Dernière danse


Partie 2

Kid courut pour rattraper Teaspoon qui se dirigeait vers l’écurie ;
- Teaspoon, attendez !
Le vieil homme s’arrêta et considéra le jeune homme ;
- Je peux t’aider, Kid ?
Il eut un petit sourire gêné ;
- Oui... peut-être... enfin...
- Exprime-toi, mon garçon ! l’encouragea le marshall.
- Ben... votre bouquin, là, sur les bonnes manières... il dit ce qu’il faut faire... pour... pour...
- Pour ?
Kid regarda autour de lui s’assurant que personne ne pouvait l’entendre, et continua, presqu’en murmurant ;
- Pour séduire les femmes.
Teaspoon posa une main paternelle sur son épaule ;
- Là, mon garçon, tu as frappé à la bonne porte ! Non seulement, ce livre peut te donner la clef de ce qui est cher au coeur de ces dames, mais je peux te faire aussi profiter de ma grande expérience.
- Mais... le livre dit tout ce qu’il faut faire ou dire pour qu’une femme vous aime bien !
- T’aime bien ! Tu plaisantes ! Si tu appliques les consignes de ce livre, elles seront toutes folles de toi !
Kid eut un léger rire ;
- Toutes ! Il n’y en a qu’une qui m’intéresse !
- Tiens !
Et il lui colla le livre dans les mains ;
- Tu m’en diras des nouvelles !
- Merci, Teaspoon.
Et Kid retourna vers la pièce commune, feuilletant déjà l’ouvrage.

Teaspoon continua son chemin jusqu’à l’écurie où il trouva Jimmy occupé à changer la paille. Le jeune homme ne lui jeta qu’un bref regard, avant de dire ;
- J’espère que vous ne venez pas m’annoncer que je dois encore danser !
- Non. Je viens juste aux nouvelles. C’était qui ?
- Qui ça ?
- La jeune fille à qui tu parlais tout à l’heure.
Jimmy répondit brièvement ;
- Une fille.
- Mais encore...
Jimmy soupira, et dit ;
- C’est une fille qu’on a rencontrée sur le chemin du retour. Il n’y a rien à dire de plus. Et j’aimerais que vous arrêtiez de m’espionner ! C’est contraire aux bonnes manières, non !
- Oui, mais tu travailles pour moi ! Et j’ai le droit de savoir ce qu’elle te voulait, cette fille !
- Rien, je vous dis !
Teaspoon eut une légère moue, avant de reprendre ;
- Je ne voudrais pas que tu t’attires des ennuis !
- Pourquoi vous voulez que cette fille m’attire des ennuis ?
- Justement, je ne sais pas. Simplement, j’espère que tu as assez de jugeote pour éviter les ennuis !
Jimmy hocha la tête et se remit à travailler. Teaspoon n’avait pas réussi à savoir ce que voulait cette jeune fille ; il espérait que ce n’était qu’une histoire d’adolescente amoureuse. Il n’avait plus qu’à s’en retourner, quand Jimmy le rappela ;
- Teaspoon, qu’est-ce que vous feriez si vous saviez que quelqu’un est en danger ?
- Quel danger ?
Il haussa les épaules ;
- Je sais pas. Imaginez qu’un de vos amis est menacé par un ours, mais vous savez qu’il est incapable de se défendre. Et cet ami vous demande de l’aide. Est-ce que vous iriez tuer l’ours ?
Teaspoon s’accouda à la cloison, et sembla réfléchir ;
- Ne pas aider quelqu’un qui est en danger, ça s’appelle de la "non-assistance à personne en danger". On se doit de porter assistance, mais pas de là à risquer sa vie ! Si un ami est menacé par un ours, je lui proposerai de poser des pièges. Tout dépend de la nature de l’ours ! Mais il faut réfléchir, et ne pas foncer tête baissée !
Jimmy eut un léger sourire ;
- Tact et sang froid, c’est ça ?
- C’est ça !
- Et si... si l’ours est une espèce protégée, est-ce qu’il faudrait le tuer quand même ?
