Le Poney Express


Parties 25 à 27

25

P.V. leva les yeux. Quelques mètres devant elles, il y avait le cow-boy. Celui-ci avait ralenti le rythme, mais il était toujours sur ses gardes comme s'il s'attendait à une nouvelle attaque. L'indienne en fut satisfaite, mais jugea qu'il n'était pas encore assez sur le qui-vive car il n'avait pas l'air de les avoir repérées. Elles allaient donc continuer à trotter à bonne distance du cavalier. Ainsi, elles pourraient peut-être garder pour elles leur avantage de surprise si le besoin s'en faisait sentir. P.V. se replongea alors dans ses pensées. Elle n'avait pas prononcé un mot, et Mag en fut surprise. Elle se demanda à quoi pensait son amie. Certes, elle ne parlait jamais beaucoup, mais Mag s'était attendue au moins à un commentaire. Le visage de la jeune femme était fermé et grave comme si elle méditait une chose vraiment très importante. Aussi, Mag finit par lui demander :
"Tu m'as l'air bien pensive, qu'est-ce qui te captive donc autant ?"
L'indienne ne répondit pas tout de suite. Mag remarqua alors que P.V. caressait l'encolure de son cheval machinalement. Sa main glissait sur le corps de son compagnon, mais c'était plus par instinct que par autre chose, comme si elle avait besoin de se sentir rassurée. Mag savait que lorsqu'elle était inquiète c'était près de ses animaux qu'elle recherchait réconfort et refuge. Il y avait donc quelque chose qui semblait la tracasser. Mais Mag ignorait quoi. Elle pensa un instant que les soldats les avaient rejointes. Cependant, en observant les buissons, elle ne vit pas la couleur des uniformes ou quoi que ce soit d'autre qui puisse appuyer sa théorie. La jeune blanche fit alors son possible pour en savoir plus et fit comme si son amie n'avait pas entendu la question. Elle la lui réitéra donc et P.V. finit par réagir. Elle lui répondit alors :
"Rien de spécial, je repensais à des choses que Ours-Debout m'a dites, il y a longtemps !"
Mag savait qui était l'indien qu'elle avait cité. P.V. lui en avait déjà souvent parlé. Mais elle aurait aimé en savoir plus aussi elle commença :
"Quelle genre de..."

Elle s'arrêta net au milieu de sa phrase. Elle venait d'apercevoir un petit tumulus de pierres à demi caché par la végétation. Il ne lui fallut pas longtemps pour savoir par qui il avait été édifié, mais elle n'en comprit pas la signification. Aussi, elle demanda sans quitter des yeux ce qu'elle venait d'apercevoir :
"Qu'est-ce que c'est ?
- Rien de spécial, cela nous indique juste que nous rentrons sur les terres d'une tribu indienne.
- Et tu appelles cela rien de spécial ! Lui répondit Mag légèrement inquiète.

Elle ne connaissait pas bien les us et coutumes des indiens. P.V. lui avait quelques fois parlé de celles de son peuple, mais là elle savait qu'elles avaient depuis longtemps quitté les terres des Apaches. C'était donc une tribu inconnue qu'elles risquaient de trouver sur leur chemin. De plus, son père lui avait appris une chose importante sur les indiens. Quel que soit le peuple, tous avaient un territoire sacré sur lequel il valait mieux ne pas entrer. Mag en avait alors déduit que c'était sur une de ces terres qu'elles s'aventuraient maintenant. Sinon pourquoi un peuple indien aurait-il décidé de faire ce tumulus là. Elle poursuivit donc sans laisser le temps à P.V. de lui répondre quoi que ce soit :
"Pour toi c'est peut-être un détail, mais je ne suis pas sûre que les indiens qui ont construit ce tumulus aient vraiment envie qu'on entre sur leurs terres sacrées.
- Qui a parlé de Terres Sacrées ? Interrogea l'indienne avec un petit sourire. Le peuple qui vit dans ces bois est plus ou moins pacifiste. Il indique que l'on rentre sur ses terres afin que chaque étranger sache qu'il y a des règles à respecter, des limites à ne pas franchir. Tant que l'on reste dans notre bon droit, il n'y a aucun risque qu'ils nous attaquent.
- Tu es sûre ! Mais comment allons nous savoir que l'on n’a rien fait de mal, répliqua Mag qui ne pouvait se défaire de son inquiétude.
- Je pense que je connais suffisamment leurs règles pour cela. Lui expliqua P.V.. C'est ce dont j'essayais de me souvenir. Ours-Debout pensait qu'il était sage de savoir que d'autres peuples existaient au-delà de nos terres et que ces autres tribus avaient, elles aussi, des règles, des coutumes qui régissaient leur vie. Il nous en avait appris quelques-unes, bien qu'il ne pensait pas qu'un jour nous aurions à les utiliser..."

