Le Poney Express


Parties 13 à 15

13

Mag comprit rapidement le plan de son amie. Elle regarda un instant l'homme qui transportait le courrier et hocha la tête. C'était une bonne idée, mais elle craignait de le voir fuir. Elle aurait préféré avoir une chance de le rencontrer. Mais, elle laissa faire P.V., il fallait de toute façon qu'elles le préviennent. Elle se baissa pour se mettre à l'abri de la broussaille environnante afin qu'il ne puisse pas les voir s'il essayait d'apercevoir le tireur de la flèche. Se faisant, elle adressa une rapide prière à Dieu pour que son amie ne rate pas son coup et pour que l'homme comprenne.
Sa mère était très pieuse, mais elle n'avait pas hérité de ce côté là. Elle ne priait pas régulièrement, et ne s'était plus rendue dans une église depuis la mort de sa mère. Son père refusait d'admettre que Dieu ait pu rappeler à lui sa femme bien aimée, et lui en avait gardé rancune. Cependant, Mag avait gardé un peu de la foi de sa mère dans son coeur.

P.V. reporta son attention sur le cavalier inconnu. Il était assis contre un arbre et avait l'air de rêvasser. Peu de temps auparavant, il avait mis quelque chose à chauffer sur son feu et attendait que cela soit prêt. L'indienne le mit en joue et visa quelques centimètres au-dessus de sa tête. Dès qu'elle fut sûre de son tir, elle lâcha la corde qu'elle maintenait tendue. Sa flèche partit et alla se planter dans l'arbre exactement à l'endroit qu'elle avait visé. Sans attendre de félicitations, elle se tapit près de Mag et observa avec elle la scène.
L'homme se redressa arme au poing. P.V. ne put s'empêcher de penser qu'il n'était pas très prudent, s'il y avait vraiment des indiens dans le coin, il aurait ainsi fait une cible parfaite. L'inconnu scruta les buissons et regarda un long moment dans leur direction. Mag se retourna pour s'assurer qu'il n'avait pas pu voir les chevaux. Ceux-ci étaient toujours à la même place et ne pouvaient pas être vus, du moins elle l'espérait. Puis, elle refit face au cow-boy. Celui-ci avait repris son inspection du sous bois.

Le cavalier observa les fourrés avec attention. Il connaissait bien la région pour y être souvent venu en voyage, mais il ne se souvenait pas avoir entendu que les indiens y étaient hostiles. Il ne comprenait pas pourquoi ils lui avaient tiré dessus. Il examina donc minutieusement les buissons qui l'entouraient, espérant les repérer. Pendant un instant, il crut voir quelque chose, mais rien ne lui confirma qu'il y avait effectivement quelque chose, aussi il reprit son examen des environs. Il n'aperçut rien de suspect et tout lui sembla tranquille. Il regarda alors l'arbre auquel il était adossé quelques instants auparavant. Il arracha la flèche qui s'y était figée et l'étudia avec attention. Elle s'était plantée à quelques centimètres de sa tête, mais elle était tout de même largement au-dessus. Il ne pensait pas que l'indien qui l'avait tiré l'avait fait dans le but de le tuer, mais plutôt dans celui de le mettre en garde. Ce qui lui restait à trouver c'était en garde de quoi.

Néanmoins, la nuit tombait maintenant rapidement, son campement était installé et le café qu'il avait mis sur le feu plus tôt presque chaud, aussi il décida de passer la nuit là où il était. Il resterait vigilant, mais il ne comptait pas prendre la fuite. Il rengaina son arme dans son ceinturon et s'approcha de ses paquets. Là, il sortit sa carabine flambant neuve et la posa à côté de lui, prête à servir au cas où.


