La dame de pique


Chapitre 4

Piégée

Au saloon, la fête battait son plein, Lou accoudée au comptoir tenait compagnie à Noah, qui sirotait un verre en sa charmante compagnie. La voir habillée de la sorte, dans cette petite robe qui dévoilait ses épaules le faisait sourire. Ses cheveux relevés en chignon et soutenus par une pince lui allaient à merveille. C’était si inhabituel ! Mais plutôt plaisant ! Lou semblait à l’aise. Ils observaient discrètement autour d’eux et guettaient l’arrivée de Nielson.

Ce dernier entra peu avant 22 heures, richement vêtu. Ce costume cintré et élégant qu’il portait dans un endroit pareil dénotait son envie de se faire remarquer, de montrer que lui avait de l’argent et que donc, il avait le pouvoir...
Bien que les types présents étaient tous plus ou moins louches et peu recommandables, Nielson ne semblait pas effrayé de s’exhiber ainsi. La plupart d’entre eux devaient même travailler pour lui, ou du moins, avaient déjà dû le faire !
Fier et arrogant, Liam Nielson traversa le saloon, se gargarisant des regards envieux de l’assistance féminine qui voyait en lui un très bon parti. Il retrouva une fille au fond, une rousse, qui en le voyant, lui sourit et l’embrassa. Il s’assit avec elle, et une des serveuses leur apporta deux bières.
-Il ne faut pas le quitter des yeux Noah... murmura Lou à son oreille.
Le jeune homme hocha la tête en guise de réponse et commanda deux autres verres.

Pendant ce temps, à l’extérieur, Kid et Buck qui étaient postés juste en face du saloon et avaient vu entrer Nielson, traversèrent la rue et s’installèrent tout juste à côté des portes battantes du tripot. C’était le signal.
Hickok et Hunter se trouvaient un peu plus loin, près de l’office du Marshall et Jimmy, en les voyant se déplacer et se positionner ainsi, comprit que la voie était libre pour Mary Jane et Cody. Ces derniers attendaient, cachés dans une ruelle sombre qui longeait l’Hôtel particulier de Liam Nielson et qui débouchait sur la grand rue, juste en face du bureau de Teaspoon. Cody s’était avancé jusqu’au croisement des deux voies et quand Jimmy se tourna vers lui en lui faisant un signe de la tête, il se dépêcha d’aller retrouver Mary Jane qui attendait un peu plus en retrait.
-Il faut y aller Mary Jane ! dit-il en se penchant vers la jeune femme accroupie.
Pour l’occasion, elle avait revêtu une tenue noire. Ses cheveux tirés en arrière et bien plaqués lui donnaient un air sérieux et collé monté qui contrastait avec sa vraie nature.
-Mary Jane... murmura Cody, tu es prête ? s’assura le jeune homme.
Mary Jane se leva, mais ne répondit pas. Elle semblait tendue.
-Est-ce que ça va aller ? questionna de nouveau Cody, pour le moins soucieux.
-Oui, c’est ce que je fais le mieux, t’en fais donc pas ! répondit-elle en souriant.
Il la regardait, amusé.
-Quoi ? demanda-t-elle troublée par l’insistance de son regard.
-Rien... dit-il en caressant sa joue. Il s’approcha et l’embrassa tendrement. Fais bien attention à toi d’accord ?
Mary Jane se contenta de sourire. Son attention était fixée sur sa mission, elle ne devait pas se laisser distraire par quoi que ce soit. Elle soupira. Elle sentait cette tension lui parcourir les veines, cette sensation qu’elle adorait tant d’habitude, cette excitation qui la saisissait avant chaque effraction. Mais ce soir, c’était différent. Elle avait peur. Cody et les autres prenaient des risques, au même titre qu’elle. La jeune femme se sentait responsable de ce qui pouvait leur arriver. Les traits tirés, le visage fermé, elle enfila ses gants noirs.
-Ok... William, marmonna-t-elle, on y va, j’entre par cette fenêtre, poursuivit-elle en désignant du doigt l’ouverture au-dessus de leur tête.
-Ce n’est pas trop haut ? questionna Cody.
-Fais-moi donc la courte échelle cow-boy ! railla-t-elle en décrochant un sourire forcé, comme pour cacher sa peur. Et rejoins-moi près de l’entrée principale, je t’ouvre dans 5 minutes.