- Si cela doit sauver quelqu’un directement menacé, il n’y a pas à hésiter. Mais on n’a pas vu beaucoup d’ours dans le coin, ces derniers temps...
- Juste une hypothèse.
- Que cela reste une hypothèse, alors. Je te laisse travailler.
Teaspoon s’éloigna. C’était sûr, Jimmy lui cachait quelque chose, et cette fille y était pour quelque chose ! Qu’avait-elle pu lui demander ? Pourvu que Jimmy ne fasse pas de bêtises !

Lou, Kid et Jimmy avaient été dépêchés pour aller au ravitaillement. A peine arrivés devant le magasin, Kid se hâta et vint ouvrir la porte à Lou. Celle-ci le considéra avec curiosité, et murmura un "merci" étonné. Presqu’à leur suite, un militaire pénétra dans la boutique de Tompkins, en saluant ;
- Messieurs, bonjour !
- Bonjour, Colonel ! répondit le commerçant, en notant les galons sur la veste.
- Colonel Marshall, messieurs, j’aurais besoin de votre coopération ! Auriez-vous remarqué la présence d’une toute jeune fille dans les parages ?
Hickok avait levé la tête, et considérait le soldat.
- Des jeunes filles, il y en a beaucoup par ici ! fit remarquer Tompkins.
- Celle dont je parle a quatorze ans. Elle est brune, a une natte et doit monter un cheval de l’armée !
- Pourquoi la recherchez-vous ? demanda Lou, soupçonnant la jeune Ellie d’être cette jeune fille.
- Ceci est une affaire militaire ! L’avez-vous vue ?
Tous répondirent par la négative, mais Jimmy s’avançant, jeta un coup d’oeil à l’extérieur, et s’étonna ;
- Vous êtes seul, Colonel ? Je ne pensais pas qu’un colonel rechercherait lui-même une gamine ! Sans escorte, qui plus est ! Vous devriez prendre garde ! Certaines personnes dans le coin n’aiment pas l’armée !
Le colonel se tourna vers lui ;
- Merci, Monsieur pour votre sollicitude, mais je mène mes affaires comme je l’entends ! Et je ne crains pas la témérité de certains illuminés !
- Que doit-on faire si nous voyons cette fille ? demanda Kid.
- Me prévenir immédiatement. Moi et personne d’autre ! Je suis à l’hôtel un moment ; je poursuis mes recherches dans les environs. Puis-je compter sur vous ?
- Bien sûr Colonel, affirma Tompkins. Mais peut-être devriez-vous aller en parler au marshall ?
- C’est une affaire militaire... et secrète ! Bien le bonjour, messieurs !
Et le colonel quitta la boutique. Tompkins hocha la tête ;
- Bizarre ce colonel ! Vous trouvez ce qu’il vous faut, les gars ?
- Oui ! dit Lou, en s’emparant d’un sac de farine. Aussitôt, Kid accourut pour le lui prendre des mains ;
- Laisse !
Lou se laissa faire sans comprendre ce qui arrivait au jeune homme, mais elle n’eut le temps de s’interroger plus longtemps que Jimmy se dirigeait vers la sortie, en lançant ;
- Vous pouvez terminer sans moi ? J’ai à faire !
- Jimmy ?
Il se retourna vers Lou. Dans son regard, il lut son inquiétude, ses conseils... Il lui dédia un léger sourire, avant de refermer la porte sur lui ;
- Qu’est-ce qui lui prend de nous planter comme ça ? dit Kid, surpris par l’attitude de son ami.
- Hickok a dû vouloir se défiler pour ne pas charger les marchandises ! La commande est prête.
- Merci Tompkins.
Kid, chargé du sac de farine, alla à la porte et la tint ouverte à Lou, qui passa, de plus en plus surprise. Elle s’apprêtait à s’attaquer au tas de sacs à charger, quand Kid la devança ;
- Non ! Laisse-moi faire ! C’est trop lourd pour toi !
Elle s’empara quand même d’un sac de haricots que Kid lui retira immédiatement des mains ;
- Mais qu’est-ce que tu fais ? demanda-t-elle agacée.
- Je t’aide.
Lou le regarda dans les yeux, avant de dire ;
- Kid, fiche-moi la paix !

