Dernière danse


Partie 1

La fumée des cigares inondait la pièce qui résonnait du brouhaha des consommateurs. Accoudés au bar, Lou et Jimmy, épuisés par une longue course, se restauraient dans le saloon, lorsque les portes s’ouvrirent sur une toute jeune fille ;
- Qui est James Hickok ?
Jimmy ne s’était pas retourné. Lou se doutait qu’il sentait venir les problèmes comme souvent. Elle prit les devants et alla vers l’interlocutrice. Elle était très brune, avec de longues boucles qui tombaient dans son dos. Elle était habillée comme un garçon.
- Qu’est-ce que vous lui voulez ? demanda Lou.
La jeune fille considéra Lou, sceptique ;
- C’est personnel. Vous êtes James Hickok ?
Lou allait lui répondre quand Jimmy surgit et la repoussa doucement ;
- C’est moi. Qu’est-ce que vous voulez ?
La jeune fille regarda autour d’elle. Tous les consommateurs avaient arrêté leurs occupations, curieux de savoir ce qu’une jeune fille voulait à Wild Bill Hickok. Si c’était pour un duel, elle n’avait aucune chance. Elle répéta ;
- C’est personnel !
- Je n’ai rien à cacher à mon camarade !
La jeune fille hésita, mais insista ;
- On pourrait parler dehors ?
Hickok soupira, jeta un coup d’oeil à Lou, puis prit la direction de la sortie. Une fois dehors, il engagea ;
- Alors ?
- Je voudrais que vous tuiez un homme pour moi ! lâcha-t-elle d’une traite
Cette jeune fille lui proposait un contrat. Jimmy voulut s’en assurer ;
- Vous avez dit quoi ?
- Je voudrais que vous descendiez un homme !
Jimmy eut un léger sourire avant de refuser ;
- Non.
Et il rentrait rejoindre Lou sans plus s’occuper d’elle, et n’avait pas encore poussé la porte qu’elle insista ;
- On m’a dit que vous étiez le meilleur ! Je vous paierai, vous savez ! On m’a dit que...
Jimmy se retourna brusquement vers elle ;
- On vous a mal renseignée. Je ne suis pas tueur à gages ! Alors, laissez-moi terminer mon repas et retournez jouer à la poupée !
La jeune fille se trouva dépitée. Elle tourna les talons et quitta le saloon. Lou se rapprocha de son ami ;
- Qu’est ce qu’elle voulait ?
- Que je descende un type !
- Tu crois qu’elle était sérieuse ?
- Je ne sais pas ! Mais je me demande bien qui a pu lui dire que j’étais un tueur !
- Il suffit d’une rumeur, tu le sais très bien !
Jimmy ne répondit pas. Cette réputation de tueur lui pesait . Il n’arriverait jamais à s’en débarrasser ! Lou continua, un peu moqueuse ;
- C’est toujours très intéressant de faire la route avec toi ! Il se passe toujours quelque chose ! Quand tu ne te retrouves pas en prison ou qu’on ne te défie pas en duel, on te prend pour un tueur à gages !
Jimmy haussa les épaules ;
- Si ça se trouve, je gagnerai mieux ma vie à jouer les tueurs qu’à chevaucher en ta compagnie !
Lou se mit à rire ;
- Ne parle pas comme ça, on dirait Cody ! Allez, on devrait se dépêcher, on a encore de la route avant d’arriver au relais !
Jimmy avala une dernière bouchée, déposa quelques pièces sur le comptoir et reprit son chapeau avant de suivre sa camarade qui sortait du saloon ;
- Dis-moi, tu m’as l’air bien pressée de retrouver Kid !
Lou baissa la tête, mais ne put cacher à son ami le sourire qui se dessinait sur ses lèvres.

Au relais, Teaspoon déballait une grande caisse devant les regards curieux de ses employés. Même Rachel avait quitté ses fourneaux pour venir assister au spectacle. Un sourire en coin, Cody lança ;
- Pourquoi tant de mystère ? Vous nous avez inventé quoi cette fois ?
Teaspoon lui lança un regard supérieur ;
- Ce que j’ai ici, c’est un objet qui, j’ose l’espérer, apportera un peu de civilisation et de raffinement dans vos manières de rustres !