S’agrippant aux épaules de Cody, Mary Jane posa sa botte au creux de ses mains jointes et se hissa jusqu’à la fenêtre ; elle disparu à l’intérieur en se faufilant lentement. Cody longea le mur sur lequel courraient des ombres furtives et se retrouva bientôt dans la rue principale. L’air de rien et nonchalamment il se rendit jusque devant la porte de l’hôtel, ornée en son centre de vitraux colorés.
Tout était désert, Jimmy et Teaspoon veillaient, juste en face. Cody essaya de distinguer Mary Jane au travers des carreaux multicolores mais n’y parvînt pas. Finalement, au bout de quelques minutes, un claquement se fit entendre et la porte s’entrouvrit. Il entra discrètement à reculons, tout en scrutant la rue et ce n’est qu’une fois dans l’entrée qu’il sortit son arme et qu’il attendit tapis dans l’ombre, le retour de la jeune femme.
Un rapide coup d’oeil dans ce petit hall d’entrée lui suffit pour distinguer dans la pénombre un intérieur richement aménagé, meubles imposants, tissus soyeux et cadres dorés, qui reflétaient timidement la lumière qui traversait les vitraux de la lourde porte d’entrée. En face de celle-ci, Cody entrevit des escaliers, et la frêle silhouette de Mary Jane les gravissant.

Ceux-ci avaient conduit la jeune femme jusqu’à un balcon qui surplombait le hall. Face à elle, trois portes fermées ; elle ouvrit celle à sa droite.
"Le bureau de Nielson !" murmura-t-elle tout en refermant derrière elle.
Mary Jane sentait l’excitation monter en elle, elle n’avait plus peur à présent, et son regard affûté de cambrioleur reprit le dessus. Elle jeta un oeil autour d’elle, le coeur battant ; la lueur lunaire qui entrait par la grande fenêtre donnait à la pièce un air lugubre et la jeune fille fut stupéfaite par le nombre d’objets qui étaient entassés ici... Animaux empaillés, objets d’art divers, lampes de différentes sortes et de différentes tailles. Elle sortit une allumette de sa poche, la gratta sur le dur bois de la porte et alluma la mèche de l’une d’entre elles. La lumière envahit la pièce et celle-ci lui sembla tout à coup bien plus grande qu’elle n’y paraissait. Des rayonnages de livres recouvraient les mûrs du sol au plafond, et un immense escabeau était posé dans un coin.
Mary Jane, irrésistiblement attirée par tous ces ouvrages qui devaient renfermer des trésors tous plus intéressants les uns que les autres, oublia un instant ce pour quoi elle était là et se laissa emporter par les souvenirs que faisait ressurgir l’odeur de l’encre et du papier. Cette bibliothèque lui rappelait le bureau de son père.

Petite fille, elle adorait y passer de longues heures en sa compagnie, juste pour le regarder travailler et s’agiter dans tous les coins, à la recherche de la solution d’un quelconque problème scientifique. Plus tard, elle y avait travaillé ; son père lui avait enseigné la physique, les mathématiques et tant d’autres choses passionnantes ; que de souvenirs ! Mary Jane se sentait revenue dans la peau de cette petite fille solitaire, élevée dans ce milieu fermé, entourée de physiciens et autres génies de la science, par un père trop occupé pour se soucier de ses envies d’enfant ; un père tellement obnubilé par ses travaux qu’il en avait presque oublié qu’elle n’était pas un de ses nombreux étudiants, mais sa fille. "Etudie ! répétait-il sans cesse d’un ton autoritaire, et tu feras quelque chose de ta vie ! "