Juché sur son palomino, Jimmy était à la recherche d’Ellie. La prévenir que le Colonel Marshall était en ville, était la moindre des choses. Il essaierait de la convaincre de partir loin. Que pouvait-il faire de plus ? Un cri retentit ;
- Pas un geste !
Jimmy ne put s’empêcher de sourire en reconnaissant la voix de la jeune fille;
- Allez ! Sors de ta cachette ! Je sais que tu n’es pas armée !
Et il vit sortir d’un fourré, la jeune Ellie, rassurée ;
- C’est vous ! Qu’est-ce que vous voulez ?
- J’ai rencontré le colonel Marshall en ville.
Elle avait pâli, mais demanda, la voix sûre ;
- Vous l’avez tué ?
- Non. Je voulais te prévenir ! Pars !
Elle secoua la tête ;
- Hors de question ! Puisqu’il est là, je vais le tuer !
Jimmy descendit de son cheval et fit face à la jeune fille ;
- Et je peux savoir comment tu vas le tuer ?
- J’en sais rien encore, mais je trouverai ! Et il crèvera ! Il va regretter d’avoir tué ma mère et mon frère, et ça ne sera que justice !
- Ce n’est pas ça la justice, Ellie !
- Et en quoi ça vous regarde, vous ! Je croyais que vous ne vouliez pas être mêlé à mes histoires ! Alors, fichez le camp !
- Si ce que tu m’as dit est vrai, la confrontation ne t’amènera qu’à la mort ! Fuis, c’est la seule solution ! Quitte l’état ! Tu as de la famille ?
Elle hocha la tête ;
- A Benton, mais je ne partirai pas tant que cette ordure ne nourrira pas les vautours !
Ellie, les pieds bien ancrés dans le sol, montrait bien sa détermination à ne pas bouger, et à attendre que le colonel la trouve, et la tue peut-être pour retrouver ses 3000 dollars. Jimmy prit sa décision. En un éclair, il emprisonna les poignets d’Ellie, la souleva sur ses épaules et la coucha sur son cheval ;
- Vous êtes fou ! Qu’est-ce que vous faites ?
Jimmy grimpa sur sa monture et maintint solidement la jeune fille sur sa selle ;
- Je t’enlève ! Et je te conseille de ne pas gigoter, si tu ne veux pas que je t’attache !
Il fit partir l’animal, alors qu’elle se rebellait ;
- Mais laissez-moi ! Lâchez-moi ! Laissez-moi descendre !
- Je ne te ferai descendre que lorsqu’on aura franchi la limite de l’état !
- Vous avez pas le droit !
- Va te plaindre au marshall ! Et il te mettra en prison pour vol ! Tu seras bien avancée !
- Je vous déteste ! je vous déteste !
Ellie pleurait de rage. Elle ne voyait qu’une chose ; Jimmy Hickok l’éloignait pas à pas de l’homme qu’elle voulait voir mort. Elle croyait avoir tout prévu. Elle avait volé l’argent, elle était sûre avec cette fortune de trouver un homme qui accepterait de tuer le colonel, mais il avait fallu que ce soit James Hickok qu’elle croise sur son chemin. Ce n’était pas juste !

Cody entra dans la pièce commune, un large sourire illuminant son visage, et il se jeta sur son lit, vraisemblablement content de lui. Buck et Noah se regardèrent, intrigués.
- Pourquoi tu as l’air si content ? se hasarda Noah.
Cody ne répondit que par un petit rire.
- Toi, tu prépares un mauvais coups ! soupçonna Buck.
Et Noah se dressa devant lui ;
- Et tu ferais mieux de nous dire ce que tu manigances au lieu de nous regarder avec cet air niais !
Cody s’assit sur son lit, et s’assurant que ses amis étaient bien à son écoute, commença ;
- Les gars, vous allez chanter mes louanges jusqu’à vos derniers jours, et vous bénirez le ciel d’avoir rencontré un jour William F. Cody !
Buck sourit, moqueur ;
- Tu m’en diras tant ! Et tu peux nous dire à quoi serait due cette éternelle reconnaissance ?
