! Il a failli tuer mon fils ! Un enfant ! s’offusqua Mackensie.
- Je lui demanderai de partir. Mais calmez-vous !
- Et les Irlandais ? demanda Wilson.
Ted réfléchit quelques instants avant de répondre ;
- Moi non plus, ils ne m’ont pas fait bonne impression ! Surtout l’aîné ! Mais bon, on n’a pas demandé des enfants de chœur, non plus ! Alors, je les aurai à l’œil !
Wilson se mit à rire ;
- C’est le comble, ça ! Le shérif qui garde un œil sur ses adjoints !
Ted devint grave ;
- Ne sois pas sarcastique comme ça. Ca marchera !
- Et le gamin, il n’a pas l’air très robuste ! Autant embaucher Johnnie, dans ces cas-là ! fit remarquer le maire.
- S’il est là, c’est qu’il a une bonne raison ! Et puis, il ne faut pas se fier aux apparences !
- Il n’y a rien qui pourra te convaincre d’abandonner cette idée ! demanda Wilson.
Ted sourit ;
- Rien. Ces garçons ont été embauchés. Ils ont un mois d’essai. On avisera dans un mois !
- C’est tout vu, déclara le maire.
A cet instant, le petit Johnnie entra en trombe dans le bureau ;
- Shérif !Shérif ! Il y a des problèmes au saloon ! Une bagarre !
Ted se saisit de son arme, sortit et regarda de toutes parts à la recherche de l’un de ses adjoints. C’était pour eux une occasion de montrer à Mackensie qu’il avait eu raison de les embaucher. Il ne vit personne ;
- Mais où sont-ils tous ?
- Au saloon, répondit Johnnie, ce sont eux qui se battent !
Ted fut embarrassé devant le maire, qui pourtant, se passa de commentaires. Mais il devina le sourire qui se dessinait sur les lèvres de Wilson, qui, quelques secondes plus tard, éclatait de rire.

La bagarre avait débuté de façon banale. Dan Miller, pour fêter leur embauche, avait proposé d’arroser ça au saloon. Tous avaient accepté sans hésitation. Len s’était approprié une bouteille, et les autres buvaient sans trop de modération. Ils discutaient de leur nouveau statut avec entrain. Dan, très attentif à ce qui l’entourait, voyant une partie de poker en cours ne put résister, et Richie était déjà un peu trop ivre pour le retenir. Alan, l’esprit joueur se joignit à Dan, et presque aussitôt, les insultes fusèrent… entre les deux adjoints. Dan fut traité de tricheur, Alan de sale irlandais. Les bruits de voix ameutèrent Len qui vint au secours de son frère et sans plus attendre, tenta de calmer les ardeurs des joueurs. Dan se défendit et agressa aussitôt Len. Richie, sans réfléchir, mais obéissant à une vieille habitude de défendre son ami Dan en toutes circonstances, se jeta sur Len qui n’en aurait fait qu’une bouchée tellement il était ivre. Mais Cris veillait. De son coin, l’homme au cheveux noirs vit dans quel pétrin s’était fourré Richie, et en déduisit que s’il n’intervenait pas, le sang allait couler ! Il posa son verre calmement, tenta de séparer Len qui bombardait sa proie de coups, et se retrouva contre son gré mêlé à la bagarre. Appréciant peu d’être ainsi malmené, Cris se jeta dans la lutte avec frénésie à son tour. Seul Anthony, dans son coin ne bougeait pas. Et, près de lui, un homme aux yeux clairs, était accoudé au bar. Bradley Thomas assistait en spectateur à la bataille. Soudain, cela tourna à la bagarre générale ; c’était inévitable. Bradley Thomas se décida à intervenir. Il tenta de séparer les adversaires, mais il ne réussit qu’à prendre des coups, il n’hésita donc pas à en donner quelques uns. Len lui assena une droite qui lui fendit la lèvre et le propulsa à terre. Cela l’agaça, alors il sortit son arme et tira en l’air. Cela n’effraya personne mais un autre coup de feu retentit et un cri couvrit le bruit de la bataille ;
- Le shérif !
Bradley Thomas se leva et vida son chargeur en l’air ! Cela en calma quelques-uns mais ça en excita d’autres comme cet ivrogne qui menaçait Ted de son arme. Bradley Thomas l’assomma d’une droite ;
- Sacrée droite, petit !
Les deux hommes profitèrent de l’accalmie pour sortir les adjoints du saloon. Bradley Thomas aida à les entasser sur un chariot que le shérif avait réquisitionné. Ted y grimpa, prit les rênes et regarda le jeune homme ;
- Alors, tu viens ?
Sans se le faire répéter, Bradley Thomas grimpa aux côtés au shérif.