Un peu plus d’amour et de présence paternelle auraient simplement suffi à la jeune fille pour que sa vie prenne un tournant différent. Au lieu de ça, les problèmes mathématiques, les équations, les lois de la physique les avaient éloignés l’un de l’autre.
Les yeux pleins de larmes, Mary Jane caressa du bout des doigts le cuir des reliures qui s’étalaient sous ses yeux, lisant ça et là les titres de ces précieux ouvrages. L’un d’eux attira son attention, elle approcha la flamme du cuir vieilli et pu lire : "la mécanique quantique par P. COOPER".

Son père... Bien qu’ils étaient devenus des étrangers l’un pour l’autre bien avant qu’il ne découvre ses agissements illicites, la façon qu’il avait eu de la mettre dehors et de lui interdire sa maison avait été pour Mary Jane une profonde déchirure. Mais elle pouvait le comprendre... après tout, sa fierté avait dû en prendre un sacré coup !
Ce soir là, en la surprenant rentrant dans sa chambre par la fenêtre, tout de noir vêtue, un tableau sous le bras, il avait compris. Jamais jusqu’alors il ne s’était demandé ce qu’elle faisait de ses journées, pourquoi est ce qu’elle s’absentait de longues semaines sans donner de nouvelles, d’où est-ce qu’elle tenait cette nouvelle robe... Mary Jane se souvenait encore de son regard perçant et glacial, qui l’avait forcée à baisser les yeux, au bord des larmes. Il n’avait pas fait de sermon, et s’était contenté de dire sèchement : "tu partiras demain, et tu ne reviendras pas." Puis il était sorti. Elle ne l’avait pas revu depuis.

C’est un de ses amis, David Fisher, qui l’avait recueillie quelques temps, celui là même qui lui avait proposé son premier gros coup au Musée d’Histoire Naturelle de New York.
Un type un peu cinglé voulait récupérer des ossements retrouvés dans une contrée éloignée d’Europe et était prêt à payer cher, très cher pour ça. A cette époque, la jeune femme, prête à tout pour échapper à son existence pour le moins morose avait accepté et la grande aventure de la Dame de Pique avait commencé. C’est elle qui avait eu cette idée de carte à jouer. Une façon de s’affirmer, de montrer qu’elle existait, à travers un personnage mystérieux. Pourtant, tout ce que lui avait procuré ses réussites illicites, l’argent et la satisfaction d’avoir réussi quelque chose que personne n’avait jusqu’alors tenté, toute cette fierté qu’elle mettait aujourd’hui en avant, se croyant invincible, n’étaient rien à côté de la solitude qu’elle éprouvait depuis ses longs mois loin de son père. Il lui manquait. Elle aurait tant aimé partager plus avec lui...

Mary Jane sourit. Lui qui ne ratait jamais un article de "la Dame de Pique" dans la presse et qui se gaussait des autorités de la ville, incapable d’arrêter "cet ingénieux voleur" comme il disait ! Elle le revoyait encore, souriant à la lecture du dernier forfait du cambrioleur. Et même s’il ne savait pas que cet homme qu’il admirait secrètement était sa fille, Mary Jane était heureuse de constater que grâce à son personnage, il s’intéressait enfin à elle.
Mais ce soir là il avait dû déchanter en se trouvant devant le fait accompli, touché en plein coeur, par sa propre chair.