Il était dur pour l'indienne d'évoquer ce genre de souvenirs. Mag le savait, aussi elle tâcha de calmer ses inquiétudes se disant que son amie savait ce qu'elle faisait. Néanmoins, elle ne put s'empêcher de scruter avec attention les buissons qui les entouraient pour s'assurer qu'aucun indien ne les guettait. P.V. aperçut les regards de son amie et elle n'eut aucun mal à savoir ce qu'elle cherchait. Mais elle n'en fut pas offensée. Si cela pouvait la rassurer autant qu'elle continue, pourtant l'indienne savait que si des membres de la tribu qui vivait dans ce bois les épiaient, ni elle, ni Mag, ne pourrait les apercevoir. Cependant, elle n'en dit pas mot pour ne pas inquiéter plus sa compagne


26

P.V. était plutôt sereine, même sachant qu’il pouvait y avoir des indiens dans le coin. Cependant, une légère pointe d’angoisse commençait à l’assaillir et à monter en elle. Mais elle ne venait pas de sa découverte. Elle découlait plutôt de sa crainte de voir les soldats revenir sur leurs traces. Elle ignorait comment ils allaient réagir. N’ayant pas une très bonne opinion des hommes de l’armée en règle générale, l’indienne espérait qu’ils seraient suffisamment obnubilés par leur mission consistant à tuer l’homme au courrier pour ne pas commettre d’erreur irréparable. Elle se dit alors qu’il faudrait qu’elle les ait bien à l’oeil lorsqu’ils les rattraperaient.
Pour l’instant, il semblait qu’ils étaient encore loin. P.V. se demandait d’ailleurs comment cela se faisait qu’ils ne soient pas encore sur leurs talons. Bien sûr, l’hypothèse d’un guet-apens attendant le cavalier solitaire plus loin devant n’était pas à négliger. Mais ce dernier était plus sur ses gardes que le matin même. Aussi, si cela se produisait, il serait à même de s’en sortir. Peut-être aussi les soldats avaient-ils continué à suivre la piste que les deux jeunes femmes avaient laissée en fuyant, mais en y réfléchissant, l’indienne n’y croyait guère. Ils avaient ordre d’empêcher la lettre d’arriver, ils ne laisseraient probablement pas tomber.

L'inquiétude de Mag au sujet des indiens la rendit plutôt silencieuse. Elle n’avait pas prononcé un mot depuis sa découverte. Elle avait aussi un peu de mal à comprendre que P.V. soit aussi calme. Connaissait-elle vraiment les coutumes de ce peuple ou avait-elle menti pour la rassurer ? Mag se le demandait, bien qu’elle soit à peu près sûre que son amie avait dit la vérité. Depuis qu’elles se connaissaient, elle avait remarqué que, bien qu’elle soit peu bavarde, l’indienne n’avait jamais tendance à mentir sur elle-même, ses connaissances ou ses opinions. Elle ne semblait pas craindre de dire ce qu’elle pensait même si cela risquait de ne pas plaire à la personne qui se trouvait en face d’elle. C’était une des ses qualités, mais qui pouvait lui nuire. Cependant, Mag appréciait beaucoup sa franchise.

Peu à peu, le jour tombait, et tout autour d’elles s’assombrissait. La nuit commençait à s’installer, et pourtant le cavalier continuait d’avancer. Pendant quelques minutes, l’indienne pensa que finalement, il avait décidé de ne pas s’arrêter avant le Fort. Elle n’avait pas pour habitude de voyager de nuit et cela l’ennuyait un peu surtout en terres indiennes. Mais, bientôt, le cavalier s’arrêta. Il avait trouvé un coin assez discret pour y dormir sans trop de risque. P.V. et Mag s’installèrent donc quelques mètres plus loin dans les buissons pour ne pas être vues si jamais les soldats les rejoignaient. Chasseur s’était éclipsé dans les buissons quelques instants plus tôt. P.V. l’avait regardé partir sans rien dire. C’était son heure de liberté. Ce ne fut que lors de leur arrêt que Mag se rendit compte du départ de leur compagnon à quatre pattes. Elle en avait l’habitude et ne fut donc nullement surprise. En descendant de cheval, elle ne put s’empêcher de demander à son amie :
"Nous pouvons passer la nuit ici en toute sécurité ?
- Oui, il n’y a aucun risque que les indiens nous attaquent en pleine nuit !" Déclara P.V..
Mag jeta tout de même un regard inquiet dans les buissons. P.V. pensant alors la rassurer lui dit :
"Et s’ils venaient à le faire, Chasseur nous préviendrait avant qu’ils soient sur nous. Il a un bon flair tu sais !"