- Qu’est-ce qu’elles ont nos manières ? demanda Buck, un peu vexé.
- Vos manières manquent tout simplement de délicatesse, d’élégance et de savoir-vivre ! l’informa Teaspoon.
Noah trouva bon de rajouter ;
- Je vous ferais remarquer que nos manières sont semblables aux vôtres !
Teaspoon lui lança un regard chargé d’éclairs alors que les autres riaient. Il répondit calmement ;
- Mais je te ferais remarquer, mon petit Noah, que moi, je sais me conduire en société, que je sais me tenir au restaurant, et qu’avec les dames, je sais me comporter comme un gentleman. Alors que vous autres, tous autant que vous êtes, à part parler de chevaux ou de colt, vous laver une fois par mois, et toi, à part faire parler ton fouet, vous n’avez aucune éducation !
Cody vint poser une main sur l’épaule de Noah ;
- T’aurais mieux fait de te taire !
Kid et Ike, qui n’étaient pas encore intervenus se lancèrent ;
- Si vous nous disiez enfin ce qu’est cet objet miracle qui est sensé faire de nous des hommes du monde !
L’oeil illuminé de petites étincelles, Teaspoon s’assura que son auditoire était captivé, et sortit enfin de la caisse l’objet mystérieux. Rachel poussa un cri ;
- Un phonographe !!
Elle battit des mains ;
- On va pouvoir écouter de la musique !
Buck s’approcha de la grande corne de l’instrument ;
- Qu’est-ce que c’est que ça ?
- T’es ignorant ou quoi ! lui dit Cody. Tu mets un rond noir là, tu tournes la manivelle, et il y a de la musique qui sort par là !
- Ouais ! confirma Kid, j’en ai déjà vu un ! Pour une fois, vous avez eu une bonne idée, Teaspoon !
Ike fit quelques signes que Buck confirma aussitôt ;
- Ike a raison, il ne faut pas se réjouir trop tôt ! Ca doit cacher quelque chose !
Cody fronça les sourcils ;
- C’est quoi l’embrouille, Teaspoon ? Vous n’avez pas les ronds noirs, c’est ça ?
Teaspoon en sortit de la caisse ;
- Qu’est-ce que vous pouvez être méfiants !
Noah était sceptique ;
- En quoi écouter de la musique améliorera nos manières ?
- Qui n’ont pas besoin d’être améliorées ! précisa Cody.
Teaspoon fit claquer sa langue ;
- Ce n’est pas seulement de la musique !
Et il lui tendit un des disques. Noah le prit avec précaution, et lut ce qui était inscrit dessus ;
- "Le menuet et autres danses de salon" ! Vous êtes tombés sur la tête, Teaspoon ? Vous allez pas nous faire danser des "danses de salon" ?
- Il en est hors de question ! ponctua Buck, préférant s’éloigner avant qu’on ne le fasse danser.
Ike avait ouvert de grands yeux, et partit en courant. Noah rendit le disque à Teaspoon ;
- Ce sera sans moi ! Je ne fréquente pas souvent les salons !
Teaspoon resta seul devant Kid, Cody et Rachel ;
- Alors, les gars ?
Cody secoua la tête ;
- Vous nous avez faire des choses plus folles les unes que les autres, mais là... Chapeau ! Et il le salua, avant de s’éloigner.
- Kid ?
Il hésitait ;
- Ben... Je ne sais pas... Peut-être que Lou aimera... mais elle est pas là... alors...
A court d’arguments, il rejoignit ses amis. Rachel sourit ;
- Moi, je trouve que c’est une bonne idée ! La musique adoucit les moeurs, c’est bien connu ! Et ça ne leur fera pas de mal ! Ils se laissent un peu aller parfois ! Teaspoon secouait la tête en considérant ses gars qui tentaient de disparaître de sa vue ;
- Je m’attendais à cette réaction ! Mais je ne vais pas en rester là !

Lou ralentit son cheval, et le remit au pas. Jimmy fit de même ;
- Qu’est-ce qu’il se passe ?
- On est suivi, lui fit-elle remarquer.
- Je sais.
Il jeta un bref coup d’oeil en arrière et vit la poussière des pas du cheval.