Emue, Mary Jane posa la lampe sur le bureau de Nielson, prit le livre et se mit à le feuilleter. La jeune femme fronça les sourcils, elle venait de remarquer une pochette de cuir, de celles dans lesquelles son père transportait toujours ses notes d’expériences, ses conclusions. Elle était coincée entre deux livres, et en tirant celui qui traitait de la mécanique quantique, la pochette avait basculé. Mary Jane attrapa sa précieuse découverte, et s’asseyant confortablement au bureau de Nielson, se mit à étudier, à lire son contenu, consciencieusement, sans plus se soucier du temps qui passait.
-Voilà donc les précieux documents... se dit-elle tout bas. De nombreuses fiches regroupaient des informations sur des dépôts d’armes, des plans d’attaque, et un tas d’autres papiers froissés, listes de noms, villes et camps de l’armée... Elle feuilleta le tout rapidement, ravie d’avoir eu la main si heureuse !
-Cette fois, tes livres m’auront servi papa ! dit-elle doucement en riant, Monsieur Nielson, je crois que vous êtes cuit !
-Je ne pense pas non, dit alors une voix face à elle.

Pendant ce temps, dans le saloon, Liam Nielson buvait tranquillement en chahutant avec la grande rousse qui lui tenait compagnie. Rien dans son attitude n’était suspect.
-J’espère que Mary Jane va trouver ce qu’elle cherche marmonna Lou.
-Oui, et vite ! lui répondit Noah.
Kid, Buck, Jimmy et Teaspoon étaient toujours à leur poste. A cet instant, tous pensaient que Mary Jane ne craignait rien. Elle avait encore le temps, une bonne demi heure devant elle. Et puis tant que Cody n’était pas sorti, c’est que tout allait bien. Mais dès qu’il se montrerait, ils devraient tous se disperser, Mary Jane rentrant par ses propres moyens au relais afin de ne pas éveiller les soupçons.
Mais c’était sans compter sur ce cow-boy qui la menaçait de son arme, à quelques pas de là.

-Qui êtes-vous ? demanda-t-elle au grand type, surprise, tout en se levant lentement du confortable fauteuil.
Il s’approcha dans la lumière. Il était vêtu de noir, chapeau noir, veste noire, pantalon noir et seuls ses longs cheveux blonds éclairaient son visage barbu.
-Croyez-vous que M. Nielson soit assez bête pour laisser cette grande maison vide en son absence ? ! Vous aviez oublié de tenir compte de ce paramètre pour votre cambriolage mademoiselle continua-t-il calmement sans baisser son arme. Vous êtes encore loin de ce voleur si connu... comment s’appelle-t-il déjà, le type à la dame de pique !
Mary Jane sourit en baissant les yeux, "s’il savait... !" se dit-elle.
-Ecartez-vous de ce bureau que je vous vois, levez les mains ! continua-t-il alors sur le même ton.
La jeune femme s’exécuta lentement, et s’approcha de la fenêtre, les mains en l’air. Elle espérait que Teaspoon ou Hickok qui étaient postés en bas la voient.
Comment ce type était-il entré ? Comment diable avait-il fait pour que Cody ne le voit pas ? "Mon Dieu ! William !" pensa-t-elle soudain. Elle se figea et pâlit brusquement, levant un regard interrogateur vers le type, trahie par la soudaine peur qui s’emparait d’elle.
-Votre ami en bas n’a rien, rassurez-vous, il est gentiment allongé sur le sol et ligoté. Le pauvre gars ne m’a même pas entendu, trop occupé à guetter la rue... Mais cette vieille baraque a beaucoup de secrets que vous ignorez, et il ne m’a pas été difficile de vous entendre entrer par la petite fenêtre de là où j’étais. Je vous ai laissé ouvrir à votre ami, et me voilà ! conclut-il en souriant, fier de sa prise. Mais au fait, à qui ai-je l’honneur ? Mademoiselle...?
-Cooper, répondit-elle sèchement, en le défiant du regard, essayant d’oublier un instant l’angoisse qui la tiraillait. Il était donc déjà dans la maison, attendant patiemment qu’elle et Cody soient à l’intérieur, à l’abri des regards. Mais savait-il pour les autres ? C’était la première fois qu’elle était confrontée à telle situation, et elle regretta amèrement d’avoir impliqué William et ses amis dans cette mascarade qui risquait de tourner court.
Mary Jane réfléchissait à toute allure, essayant de trouver une solution pour se sortir de là. Il fallait les prévenir coûte que coûte !
-Bien... Mlle Cooper, reprit le cow-boy, je vais devoir vous garder un moment vous et votre ami et prévenir M. Nielson de votre intrusion.
-Vous ne vous en sortirez pas comme ça ! lança alors la jeune femme essayant de gagner du temps.
-Que vous croyez Mademoiselle Cooper, que vous croyez...répéta-t-il en lui collant son arme sous le menton.
-Et ça ne vous gêne pas de savoir votre pourri de patron en train de s’amuser avec de jolies filles pendant que vous, vous restez là dans le noir à surveiller ses trésors ? continua-t-elle sèchement.
-Ça paye plutôt bien.
-Vous n’êtes qu’un pantin, un petit chien qui obéit !
-La ferme ! dit-il en serrant les dents, que cherchiez vous ? demanda-t-il en empoignant violemment ses cheveux.
-Des objets de valeur lança-t-elle aussitôt en grimaçant de douleur.
-Vraiment ? je crois que M. Nielson sera ravi de le savoir...
Le cow-boy l’assomma d’un coup de crosse derrière la nuque et Mary Jane s’écroula. Il éteignit la lampe à pétrole et tira la jeune fille jusque dans le couloir, sans se soucier une seconde de la pochette de cuir tant convoitée, restée ouverte sur le bureau de Nielson...