Mais elle s'aperçut très vite que sa phrase n’avait pas l’air de rassurer son amie, mais plutôt de l'inquiéter un peu plus. Cependant, Mag essaya de ne rien laisser paraître et se mit à décharger son cheval. P.V. en fit de même. Puis les deux amies montèrent le camp. Elles ne firent, cette fois encore, pas de feu. Les nuits, bien que fraîches, n’étaient pas encore très froides. Les deux jeunes femmes pouvaient donc aisément se passer du feu. Quant aux bêtes sauvages, elles ne les craignaient pas de trop car l’une comme l’autre savait que Chasseur veillait. La petite rivière dans laquelle voulait se baigner l’indienne la veille n’était pas loin, elle pouvait l’entendre. Mais elle décida de remettre à nouveau son bain. Mag serait certainement plus tranquille de la savoir avec elle. Si les indiens la surprenaient seule, elle pourrait bien très mal réagir. Aussi, elle se résigna et se mit en devoir de brosser Esprit Sauvage dès qu’elles furent installées. P.V. sortit donc sa brosse et alla s’occuper de son compagnon. Elle se mit au travail. Mag resta près de leurs affaires. Elle était accroupie et observait pensivement l’homme au courrier. L'indienne se demanda à quoi elle pouvait bien penser en ce moment. Etait-ce les indiens qui la préoccupaient ou toute autre chose ? Soudain, la jeune blanche se leva et s’approcha de son amie. Elle lui demanda alors :
"Quand penses-tu que l’on arrivera au Fort ?
- Demain, en fin de matinée, si l’on continue à avancer à ce rythme. Bien sûr, je peux me tromper!"

P.V. n’affirmait jamais rien sans en être sûre. Elle n’avait pas pour habitude d’émettre des hypothèses. C’est pourquoi, elle disait pouvoir faire erreur. Mais Mag pensait qu’elle disait vrai. Depuis qu’elles étaient parties, l’indienne les guidait plutôt bien et se trompait rarement lorsque la jeune blanche lui demandait une évaluation du temps qu’elles allaient mettre pour arriver à destination. Mag reporta son attention sur le cavalier. P.V. pensait savoir ce qui ennuyait son amie aussi elle lui déclara :
"Si Fort Brymes n’est pas sa destination finale, il y fera au moins une pause. Il lui faudra ravitailler car le prochain Fort est assez loin ensuite."

Mag était une fois encore surprise par les connaissances de son amie. Elle se demanda comment elle avait pu retenir aussi bien les détails géographiques de la carte de son père. Mais elle savait qu’il était inutile de le lui demander, la jeune indienne ignorant la réponse à cette question n’aurait pu lui répondre. P.V. s’attaqua au démêlage de la queue de son cheval. Elle gardait le silence bien qu’elle sache où son amie voulait en venir avec ses questions. Elle avait parfois du mal à comprendre qu’elle ne demande pas les choses directement. Cela lui arrivait souvent de poser des questions dans un but particulier, mais de tout faire pour ne pas développer tout de suite sa pensée. Mag se rendit soudain compte que ce n’était pas de cette façon détournée qu’elle parviendrait à lui poser sa question. Elle se demanda d’ailleurs si son amie avait senti qu’elle voulait lui demander quelque chose de précis. Mais, elle fit comme si de rien n’était et elle reprit le fil de la conversation en déclarant :
"J’aimerais bien le connaître plus ! Dis-moi, penses-tu que nous devrions le prévenir pour les soldats qui veulent le tuer ? C’est peut-être risqué pour le poste !"
P.V. remarqua que Mag s’était déjà attachée à cet inconnu. C’était quelque chose qu’elle avait beaucoup de mal à comprendre. Elle avait elle-même beaucoup de mal à se prendre d’affection pour les gens, pourtant en regardant son amie cela semblait si facile. Elle n’arrivait pas à savoir pourquoi elle n’y parvenait pas. Cependant, elle ne fit aucun commentaire et déclara :
"Je pense qu’il faudra peut-être le mettre un peu plus sur ses gardes, bien que je pense qu’il le soit déjà. Si tu ne veux pas que cela nuise à nos chances, il n’y aura qu’à le faire lorsque nous aurons obtenu le poste !"