- C’est encore la fille de tout à l’heure ! dit Jimmy. Elle nous suit depuis qu’on a quitté la ville ! Je pensai qu’on la sèmerait mais elle s’accroche !
- Elle doit avoir de sérieux ennemis !
- On va l’attendre, et je lui ferai passer l’envie de nous suivre !
- Tu vas pas la tuer quand même ?! s’exclama Lou.
- Non, mais je peux lui faire croire...
- Tu es fou !
Ils attendirent calmement que la cavalière arrive à leur hauteur, et là, Jimmy tira son arme ;
- Qu’est-ce que t’as à nous suivre ?
La fille soupira après sa longue course ;
- Enfin, vous vous êtes arrêtés !
- Réponds, qu’est-ce que t’as à nous suivre ?
Elle ne semblait nullement effrayée par l’arme. Elle dit simplement ;
- Je vous l’ai dit, je voudrais que vous descendiez un homme !
- Je ne suis pas un tueur à gage !
- Tant pis ! J’ai besoin de vous !
- Qui es-tu ? demanda Lou.
- Je m’appelle Ellie.
- Tu as quel âge ? continua Jimmy.
- Quatorze ans.
- A quatorze ans, on ne s’amuse pas à assassiner les gens, et encore moins à donner des contrats. Rentre chez toi !
- Je vous suivrai jusqu’à ce que vous acceptiez !
Jimmy la considéra. Elle n’avait que quatorze ans, mais elle en faisait beaucoup plus tant son regard était ferme et décidé. Il secoua la tête ;
- Qui c’est que tu veux tuer ?
- Mon père.
Lou tressaillit. La jeune fille avait dit cela sans aucune émotion. Jimmy eut un sourire ;
- Si c’est parce qu’il t’a privée de dessert que tu veux le tuer, je crois qu’il y a d’autres moyens de résoudre la question !
Ellie dit alors d’une voix grave ;
- Si je ne le tue pas, c’est lui qui me tuera !
Lou vit les problèmes se profiler à l’horizon. Il fallait éloigner Jimmy avant que celui-ci ne se lance à corps perdu dans les ennuis.
- Jimmy, ses histoires ne nous regardent pas! Viens, on a encore du chemin !
Le cavalier jeta un regard à Lou et s’adressa à Ellie ;
- Va voir le shérif. Moi, je peux rien pour toi !
Et il fit repartir son palomino, sans un regard en arrière.

Ike grimpa sur son cheval, et fit un clin d’oeil à Buck.
- N’en fais pas trop, Ike ! lui conseilla son ami. Ce n’est pas parce que tu pars en course que tu vas échapper à la folie de Teaspoon ! Tu ne perds rien pour attendre !
Ike lui adressa un petit geste moqueur, et voyant la poussière des sabots d’Hickok et Lou qui rentraient, il lança son cheval. Buck grommela ;
- C’est ça ! Bonne chance ! Je ne sais pas qui va en avoir le plus besoin !
- Bonne route Ike, cria Lou en arrivant à la hauteur de Buck.
- Tu parles, c’est un lâcheur ! lui dit l’Indien.
- Qu’est-ce qu’il se passe ? demanda Jimmy sautant au bas de son palomino.
Il n’avait pas l’habitude de voir son ami de si mauvaise humeur. Buck lui répondit avec une grimace ;
- Teaspoon ! Il est encore pris d’une de ses lubies !
- Qu’est-ce qu’il a inventé cette fois ? demanda Lou curieuse, de connaître la dernière excentricité du moment.
- Ca va vous réjouir ! Il a décidé d’améliorer nos manières qu’ils jugent trop rustres !
- J’aimerais bien savoir comment il va s’y prendre !
- Ne sois pas si impatient ! Il s’est mis en tête de nous apprendre des danses de salon !
La tête que fit Jimmy exprima clairement le dégoût que cette idée suscitait en lui, mais cela semblait amuser Lou, qui d’ailleurs ne prêtait pas trop d’importance aux préoccupations de Buck. Elle venait d’apercevoir Kid et courut à lui ;
- Lou ! Tout va bien ?
- Moui ! Pas fâchée d’être rentrée ! Qu’est-ce qui s’est passé, ici ? Buck a l’air... énervé.
Kid sourit ;
- C’est Teaspoon. Il s’est mis dans la tête de nous apprendre à danser, pour que l’on soit présentable à la grande société !