Le type l’attacha solidement dans le hall d’entrée, près de Cody qui, reprenant doucement ses esprits, réussit à s’asseoir tant bien que mal, malgré les cordes qui lui ligotaient les chevilles et les mains. Le cow-boy vérifia en souriant que son bâillon soit bien attaché, et tout en collant son arme contre sa tempe, lui murmura :
-Toi et ta copine ne vous avisez pas de bouger jusqu’à ce que je revienne avec le patron. Vous serez bientôt morts de toutes façons ! conclut-il en riant.
Cody jeta un oeil sur Mary Jane étendue sur le sol ; elle était si près ! Et pourtant il ne pouvait pas l’atteindre... Il regarda le type s’éloigner et disparaître en haut des marches, impuissant, malgré ses efforts vains pour tenter de se défaire de ses liens.

Au saloon, Lou et Noah ne quittaient pas Liam Nielson des yeux, toujours à table avec sa grande rousse, il vidait verre après verre, en riant de bon coeur.
Lou était nerveuse. Elle n’arrêtait pas de penser à Mary Jane, et semblait compter les minutes qui lui restaient à passer dans cet endroit sordide. Martha, la gérante, avait pourtant été correcte, comme Mary Jane le lui avait demandé, et n’avait pas dérangé les deux jeunes gens.
-Lou, commença Noah, détends toi... Pour le moment tout va bien !
-Je sais oui, mais ça fait déjà plus d’une heure... elle devrait être sortie, et les autres auraient déjà dû nous prévenir que tout est fini !
-Elle a dû mettre plus de temps que prévu ! rassura Noah. De toutes façons, tant que Nielson est là, elle et Cody ne craignent rien.
Lou soupira profondément et au même instant, un type entra dans le saloon. Louise le remarqua tout de suite, certainement à cause de sa grande taille et de ses longs cheveux blonds. Vêtu de noir de la tête aux pieds, il semblait pressé de trouver quelqu’un. Son regard inquiet balaya énergiquement la pièce enfumée et s’arrêta finalement dans le fond du saloon.
-Tu connais ce type ? demanda Noah en voyant le regard insistant de Lou sur le cow-boy.
-Je crois qu’il travaille pour Nielson, un de ses chiens de garde je suppose...
Elle avait misé juste. Le cow-boy s’approcha rapidement de la table de Nielson et parla à son oreille quelques minutes, sans même prendre le temps de s’asseoir.
Nielson se leva alors brusquement, renversant son verre. Lou et Noah se figèrent, soucieux de savoir ce qui avait bien pu provoquer une telle réaction. Nielson fouilla rapidement dans la poche de son veston et en sortit quelques dollars qu’il ne prit même pas la peine de compter. Il jeta négligemment les billets froissés sur la table, et sans une seule fois poser ses yeux sur la fille, il suivit l’homme dehors. Il semblait stressé, assailli par la nouvelle qu’il venait d’apprendre.
-Noah ! murmura Lou, il a dû se passer quelque chose ! Allons-y !