Mag porta son attention sur l’homme qui transportait le courrier. Il avait commencé à manger. Elle ne répondit pas à la proposition de P.V., mais elle jugeait qu’elle était bonne. L’indienne finissait de démêler la queue de son compagnon. Elle avait presque fini. Mag se tourna vers elle et lui dit alors :
"Tu as fini ? Je mangerais bien un morceau, je commence à avoir assez faim !"
P.V. hocha la tête et finit néanmoins de s’occuper du noeud qui lui restait. Elle faisait preuve d’une patience remarquable pour ce genre d’activité. Elle ne tirait jamais violemment et prenait toujours le temps de les défaire en douceur. Dès que celui-ci eut cédé sous la patience de l’indienne, elle se rapprocha de Mag qui s’était assise près de l’endroit où elles avaient installé le campement. La jeune blanche avait déjà sorti de leurs affaires des morceaux de viande froide et quelques galettes de blé qui leur restaient de leur dernier arrêt. Lorsque P.V. la rejoignit, ensemble elles commencèrent leur repas.


27

Les deux jeunes amies étaient tranquillement en train de manger. Mag avait conservé de quoi faire un autre repas, le lendemain à midi si elles n’avaient pas atteint le fort avant. Ensuite, elles pourraient y trouver des provisions à racheter. Le père de la jeune blanche lui avait donné un peu d’argent, afin de pouvoir subsister un peu, le temps pour elles de trouver un travail. Jusqu’à présent, les deux filles n’en avaient pas dépensé plus de la moitié. Elles avaient toujours trouvé un petit boulot de trois ou quatre jours pour gagner de petites sommes qu’elles avaient dépensées en achetant des vivres. Cependant, aucune de leurs petites occupations ne s’étaient montrées être des solutions à long terme. Donc, elles avaient continué de voyager pour trouver quelque chose de plus durable. Mag leva les yeux pour observer le ciel. La nuit était si claire que l’on y voyait bien. La lune était bien brillante et les étoiles qui l’accompagnaient étaient particulièrement nombreuses et toutes d’un éclat superbe. Elle les observa quelques instants cherchant à repérer les constellations qu’elle connaissait. Elle aimait bien regarder les étoiles. Mais, elle finit par baisser les yeux pour voir ce que faisait son amie. C’est alors qu’elle aperçut la couleur des uniformes juste à quelques mètres d’elles. Elle chuchota à son amie :
"Regarde, ils sont de retour. Que fait-on ?"

P.V. se tourna dans la direction que lui indiquait la jeune blanche et observa en silence. Les cinq hommes de l’armée venaient de mettre pied à terre, ils avaient l’air assez fourbus, mais ce que l’indienne remarqua particulièrement c’était l’état de fatigue des chevaux. Les buissons étaient assez touffus pour leur permettre de rester là où elles avaient monté leur campement sans trop de risque d’être découvertes. En les regardant s’installer, P.V. eut une mauvaise impression, et bien qu’elle essaya de se convaincre qu’elle se faisait des idées, elle ne parvenait pas à s’en défaire. Elle était certaine qu’il serait plus prudent de les avoir à l’oeil. Elle reporta donc son attention sur son amie et lui répondit à voix basse : "Je les attendais. Je pensais même qu’ils nous rattraperaie

nt plus vite. Quelque chose me dit qu’il va falloir les surveiller !" Mag hocha la tête. Leur présence ne lui inspirait rien de bon. C’était la dernière nuit que le cavalier solitaire passait dehors si Fort Brymes était bien sa destination, ce serait donc probablement leur dernière chance de l’abattre. Elle pensait donc qu’ils agiraient dans la nuit. Elle ne s’imagina pas une minute que son amie, qui craignait aussi leurs réactions, avait peur qu’ils s’en prennent aux indiens de la tribu qui vivait sur ces terres et non au porteur du courrier. P.V. se déplaça légèrement sur la gauche. Elle voulait pouvoir mieux les observer. Ainsi placée, elle avait une vue sur leur campement. L’indienne ne pensait pas qu’ils s’aventureraient dans leur direction. Ils étaient entre la rivière et elles, et le cow-boy qui était leur cible se tenait sur leur droite. Ils ne devraient donc pas avoir de raison de s’enfoncer dans leur direction à elles. Aussi, se remit-elle donc tranquillement à manger. Mag en fit de même. Mais elle avait les yeux rivés sur l’inconnu assis un peu plus loin. Celui-ci avait fini son repas et s’était adossé à un arbre. Il avait sorti son revolver et s’était mis à le nettoyer. Sa carabine n’était pas posée loin, et avant de démonter son arme pour s’en occuper, il s’était assuré que celle-ci était bien chargée. Il était donc encore sur ses gardes, cela rassurait un peu Mag.