- La grande société ? Depuis quand on fréquente la grande société ? J’ai pas l’intention d’aller danser à la Maison Blanche ! Le bal de Rockcreek me suffit. Il a des idées bizarres, Teaspoon !
- Il voudrait aussi qu’on améliore nos manières. Qu’on soit poli et respectueux !
Lou secoua la tête ;
- N’importe quoi ! A croire qu’il a honte de nous ! Je vais me laver.
Et Lou prit la direction de la douche. Cody, qui espionnait ses amis de l’angle de la grange, rejoignit Kid ;
- Si tu n’arrives pas à séduire Lou avec les leçons de Teaspoon, tu pourras toujours faire des révérences à ton cheval !
Kid fronça les sourcils, mais ne répondit pas. Il préféra s’éloigner. Cody continua ;
- Quoi ? Un peu de savoir-vivre que diable !

- Buck, passe-moi les pommes de terre, demanda Hickok, installé à table.
Buck allait s’exécuter quand Teaspoon l’interrompit ;
- Non, Jimmy.
- Quoi ? Jimmy fronçait les sourcils. Teaspoon le reprit ;
- On ne dit pas "quoi", mais "comment". Et je te prierai de demander les pommes de terre à Buck convenablement !
Jimmy jeta un regard d’incompréhension à ses amis, avant de répondre ;
- Vous voulez pas que je lui demande à genoux, quand même ?
- Buck, aurais-tu l’obligeance de me passer les pommes de terre, s’il te plaît ? Tu peux répéter.
Jimmy dévisagea ses amis, qui se retenaient de rire. Buck, tenant le plat de pommes de terre attendait sagement que Jimmy fasse sa demande poliment. Hickok prit une grande inspiration, avant de dire très vite ;
- Buck, aurais-tu l’obligation de me passer les pommes de terre ?
- L’obligeance, ignorant. Ca ne veut rien dire "aurais-tu l’obligation". L’obligeance. Recommence ! reprit Teaspoon, alors que les rires étaient de moins en moins contenus. Jimmy soupira ;
- J’veux pas dire, mais "aurais-tu l’obligeance", ça ne veut rien dire non plus ! C’est bien parce que j’ai faim ! Buck, aurais-tu l’obligeance de me passer les pommes de terre ?
- S’il te plaît, continua Buck.
Et dans un dernier effort, alors que ses collègues éclataient de rire, Jimmy souffla:
- S’il te plaît.
Et Buck tendit enfin le plat tant convoité. Jimmy le prit, se servit copieusement, en bougonnant ;
- Si à tous les repas, c’est comme ça, je crois que je vais me passer de manger !
- Sérieusement, Teaspoon, c’est quoi cette nouvelle façon de parler ? D’où vous sortez ça ? demanda Kid.
Teaspoon sortit de dessous la table un livre qu’il leur présenta ;
- Le manuel du savoir-vivre, les gars ! Avec ce livre, vous apprendrez comment vous comporter en société, comment parler avec raffinement, comment discuter avec une dame,... Et le monde en sera adouci. Certaines personnes nécessitent qu’on leur parle avec égard !
Cody se mit à rire ;
- J’imagine bien Jimmy dans un duel dire à son adversaire ; "auriez-vous l’obligeance de vous faire tuer ?"
Jimmy regarda d’un oeil noir son ami, avant de lancer ;
- Aurais-tu l’obligeance de la fermer... s’il te plaît ?
Teaspoon croisa les bras, satisfait ;
- Voilà ! Alors, c’est pas mieux comme ça ?

Les cavaliers se tenaient adossés à la barrière du corral, considérant avec méfiance leur employeur. Il avait sorti le phonographe, un manuel et Rachel se tenait près de lui. Buck ne put s’empêcher de souffler à ses amis ;
- Si Rachel se met contre nous, on est cuits !
- Attendons de voir pourquoi il nous a rassemblé... proposa Noah.
Cody secoua la tête ;
- Mon pauvre Noah, tu ne connais pas Teaspoon comme on le connaît ! Quand il a cette petite lueur dans les yeux, en général, il faut fuir... loin... très loin.
- Et Ike qui est parti ! Il doit bien rigoler en nous imaginant à la merci de Teaspoon ! reprit Buck.