Noah et la jeune femme sortirent précipitamment et virent l’homme s’éloigner en vitesse, lui et son complice disparurent dans la nuit. Ils furent bientôt rejoints par Buck et Kid.
-Nielson est sorti, bafouilla Lou, un type est venu le chercher, ça avait l’air important, il a filé !
-On a vu ça oui, répondit Kid, s’ils retournent à l’hôtel Jimmy et Teaspoon vont sûrement les voir !
-Il se passe quelque chose de pas net lança Buck, on ferait mieux d’y aller !
Inquiets de ce qui pouvait arriver si Nielson trouvait Mary Jane et Cody chez lui, les jeunes gens coururent vers le bureau du Marshall et découvrirent Hickok et Teaspoon, les yeux rivés sur la fenêtre du premier étage. Hunter semblait inquiet.
-Qu’est ce que vous faites ici ? demanda-t-il en les voyant arriver en courant.
-Nielson est parti du saloon, expliqua Noah en reprenant son souffle, un type est venu le chercher en vitesse, vous ne les avez pas vus ?
-On n’a vu personne ! répondit Jimmy surpris.
Hunter posa de nouveau les yeux sur la fenêtre de l’hôtel, les sourcils froncés.
-La lumière s’est éteinte il y a dix bonnes minutes maintenant, Mary Jane a dû partir, mais nous n’avons vu personne sortir...
-Teaspoon, coupa Lou affolée, il s’est passé quelque chose dans cet hôtel Nielson avait l’air furieux !
-Mais où lui et ce type dont vous parlez sont passés ? demanda Jimmy.
-Il y a peut-être une autre entrée quelque part ! supposa Kid.
-Je croyais que Mary Jane avait tout répertorié sur un carnet ! s’écria alors Hickok. Je savais bien que ça ne lui servirait à rien ! continua-t-il.
-Hickok ! lança Hunter, c’est pas le moment de s’énerver !
-Pas le moment ? reprit le jeune homme, Mary Jane et Cody sont là-dedans Teaspoon, et elle n’est même pas armée ! Il faut les prévenir !
-Comment ça pas armée ? reprit Noah, Cody lui a appris à se servir d’une arme pour quoi alors !!
-En tout cas c’était pas pour les leçons de tir ! railla Buck.
-Ecoutez, les gars, reprit Hunter, il faut prévenir Cody, et vite ! Il est tout près de la porte en face, et si Nielson et son complice sont bien dans l’hôtel, ils ne sont pas entrés par-là.
A ces mots, une lueur illumina soudain les carreaux colorés de la porte d’entrée de l’hôtel particulier.
-Zut ! Ils sont à l’intérieur ! lança alors Hunter, Mary Jane et Cody ont sûrement des ennuis ! Jimmy, Noah, allez vous poster près de cette fichue porte et attendez mon signal ! Continua-t-il tout en traversant la rue l’arme au poing, Kid, Buck venez avec moi, on va faire le tour ! Lou, tu restes ici et tu nous préviens si un danger se prépare !
Hunter, Kid et Buck disparurent dans la ruelle sombre qui longeait la grande bâtisse. Lou se posta dans le bureau et les mains collées sur la fenêtre, scruta la rue de gauche à droite, priant pour que ses amis soient encore en vie.

Suite

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