14

P.V. fut satisfait de la réaction de l'inconnu. Celui-ci ne semblait pas avoir peur, mais il avait l'air d'avoir compris le message. Son sursaut et son observation attentive des buissons étaient signes d'inquiétude, mais elle avait l'air d'être passagère puisqu'il s'apprêtait à rester là tout en se protégeant. Sa nouvelle arme, posée à terre à côté de lui, le prouvait. L'indienne regarda alors en direction des soldats. Ceux-ci étaient agités et visiblement nerveux. Celui qui avait paru à P.V. être le plus mauvais parlait beaucoup. Elle aurait voulu savoir ce qu'il disait. Avait-il l'intention d'abandonner ? Elle en doutait, mais au moins ils resteraient peut-être tranquilles cette nuit.
Cependant, P.V. décida que pour être sûre elle demanderait à Chasseur de veiller. Elle était certaine que Mag souhaiterait rester dans le coin et comme la nuit était là, elle-même pensait que cela serait plus prudent. Lorsque la jeune blanche fut persuadée que le cow-boy ne partirait pas ce soir, mais resterait sur ses gardes, elle se tourna vers son amie et lui chuchota :
"On passe la nuit ici ? ...
- Oui, je pense que c'est plus prudent. On va s'installer près des chevaux !"

Sans bruit, Mag se retira près de l'endroit où elle avait installé leurs coursiers un peu plus tôt. L'endroit était bien abrité des regards, elle ne pensait pas que l'un des groupes puisse les repérer. Les soldats n'avaient pas l'air de vouloir trop s'éloigner les uns des autres à cause de l'intervention de l'indienne. Ils avaient l'air de vraiment croire à la présence d'indiens dans le coin. Mag pensait qu'ils ne leur causeraient pas trop de problèmes durant la nuit. Quant au cavalier solitaire, il s'était servi une tasse de café mais il restait aux aguets ne donnant pas l'impression d'avoir envie de s'enfoncer dans les bois ce soir. Et puis, Mag savait que Chasseur les préviendrait certainement, s'il sentait un danger quelconque.
Sa maîtresse était bien protégée avec l'animal à ses côtés. Elles pourraient donc dormir tranquille cette nuit. P.V. s'attarda encore un instant. La réaction des soldats était celle à laquelle elle s'attendait. Ils avaient l'air paniqué à l'idée de penser qu'il y avait probablement des indiens dans le coin. Elle eut un sourire en coin. Cela lui plaisait bien.

Chasseur s'approcha d'elle et enfonça son museau dans les côtes. L'indienne passa alors son bras autour du cou de l'animal. Celui-ci en profita pour lui donner un coup de langue savourant le plaisir qui envahissait sa maîtresse comme s'il ressentait cette joie. Puis, la jeune femme fit face au loup et le regarda dans les yeux. Elle prit entre ses mains la tête de la bête et se mit à lui parler en apache. Mag regarda la scène avec amusement. Elle savait que son amie indienne accordait à ces moments beaucoup d'importance. Elle parlait d'ailleurs souvent à ses deux compagnons à quatre pattes et toujours en apache, excluant ainsi tout étranger de leur échange. Le loup regardait sa maîtresse avec docilité, pendant qu'elle lui parlait. Il semblait s'intéresser à ce qu'elle lui disait. A la fin de ses paroles, l'animal sortit la langue en direction du visage de sa maîtresse et la rentra presque aussitôt sans avoir léché la jeune indienne. Celle-ci sourit et passa ses bras autour du cou de Chasseur qu'elle serra contre son coeur. Puis, sans un mot de plus, elle rejoignit Mag.
Le loup resta à sa place. Il choisit un endroit confortable et se coucha après avoir fait trois tours sur lui-même. Il posa sa tête sur ses pattes et ses yeux se fermèrent. Mais il était à l'affût de ce qui se passait autour de lui. Mag le regarda quelques instants. Puis, elle se tourna vers P.V. qui venait de passer près d'elle et qui se mettait de nouveau à décharger son cheval. Elle lui demanda alors :
"Que lui as-tu dis ?"


15

P.V. s'arrêta de faire ce qu'elle avait commencé et tourna la tête vers son compagnon. Celui-ci était tranquillement couché dans les hautes herbes. Il était presque invisible. Mag ne s'attendait pas à ce que son amie réponde. Elle lui avait posé la question comme cela, mais elle savait que l'indienne risquait de ne rien vouloir dire à ce sujet. La jeune blanche était totalement exclue de la complicité qui régnait entre P.V. et ses animaux et elle l'acceptait. Aussi, elle fut surprise, lorsqu'elle lui répondit :
"Je lui ai demandé de surveiller les soldats et le cavalier solitaire. Comme cela si l'un des groupes bouge, nous serons prévenues. Nous pourrons ainsi dormir tranquillement."