- Moi, je vous dis tout de suite, il me fera pas danser ! prévint Lou, butée.
- Même avec moi ? demanda Kid.
Lou haussa les épaules ;
- On a déjà dansé ensemble.
Jimmy, encore énervé après le repas, lança ;
- Je crois qu’il est temps que Teaspoon se trouve une femme ! Ca nous évitera de subir ses lubies !
Teaspoon, jusque là occupé à installer le phonographe, s’éclaircit la voix et prit la parole ;
- Les gars, je vous ai réunis pour vous enseigner des danses qui feront de vous des hommes du monde.
- Ca me servira pas à grand chose ! fit remarquer Noah.
Teaspoon hocha la tête ;
- Je sais ce que tu penses Noah. Et toi aussi Buck. Pourquoi apprendre à se comporter en société, quand la société vous rejette ? Je vais vous répondre. Parce qu’il arrivera un jour où le monde va changer, où les esprits vont s’ouvrir et cette société vous ouvrira ses portes ! Et vous me déshonoreriez si vous n’y teniez pas votre place ! Alors, soyez attentifs ! Bon, Rachel va nous prêter son concours. Qui est volontaire pour s’essayer au Menuet ?
Le silence s’abattit sur les cavaliers, qui furent soudain captivés par leurs pieds. Teaspoon croisa les bras ;
- Allez ! Montrez un peu plus d’enthousiasme !
Jimmy jugea bon de corriger ;
- On dit "ayez l’obligeance de montrer un peu plus d’enthousiasme" !
Teaspoon tourna légèrement la tête de côté et considéra Jimmy ;
- Je suis fier de voir que tu prends goût à mon enseignement. Tu ne verras donc pas d’objection à venir faire une démonstration pour tes camarades, Monsieur Hickok ?
Les autres éclataient de rire, alors que Jimmy devenait blême. Cody poussa même un soupir de soulagement ;
- Heureux que tu aies ouvert la bouche avant moi !
- Pourquoi vous vous en prenez toujours à moi ? Qu’est-ce que je vous ai fait ? demanda Jimmy, sans bouger.
Teaspoon lui dédia un sourire moqueur ;
- Parce que je sens que danser le Menuet, cela va t’aller comme un gant !
Jimmy se déplaça lentement, sous les quolibets de ses amis ;
- Allez, Jimmy ! Montre-nous que tu as le rythme dans la peau !
- Montre-nous quel homme du monde tu es !
Jimmy se tint face à Teaspoon, qui mit en marche le phonographe ;
- Qu’est-ce que je fais maintenant ?
- Rachel va être ta cavalière, alors sois-en digne !
Dés que la musique résonna, Jimmy prit la main de Rachel, et l’enlaça comme il l’aurait fait de sa cavalière au bal ;
- Bas les pattes, Hickok ! Ote tes sales pattes de Rachel !
Jimmy lâcha immédiatement la jeune femme qui s’amusait beaucoup. Cela la distrayait de ses tâches quotidiennes.
- Quoi encore ? On doit pas danser ?
- Le menuet est une danse gracieuse, toute en retenue. L’homme et la femme doivent à peine s’effleurer...
- Je croyais moi, que danser, ça servait à rapprocher les gens ! N’est-ce pas Kid ! jeta Buck.
Kid l’ignora, alors que Lou adressait une grimace au Kiowa.
- Bien sûr, confirma Teaspoon. Mais avec tact !
- C’est quoi le tact ? demanda Kid.
- C’est ce que Jimmy n’a pas ! Ce n’est pas la fête des moissons, où tu te contentes de tressauter...
- Moi, je tressaute ? protesta Jimmy.
- Oui, tu tressautes, et pas de la manière la plus élégante qui soit !
- Je ne tressaute pas, Teaspoon. Insista Jimmy que la colère commençait à animer
- Si tu tressautes !
- Je ne tressaute pas !
Et Jimmy sortit son arme, se retourna et tira plusieurs coups dans les pieds de Cody, qui dut exécuter une petite danse pour éviter les balles.
- C’est ça tressauter !
- T’es malade ! cria Cody.