La jeune femme repartit alors dans ses pensées. Qui était-il ? Pourquoi voulait-on le tuer ? Elle aurait aimé en savoir plus. Sa curiosité était si grande. Son père lui avait un jour dit que ce défaut finirait par la perdre. P.V. était du même avis, mais cela ne parvenait pas à la dissuader de vouloir toujours en savoir plus sur ce qui l’entourait, sur les gens qu’elle croisait ou les pays qu’elle traversait. La nuit était calme. L’indienne cependant continuait de rester totalement en alerte au moindre signe de mouvement qui pourrait s’avérer être dangereux. Les soldats n’avaient pas allumé de feu, et ils n’avaient pas encore desseller leurs chevaux. L’inconnu, porteur de la fameuse lettre ne devant pas arriver à destination, venait de terminer de remonter son arme et il l’avait rechargée. Tout était silencieux. De temps en temps, un hibou hululait pas très loin de là.
C’est alors qu’un bruit se fit entendre dans les buissons pas très loin des chevaux. Mag sortit immédiatement de ses pensées et dégaina son arme qu’elle pointa dans la direction du bruissement de feuilles. Rien ne se passa pendant quelques instants, puis l’indienne distingua les yeux d’un animal. Mag les aperçut presque en même temps et rengaina son arme. P.V. émit alors un discret claquement de langue et Chasseur s’approcha docilement. La jeune femme lui avait appris à annoncer son arrivée ainsi, parce que Mag sursautait à chacune de ses apparitions silencieuses. Elle avait alors craint qu’un jour celle-ci ne tire avant de reconnaître le loup. Cela lui avait pris plusieurs semaines. Ce n’était pas dans les habitudes de Chasseur de faire du bruit en arrivant. Un prédateur reste silencieux pour pouvoir assurer sa survie. Cependant, avec douceur et patience, elle y était parvenue et depuis Chasseur ne s’approchait plus du camp sans son autorisation. L’animal vint se coucher aux côtés de sa petite maîtresse. Celle-ci posa la main sur la fourrure épaisse de son compagnon. Elle aimait bien ce doux contact.

Mag entama la conversation pour savoir ce qu’elles feraient si le Fort ne les acceptait pas. Elle était d’avis de poursuivre leur chemin vers l’ouest. Elle aurait aimé revoir la mer. Elle l’avait vue une fois alors que sa mère était encore en vie et elle avait été vraiment très impressionnée par cette immensité d’eau. Elle souhaitait donc la faire découvrir un jour à l’indienne qui elle ne l’avait jamais vue. Ce soir là, elle lui décrivit à nouveau les sentiments qu’elle se souvenait d’avoir éprouvé alors. Bien que ce ne soit pas la première fois que P.V. entendait ce récit, elle l’écouta une nouvelle fois sans se lasser. Elle avait toujours beaucoup aimé l’eau et elle adorait nager et se baigner. Dès qu’elle le pouvait, elle en profitait. C’était Petit-Renard qui lui avait transmis sa passion de l’eau. Il nageait comme un poisson et il lui avait appris cet art. Depuis, chaque fois qu’elle pouvait plonger dans une rivière ou un lac, elle repensait à lui et à leurs jeux. Ils avaient toujours été inséparables. Ils avaient grandi ensemble et leur amitié d’enfant avait fini par faire place à un amour naissant et grandissant chaque jour. Le chef Ours-Debout l’avait très bien remarqué et avait fini par décider que lors de la prochaine réunion d’été, ils se promettraient l’un l’autre. Cette décision avait été prise un mois avant le massacre. Sans celui-ci, elle serait devenue la fière et fidèle épouse de Petit-Renard. Mais il avait fallu une journée aux blancs pour détruire tous ses projets d’avenir. C’était toujours très dur de repenser à lui, elle l’avait tellement aimé.
C’était pourquoi lorsque Mag lui avait dit qu’elle aimerait lui faire découvrir l’océan, elle avait accepté. En souvenir de leur amour, l’indienne avait décidé d’aller se baigner dans la plus vaste étendue d’eau qu’elle ne verrait jamais. A ce souvenir, une pointe de tristesse passa sur son coeur, mais elle cacha au mieux son sentiment en continuant d’écouter avec enchantement les descriptions que Mag lui faisait de ses souvenirs. Puis, finalement, la nuit s'avançant un peu plus tardivement, les deux jeunes femmes finirent par s’enrouler dans leur couverture pour dormir et Chasseur se coucha près de sa petite maîtresse. Les deux amies ne tardèrent pas à sombrer dans le sommeil.

Suite

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