Sans rajouter un mot, l'indienne se remit à décharger ses affaires du dos de son cheval. Mag avait été surprise lorsque P.V. lui avait donné cette explication, mais le fait qu'elle ait demandé cela au loup ne l'étonna pas. Elle l'avait souvent vu faire auparavant. Chasseur avait l'air d'être toujours prêt à aider sa jeune maîtresse et il semblait aussi la comprendre. Mag était fascinée par ce côté de la relation entre l'indienne et l'animal. Ils étaient très proches et tellement complices.

Elle sortit de ses pensées et se mit en devoir de s'occuper de son cheval. Il fallait monter le campement tant qu'il faisait suffisamment clair pour cela. P.V. avait déjà ôté la totalité de ses affaires qu'elle avait posées dans un coin et elle s'affairait à desseller son compagnon. Elle aurait préféré monter à cru comme elle le faisait dans le village, mais Mag avait jugé que ce n'était pas vraiment une bonne idée. P.V. s'était résignée. Il était vrai que sans selle, elle ne passait pas vraiment discrètement. Les gens se retournaient pour l'observer en commentant tout bas son passage. Dans la ville où Mag avait grandi, elle avait même été plus d'une fois chahutée et insultée.
Le père de son amie blanche eut alors l'idée de demander à Matt de lui faire une selle qui soit plus légère que celle utilisée couramment. Matt aimait beaucoup travailler le cuir et il faisait tout pour que la jeune indienne se sente un peu plus chez elle. Aussi, avait-il travaillé pendant plusieurs jours sur cette selle. Celle-ci était adaptée à merveille à la jeune indienne et à son magnifique coursier. Pas très lourde et plutôt souple, P.V. l'avait adoptée presque tout de suite. Bien qu'elle ait eu un peu de mal à s'y faire au départ, maintenant, elle s'y sentait parfaitement bien dessus. De même, Matt avait bricolé le harnais des rennes afin d'ôter le mord de celui-ci. P.V. ne voulait pas faire de mal à Esprit Sauvage avec ce bout de métal que l'on devait placer dans la bouche de l'animal. Elle n'en avait jamais eu besoin avant, elle ne voulait pas en avoir besoin maintenant. Matt s'était prêté au jeu et avait fait exactement comme l'indienne le souhaitait. Il avait été vraiment très gentil avec elle. S'il n'y avait pas eu l’histoire avec Joe Blouder, P.V. serait peut-être restée avec Mag et sa famille car tous avaient été d'une gentillesse inégalable envers elle.
Mais cet homme qu'elle revoyait dans ses pires cauchemars lui avait vraiment fait peur. Il avait pensé qu'il pourrait disposer d'elle comme il le voulait, mais elle s'était montrée trop sauvage. Et lorsqu'elle eut pris la décision de partir, accompagnée de Mag, il les avait attaquées pas très loin des ruines du campement indien. C'est à ce moment là que Chasseur et Esprit Sauvage reprirent leur place dans sa vie en les sauvant toutes les deux de ce sinistre individu. Ils l'avaient attaqué sauvagement, le blessant assez grièvement au visage et au bras. Joe avait tout de même réussi à prendre la fuite en direction du désert. Les hommes du père de Mag l'avaient poursuivi un moment, mais à l'entrée du désert, ils avaient abandonné la poursuite. Il ne pouvait pas avoir survécu à ses blessures et à la chaleur. Malgré tout, P.V. qui était revenu au ranch en attendant la fin de la poursuite, n'avait pas voulu rester. Elle avait préféré s'éloigner quelques temps. Mais peut-être un jour reviendrait-elle sur les terres de son enfance !

Suite

Retour à la page des fan fictions

Retour à la page d'accueil