Le chemin jusqu’à la grange n’était pas long, mais Richie trouva le moyen de vomir trois fois. A destination, Ted les fit descendre, les aligna en rang d’oignons devant lui et les passa en revue ; Dan, le visage tuméfié, soutenait son ami Richie, qui tenait encore une bouteille à la main, rescapée de la bataille, on ne savait comment ; Chris, qui ne pouvait ouvrir qu’un œil, les Irlandais ensanglantés, Anthony qui baissait la tête par soutien peut-être… et Bradley Thomas… celui qu’il avait renvoyé, le seul qui l’avait secondé…
- Mes gaillards, nous allons instituer des règles, vu que vous n’avez pas l’air de vivre sans. Premier jour à mes ordres, et c’est vous qui semez l’esclandre, c’est un peu fort, non ? Pour qui je vais passer devant le maire, moi ? Déjà qu’il tolère à peine votre présence ! Alors, qu’on mette les choses au point ! Représenter la loi, ne donne pas tous les droits ! Qu’on soit bien d’accord ; jouer au poker ou quelques autres jeux d’argent est interdit, l’alcool est également prohibé…
A ces mots, il attrapa le bouteille de Richie et la lança au loin. Ils entendirent un bruit de verre brisé, puis Ted continua ;
- Plus de bagarres, plus une seule ! Pas de batifolages avec les filles ! Ne se servir de son arme qu’en cas extrême ! Pas d’insultes entre vous ! je veux une équipe soudée ! Vous laisserez chapeaux et armes à l’entrée de la maison, et je vous veux tous à l’heure aux repas ! Que ceux qui ne pourront respecter ces règles, partent sur le champ !
Aucun d’eux ne bougea. Ted continua ;
- Bon, Dan, donne-moi tes cartes !
Dan voulut protester, mais le regard de Ted n’admettait aucune discussion, il remit son jeu entre les mains de Ted. Celui-ci l’étudia et secoua la tête ;
- Un jeu truqué en plus !
Son regard s’arrêta sur Richie ;
- Chris, amène-le à la rivière et dessoûle-le !
Il jeta un regard noir aux deux frères et s’adressa à Bradley Thomas ;
- Donne-moi ton arme, mon garçon !
- Pourquoi ? demanda-t-il vivement.
- Donne-la moi ! répéta calmement Ted.
Le jeune homme obéit ; Ted la rangea dans la poche de sa veste ;
- Je te la rendrai quand tu auras grandi…
- Mais j’en ai besoin !
Ted sourit ;
- Apprends d’abord à te servir de ta tête !
Et pour parer à toutes protestations, il lança à la cantonade ;
- Rentrez tous à la maison ! Elsa va vous soigner !