Cody prit un air mystérieux. Noah lança ;
- Désolé de te décevoir, Cody, mais j’ai du mal à croire qu’un jour je te serai reconnaissant à ce point !
- Tu me remercieras, Noah, crois-moi, tu me remercieras !
- Dis-nous !
Cody leur fit un clin d’oeil ;
- Vous le saurez bien assez tôt !
Kid et Lou entrèrent à leur tour dans la pièce commune. Lou semblait passablement énervée ;
- Kid, j’aimerais que tu arrêtes cette comédie ! Depuis quand tu me tends la main pour descendre du chariot ? Et en pleine ville ?
- Je croyais que cela te ferait plaisir...
- J’ai pas envie que tout le monde sache que je suis une fille ! Alors, arrête ça !
Elle regarda Cody, toujours hilare ;
- Qu’est-ce qu’il a, lui ?
- Il prépare un coup à la Cody ! l’informa Noah, qui s’étonna. Jimmy n’est pas avec vous ?
- Non. Il nous a faussé compagnie chez Tompkins. Il est parti comme une furie on ne sait où !
- Bah, il reviendra bien à l’heure du dîner ! les rassura Cody.
- Il faut espérer ! murmura Lou, qui ne pouvait s’empêcher de penser aux conséquences que pouvaient avoir la rencontre de deux êtres tels que Jimmy et Ellie.

Ellie et Jimmy se regardaient en chien de fayence. La jeune fille n’acceptait toujours pas que le jeune homme ait pris sur lui de l’éloigner de son père. Elle avait essayé de fuir, mais il l’avait toujours rattrapée et avait menacé de l’attacher. Ellie avait décidé de se tenir tranquille quelques temps, et à la nuit tombée, elle déroberait l’un des colts d’Hickok et retrouverait son père. Pour le moment, elle l’observait. Ils s’étaient arrêtés pour la nuit, et calé contre la paroi d’un rocher, Jimmy nettoyait son colt. Il avait recommencé l’opération de nombreuses fois qu’elle se sentit le devoir de lui dire ;
- Vous ne devriez pas l’astiquer autant ! Vous allez l’user !
Il leva à peine les yeux vers elle, avant de répondre ;
- Est-ce que je te dis comment faire tes nattes ?
- Si vous êtes toujours aussi charmant, je comprends que vous ayez acquis une telle réputation !
Jimmy arrêta son geste et la regarda froidement ;
- Ma réputation ? Qu’est-ce qu’elle a ma réputation ? Je ne suis qu’un cavalier du Poney Express comme les autres. C’est des personnes comme toi qui font de moi ce que je ne suis pas. Je ne suis pas un assassin et encore moins un tueur à gages !
- Peut-être, mais vous êtes un kidnappeur ! Vous m’avez enlevée !
- Si, comme tu le dis, ton père veut te tuer, je te sauve la vie !
- Et vous sauvez la sienne ! C’est pas humain, Monsieur Hickok !
- Si je te laissais le prendre en chasse, tu n’auras pas fait trois pas que tu auras une balle dans le corps ! Ca c’est pas humain ! C’est de la "non-insistance à personne en danger" !
Elle sourit, et corrigea ;
- Assistance. On dit de la "non-assistance" !
- Si tu veux... Tu es un peu jeune pour mourir !
- Mon frère l’était aussi.
Jimmy baissa la tête quelques secondes, avant de repousser son chapeau, et de la regarder bien en face.
- Si tu m’expliquais vraiment ce qui s’est passé...
- Mon père a volé de l’argent du gouvernement. Il devait convoyer une importante somme, mais une partie a disparu. Il a fait accuser deux officiers. Mais ma mère a tout découvert. Ils se sont disputés, elle a menacé de le dénoncer... il l’a tuée. Mon petit frère était là aussi... Je n’ai eu que le temps d’emporter un peu d’argent et je me suis enfuie... voilà...
Hickok resta silencieux. Il comprenait mieux, mais... Il tenterait de la mettre à l’abri, après, il serait toujours temps d’en glisser un mot à Teaspoon.
- Je suis désolé, mais je ne changerai pas d’avis ! Je t’emmène de l’autre côté de la frontière ! Tu fileras à Benton et tu seras en sécurité.