Jimmy rangeait son arme, content de lui, quand il aperçut à quelques distances de là, un cavalier, ou plutôt une cavalière. Ellie, qui avait dû les poursuivre, Lou et lui, était là à les observer. Teaspoon faisait déjà éclater sa colère ;
- C’est pas vrai, ça ! Vous ne faites rien sérieusement ! Tire-toi de là, Hickok. Cody, en piste !
- Non, Teaspoon, pas moi ! Kid, il veut bien, lui !
- Cody !!!
Jimmy ne prêtait déjà plus attention à ce qu’il se passait autour de lui. Cette gamine avait jugé bon de le suivre jusque-là ; elle devait être sacrément déterminée. Lou avait noté le soudain changement qui s’était opéré chez son ami ; elle suivit la direction de son regard et aperçut Ellie. Elle soupira. Jimmy se dirigeait droit vers elle... et sûrement droit vers les ennuis

Jimmy s’approcha de la jeune femme ;
- Tu ne te fatigues jamais, toi ?
Un éclair de curiosité s’était allumé dans ses yeux.
- Je peux savoir ce que vous faites ?
Jimmy jeta un bref regard en arrière et vit Cody en train d’exécuter quelques pas au son de la musique.
- T’occupe pas de ça ! Qu’est-ce que tu fais encore là ?
Elle sourit ;
- Vous étiez en train de danser ?
Jimmy était peu enclin à paraître ridicule devant la jeune fille. Il s’énerva ;
- Bon sang, qu’est-ce que tu veux ?
Les yeux de la jeune fille redevinrent graves ;
- S’il vous plaît, aidez-moi !
- Ecoute, Ellie ? Ellie, c’est ça ? Ecoute-moi, je ne sais pas ce qu’on t’a dit sur moi, mais je ne suis pas un tueur. Et je n’irai pas risquer la potence pour commettre un meurtre pour toi. Va voir le shériff si tu as un problème avec ton père !
- C’est vous qui ne comprenez pas ! Mon père veut me tuer ! Il me poursuit et s’il m’attrape , je suis morte !
L’histoire de la jeune fille commençait à intriguer Jimmy. Elle était assez déterminée pour le suivre, et semblait effrayée.
- Mais pourquoi ton père voudrait-il te tuer ?
- Je lui ai volé 3 mille dollars !
Jimmy ouvrit de grands yeux ;
- Normal qu’il soit en colère !
Ellie continua ;
- C’était la seule façon de me venger ! Prendre sa fortune !
- Et qui c’est ton père ?
- Le Colonel Marshall
Un militaire ! Cette gamine lui demandait de tuer un militaire, un colonel qui plus est ! Jimmy secoua la tête en souriant ;
- Non... Tu ne vas pas me mêler à ça ! Tu vas lui rendre son argent, et puis l’affaire sera réglée.
- L’affaire ne sera réglée que lorsque l’un de nous sera mort. Et je préférerai que ce soit lui !
- Le colonel Marshall... qu’est-ce qu’il t’a fait ? Pourquoi tu voulais te venger ?
- Il a tué ma mère et mon frère. Ca vous suffit comme raison !
Jimmy soupira ;
- Ellie, je... je peux pas...
- Vous aurez ma mort sur la conscience ! Il est déjà sur mes traces ! Je l’aurais bien tué moi même... Mais je n’ai pas d’arme.
Jimmy sourit ;
- Tu vis dans une caserne, tu penses à t’enfuir en volant trois mille dollars, mais tu penses pas à prendre des armes...
- Je sais... C’est pas drôle ! Il va me tuer ! Et je ne veux pas mourir ! Pas par lui !
Jimmy ne savait que dire. Il ne pouvait en parler à Teaspoon, car Ellie avait quand même commis un vol. Il ne voulait pas se mêler à une histoire de famille, mais la détresse de la jeune fille le touchait.
- Je vous en prie...
Il secoua la tête ;
- Je sais pas.
Ellie prit alors un air résigné ;
- D’accord. Je me débrouillerai toute seule ! Bien le bonjour, Monsieur Hickok !
Et elle s’en retourna lentement. Jimmy restait songeur. Avait-il le droit de se voiler la face ? Il entendit la voix de Lou derrière lui ;
- Tu as bien fait.
Jimmy soupira ;
- J’en suis pas si sûr.


Suite

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