Elsa attendait sur le pas de la porte. Elle était anxieuse, intimidée. Elle était, certes heureuse que Ted lui ait confié cet emploi, mais elle ne savait comment elle serait perçue par les adjoints. Elle appréhendait. Comment seraient-ils ? Comment l’accueilleraient-ils ?
Elsa avait imaginé toutes les situations, mais elle ne s’était pas attendue à les voir arriver ainsi, couverts de meurtrissures, ensanglantés, se soutenant les uns les autres. Ted les précédait. Il présenta ;
- Les gars, voici Elsa !
Les nouvelles recrues étaient aussi étonnées que la jeune femme. Ils pensaient trouver comme cuisinière, une paysanne forte, bien charpentée, revêche et d’un certain âge ; au lieu de cela, ils se retrouvaient devant un ange au regard doux. Petite et menue, on avait envie de la protéger ! Dan et Bradley Thomas s’échangèrent un regard complice. Alan sourit, montrant sa bouche édentée, et Anthony la contemplait, bouche bée, comme si une déesse venait d’apparaître.
- Qu’est-ce qui s’est passé ? demanda-t-elle, oubliant de cacher son accent.
Ted répondit comme s’il s’était agi d’une évidence ;
- Ils ont joué à "celui-qui-sera-le-plus-stupide" !
Elle sourit malicieusement ;
- Qui a gagné ?
- Celui qui est en train de dessoûler la tête dans la rivière, je pense ! Mais la compétition était dure, tu peux me croire ! Tu peux me les remettre sur pieds ?
- On va essayer !
Ils entrèrent dans la maison avec leurs bottes boueuses, alors que la jeune femme avait passé la matinée à nettoyer le sol. Elle avait mis des fleurs, ourlé des rideaux, ciré les meubles afin de les accueillir au mieux, mais eux, se laissèrent tomber mollement sur les chaises.
- Je vais chercher les deux autres ! annonça Ted.
Elsa fit chauffer de l’eau. Elle voulut se pencher sur Len pour soigner la plaie de son front, et lui offrit ainsi une vue sur sa poitrine. Len se mit à rire bêtement. Elsa se redressa vivement, gênée. Alan frappa son frère sur l’épaule ;
- Tu sais vraiment pas te tenir avec les dames ! Excusez-le, madame !
Ted rentra alors, avec Richie et le posa sur une chaise. Alan pouffa de rire. Richie était trempé, ses cheveux pendaient lamentablement dans son dos et une mare se formait autour de lui. Dan dévisagea les autres, et demanda dans un sourire ;
- On est pas beau, tous, comme ça ?
Alan et Dan se mirent à rire. Richie reprenait peu à peu ses esprits. Len, qui se faisait soigner, poussa un cri de douleur, qui fit redoubler les rires et les généralisa pour ne plus les arrêter. Elsa ne comprenait pas. Ted secoua la tête, et se dit à lui-même ;
- Quelle bande de gamins !

Les hommes s’installaient dans la vieille grange. Ted avait fait de l’excellent travail ; il avait rajouté une vitre à la fenêtre, Elsa avait brodé des rideaux. Il y avait une table, plusieurs chaises et trois lampes à pétrole. Chacun avait un coffre pour y ranger ses affaires et il y avait six lits ; ils étaient sept ! Len suggéra que c’était au dernier recruté de dormir par terre. Cela n’aurait pas dérangé Bradley Thomas habitué à dormir n’importe où, voire ne pas dormir, mais il n’acceptait pas que Len prenne ainsi le commandement. Il allait répliquer quand Chris proposa ;
- Si on tirait au sort ?
Tous approuvèrent et finalement, Len se rangea à l’avis des plus nombreux. Ils tirèrent à la courte paille, et ce fut Richie qui eut la tige la plus courte. Un peu déçu, il proposa de tourner, ils dormiraient à tour de rôle sur le sol, ce qu’ils acceptèrent.
Anthony sortait ses affaires de son sac, silencieux, discret, s’efforçant de ne pas se faire remarquer. Il avait pris le lit le plus éloigné, et n’avait dit un mot depuis son arrivée. Len était intrigué par ce grand garçon trop maigre, qui avait l’air si jeune. Il s’approcha de lui et s’empara d’un cadre qu’Anthony venait de sortir de ses affaires ;
- C’est qui sur la photo ?
- Rends-moi ça ! ordonna Anthony, mais Len n’écoutait pas. Il continua ;
- C’est ta mère ou ta petite amie ?
- Rends-la moi, répéta Anthony, effrayé et embarrassé d’être surpris dans son intimité. Len s’était mis à rire ;
- Viens la chercher !
Anthony tenta d’attraper son bien, mais Len s’amusait à le mettre hors de portée. Richie reprocha ;
- Tu devrais lui rendre ! Ca n’amuse personne !
Len lança menaçant ;
- Je ne t’ai rien demandé, l’ivrogne !
Puis à Anthony ;
- Tu viens la chercher ta Ma-man, pauvre demeuré !
Anthony sauta, mais Len lança le cadre à son frère. Alan ne souhaitait pas continuer le jeu. Il attrapa la photo et secoua la tête en regardant son frère ;
- Tu me désespères parfois, Len !
Alan rendit la photo à Anthony qui l’empocha, et quitta la pièce en claquant la porte.
- Quel susceptible, celui-là ! conclut Len.

Chapitre 4

Retour à la page des fan fictions

Retour à la page d'accueil