Ellie décida de ne pas insister. Cet homme ne pouvait pas la comprendre. Il ne pouvait pas savoir la colère et la haine qui bouillonnaient en elle. Elle changea du sujet ;
- Dites, vous faisiez quoi au relais ?
- Rien.
- Sérieusement ! Vous dansiez ? Laissez-moi vous dire que vous n’êtes pas très doué !
- C’était contre ma volonté !
- Pourtant, c’est si agréable de danser ! Moi, j’aime beaucoup. Vous voulez que je vous apprenne ?
- Tu me prends pour qui ? Je suis un cavalier, pas...
Elle avait sauté sur ses pieds, et s’était approchée de lui l’air suppliant ;
- S’il vous plaît, s’il vous plaît, s’il vous plaît... Je n’ai jamais l’occasion de danser avec un homme. Mon père n’a jamais voulu que j’aille au bal ! S’il vous plaît !
Jimmy la dévisagea ; ses yeux pétillaient d’envie ; elle avait l’air d’une petite fille à qui on a promis un jouet. Elle en était touchante. Pourquoi fallait-il que cette gamine veuille se transformer en meurtrière ? Elle lui prit le bras et voulut le faire se lever. Il résista.
- Allez, Monsieur Hickok ! Après vous pourrez épater vos copains !
- J’ai aucune intention de les épater !
- S’il vous plaît ! Pour moi !
Elle était très touchante, et si jeune. Dans un soupir, il se leva en maugréant ;
- Danser comme ça ! Sans musique !
- Vous ne serez pas plus ridicule qu’au relais ! Et l’avantage, c’est qu’ici il n’y a personne !
En effet, Jimmy regarda autour de lui, et vit qu’il ne pouvait y avoir d’endroit plus paisible ; seul l’ébrouement de son palomino se fit entendre. Hickok adressa vers l’animal un doigt menaçant ;
- Tu n’as pas intérêt à te ficher de moi, toi !
Ellie riait, et expliqua ;
- On lève les mains très haut, et vous posez la vôtre sur la mienne ! Non ! Ne la prenez pas ! Posez là juste !
- Et maintenant ?
Ellie fit une légère révérence ;
- Monsieur Hickok, je suis flattée que vous m’offriez cette danse !
- J’ai pas trop eu le choix ! bougonna Jimmy.
Ellie se retint de rire et le reprit ;
- Normalement, vous devez vous courber légèrement vers moi et dire que c’est aussi un honneur pour vous !
- C’est une danse ou un échange de niaiseries ?
Ellie riait ;
- Vous n’êtes pas très coopératif ! L’un ne va pas sans l’autre ! Maintenant, nous allons chacun faire trois pas en avant, en nous regardant au troisième, puis nous nous lâcherons la main, tournerons sur nous-mêmes, et on se retrouvera face à face ! Et on recommence. Vous avez compris ?
- Pas compliqué !
Ils s’exécutèrent et firent quelques pas de danse. Lorsqu’ils se lâchèrent la main, les yeux d’Ellie pétillaient. Elle lui fit une révérence ;
- Merci Monsieur Hickok !
- Je préfère quand même d’autres danses !
- Comme ?
Jimmy esquissa un léger sourire, enlaça la jeune fille, et la fit tourbillonner autour du feu. La tête leur tournant, ils se laissèrent tomber sur l’herbe en riant.
- Alors, c’est pas plus amusant ?
Ellie riait à ne plus reprendre son souffle. Elle réussit quand même à dire ;
- Monsieur Hickok, vous n’avez aucun tact !
- Je sais, confirma celui-ci. Ellie, fais-moi plaisir. Ne m’appelle pas Monsieur. Je suis loin d’être un Monsieur.
- Comment dois-je vous appeler alors ? Wild Bill ?
- Mes amis m’appellent Jimmy.
Ellie toujours allongée dans l’herbe regardait Jimmy penché sur elle. Et d’un ton grave, elle dit ;
- Merci Jimmy.

