Le Pony Express

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Durant plusieurs décennies, les migrants et les voyageurs durent donc se satisfaire des bateaux et des convois de chariots. Mais avec l'expansion américaine qui précéda la guerre de Sécession, et particulièrement après que la Californie fut devenue un Etat, en 1852, le besoin d'une transmission rapide du courrier et des informations se fit plus pressant. Pendant longtemps, les communications avec la Californie avaient été assurées par des navires qui passaient par le cap Horm, mais leur voyage aller et retour durait plusieurs mois, et, pour Washington, ce délai était désormais trop long. Vers le milieu des années 1850, en utilisant des voiliers rapides, et une voie ferrée traversant l'isthme de Panama, le courrier pouvait être acheminé de New York à San Francisco en un mois, mais c'était encore beaucoup trop long. Sur le continent, il était transporté dans des chariots tirés par des mulets qui partaient du Missouri et passaient soit par Santa Fé, soit par Salt Lake City, mais les départs n'avaient lieu qu'une fois par mois, et les délais annoncés n'étaient qu'exceptionnellement respectés. Ce fut alors que trois hommes inspirés, William H. Russel et ses associés, Majors et Waddell, eurent l'idée de créer le Pony Express, dont l'inauguration fut annoncée pour le 27 janvier 1860. A cette époque, les lignes télégraphiques de l'Est s'arrêtaient à Saint Joseph, sur le Missouri, au nord d'Independence. Pour 2.45 dollars les dix mots, des messages pouvaient être télégraphiés à "Saint Joe", où ils étaient écrits sur du papier léger qu'on plaçait dans des enveloppes scellées.


Enfermé dans des sacoches spéciales en cuir accrochées des deux côtés d'une selle, le précieux courrier était ensuite transporté à travers le continent par des cavaliers qui se relayaient à intervalles plus ou moins réguliers. Si tout se passait bien, les sacoches mettaient dix jours pour atteindre Sacramento d'où les messages étaient transmis par télégraphe jusqu'à San Francisco. C'était une entreprise folle, et elle ne dura que le temps d'une folie. Le premier cavalier partit de Saint Joseph en avril 1860, et, pendant les dix-huit mois qui suivirent, les convoyeurs du Pony Express acheminèrent le courrier en affrontant les Indiens, la sècheresse, les tornades et tout ce que la nature pouvait dresser sur leur chemin. Un grand nombre des célébrités du "Wild West" (Ouest sauvage) des lendemains de la guerre de Sécession, comme William F. Cody et James Butler Hickok, firent leurs premières armes au service du Pony Express.


La plupart des convoyeurs suivaient la piste des migrants le long de la Platte, coupaient tout droit au sud de Fort Laramie jusqu'à Fort Bridger, dans les Rocheuses, galopaient ensuite en droite ligne jusqu'à Salt Lake City, puis descendaient la Humboldt en traversant les sierras jusqu'à Sacramento. La politique et le progrès eurent raison du Pony Express avant la fin de 1861: le Congrès refusa de le subventionner, et un moyen plus rapide, plus efficace -et surtout incomparablement moins dangereux- de transmettre les informations fut mis en place et ne tarda pas à le remplacer. Depuis que l'utilité commerciale du télégraphe avait été démontrée, dans les années 1830, des hommes avaient rêvé de couvrir le continent d'un réseau qui permettrait des communications pratiquement immédiates entre l'Est et l'Ouest. En 1858, la ligne San Francisco-Sacramento fut prolongée jusqu'à Genoa, à la frontière du territoire de l'Utah, et son propriétaire obtint du Congrès l'argent nécessaire pour lui faire atteindre Saint Joseph. En 1860, alors que les cavaliers du Poney Express sillonnaient les plaines, des ouvriers installaient câbles et poteaux en suivant exactement le même itinéraire. Les équipes parties du Missouri et de l'Utah se rejoignirent à Salt Lake City le 24 octobre 1861. A dater de ce jour, sauf quand ce que les Indiens appelaient "le fil qui chante" était occasionnellement coupé, les messages entre l'Atlantique et le Pacifique purent être transmis en une seule journée. Ce fut la faillite brutale du Pony Express -et la fin de la séparation millénaire de l'Est et le l'Ouest américains.


Progressivement, le pays devenait "plus petit". Trois ans avant le début de la brève aventure du Poney Express, d'autres systèmes furent mis en place pour relier la Californie aux Etats de l'Est. Le congrès offrit un contrat pour le transport du courrier et des passagers sur une route méridionale qui devait traverser le Territoire du Nouveau-Mexique, acquis par les Etats-Unis en 1848, au cours de la guerre contre le Mexique, puis augmenté, en 1853, par la convention Gadsden. Le contrat fut décroché par John Butterfield, qui utilisa les routes militaires déjà construites entre El Paso et Fort Yuma, à la frontière de la Californie, et créa la Butterfield Overland Mail Company. La route de la Butterfield partait de Tipton, dans le Missouri, descendait pratiquement plein sud jusqu'à Fort Smith, dans l'Arkansas, traversait le Texas jusqu'à El Paso, puis suivait la frontière mexicaine jusqu'à Fort Yuma, passait à Los Angeles et remontait jusqu'à San Francisco. Afin de concurrencer la Butterfield, Russell, le futur dirigeant du Pony Express, ouvrit, en 1859, une autre ligne, moins excentrée, la Central Overland California and Pike's Peak, dont la route reliait Leavenworth, dans le Kansas, à Fort Bridger et se prolongeait jusqu'à Salt lake City.


Ce fut cette route, ainsi que les relais qui la jalonnaient, qu'utilisèrent, en 1860 et 1861, les cavaliers du Poney Express. En 1861, lorsque les Etats du Sud, incluant le Texas et l'Arkansas, se séparèrent de l'Union, la route de la Butterfield devint inutilisable, puisqu'elle traversait le territoire confédéré sur plus de la moitié de sa longueur. Russell et ses associés semblaient triompher, mais Russell n'était pas en odeur de sainteté à Washington, et le Congrès donna la préférence à Butterfield pour le nouveau contrat, à condition qu'il abandonne la route du Sud et reprenne celle de la Central Overland, ce qu'il fit en rachetant les installations de Russell. Toutes les routes avaient été largement améliorées à cette époque, mais il était clair désormais que la route centrale, traversant les Territoires du Kansas et du Nebraska, puis celui de l'Utah, était la voie de communication la plus directe et le plus rentable entre l'Est et la Californie.

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