C’était l’heure du repas au relais. Les cavaliers venaient de rentrer bruyamment, avaient accroché armes et chapeaux à l’entrée comme le préconisait Rachel et s’attablaient. Kid présenta sa chaise à Lou, qui s’y assit en le regardant de travers, et alors que le jeune homme attendait qu’elle s’installe, droit, à côté de sa chaise. Elle l’apostropha ;
- Qu’est-ce que t’as ? Tu as avalé une pelle ?
Kid se résolut à ne pas relever, alors que ses amis riaient de la remarque, et prit place à table.
Teaspoon entra alors que Rachel posait sur la table un plat fumant. Le marshall prit la parole ;
- Avant que vous ne vous jetiez sur la cuisine de Rachel, j’aurais deux questions à vous poser !
Noah fronça les sourcils, et considéra Cody, qui toujours son sourire en coin, baissait les yeux. Noah était persuadé que la farce de Cody allait leur retomber dessus à un moment ou un autre.
- Tout d’abord, j’aimerais savoir où se trouve Hickok ?
Kid et Lou s’échangèrent un regard entendu et Buck répondit le plus sincèrement du monde ;
- Aucune idée !
- Il ne s’est quand même pas évanoui dans la nature ! Kid, Lou, il était avec vous. Alors ?
Kid décida de répondre, et sans mentir avoua ;
- Il est parti quand on était chez Tompkins.
- Où ?
- Il ne nous l’a pas dit.
Teaspoon les jaugeaient du regard. Ses employés avaient la fâcheuse tendance à se couvrir mutuellement, et il se demandait si Kid et Lou, à cet instant, ne protégeaient pas leur ami. Le marshall, lui, espérait que Hickok ne se soit pas une nouvelle fois attiré des ennuis.
- Lou ?
La jeune fille leva la tête, et immédiatement répondit ;
- Non, je ne sais pas où il est allé.
- Tu n’as pas une petite idée ? Tu as fait la course avec lui !
- Et alors ? Il ne me confie pas toutes ses affaires ! Je ne sais pas où il est allé.
Teaspoon dut se résoudre à l’idée de ne pas en savoir plus de la part de ses employés. Il les dévisagea un à un, avant de conclure ;
- J’espère que vous ne serez pas assez stupides pour couvrir Hickok, et j’espère pour vous comme pour lui, qu’il ne s’est pas fourré dans un mauvais pas. Et j’espère qu’il a une sacrée bonne raison d’avoir disparu ainsi, car je ne tolère pas ces absences injustifiées.
Personne ne répondit. Noah, Buck et Cody sentaient qu’il s’était passé quelque chose avec Jimmy, mais pour une fois, ils ignoraient tout de l’escapade de ce dernier. Kid et Lou sentaient comme un malaise. Ils avaient vu Jimmy partir sans pouvoir le retenir. Lou culpabilisait. Elle savait, elle...
Teaspoon reprit alors ;
- Passons alors à la deuxième affaire qui me préoccupe. Je souhaiterais savoir qui a eu la regrettable idée de faire disparaître le phonographe ? Où est-il caché ?
Buck et Noah ouvrirent de grands yeux. Ainsi c’était ça le méfait dont se vantait Cody ! Teaspoon les observait. Il avait noté l’éclat de surprise dans les yeux de Noah et Buck. Il se doutait bien que Cody n’était pas étranger à cette disparition, mais parfois il se trompait, et les autres étaient aussi capables de tels actes.
- Pourquoi nous accuser, il a peut-être été volé ? suggéra Cody, alors que Noah secouait la tête désespéré par le comportement du cavalier.
- Peut-être, approuva Teaspoon. Mais je ne m’ôte pas de l’esprit que l’un de vous, ou vous tous d’un commun accord, par un souci de vengeance, vous ayez décidé de faire disparaître cet appareil. Alors, je vous informe que si dans les 24 heures qui viennent, le phonographe n’a pas réintégré sa place, je me verrai dans l’obligation de soustraire de votre solde son prix, pour que je rentre dans mes frais ! Sur ce, bon appétit !
Tous les regards se posèrent sur Cody qui, pour y échapper, s’empara du plat et se servit copieusement. Ils le remercieraient un jour...


Suite

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