La voix du coeur
Chapitre I
Cela fait maintenant quelques temps qu'au relais, les disputes s'enchainent, soit pour savoir qui va nettoyer l'écurie, soit pour mettre la table. En fait, depuis que Teaspoon et Rachel sont partis à Denver pour négocier une augmentation de salaire, l'ambiance est tendue.
La seule à ne rien dire, c'est Lou, elle est renfermée sur elle-même et ne prête pas attention aux autres.
Ce matin là, Jimmy s'approche de Lou qui est en train de se reposer et lui dit :
"Lou, je sais que tu viens de rentrer, mais j'ai reçu une lettre de Teaspoon m'informant d'aller au plus vite amener ce colis en Oklahoma, à Tulsa plus précisément. Et...
- Pourquoi moi ? coupa Lou.
- Et bien, Teaspoon m'a demandé d'envoyer Kid ou toi car vous êtes rapides...
- Kid ne peut pas y aller ? coupa à nouveau Lou d'un ton sec.
- Enervé comme il l'est... Il est impulsif et j'ai peur qu'il lui arrive quelque chose, pas toi ?
- Moi, je m'en moque. Entre nous, c'est fini. Mais j'y vais.
- Merci, t'es super." répondit Jimmy.
Louise s'en va sceller son cheval et retourne voir Jimmy qui prépare le dîner :
"Dis-moi combien de temps tu mets pour y aller ?
- Où ?
- Ben, à Tulsa.
- Moi... je mets environ trois jours.
- Y aura-t-il quelque chose à ramener ?
- Non pourquoi ?
- Et bien, avant que Teaspoon parte, je lui avais demandé deux jours pour aller voir mon frère et ma soeur...
- Ah oui ! Il me l'a dit et c'est d'accord."
A ce moment-là, entrent les autres cavaliers en pleine dispute.
"Au revoir, "petite soeur", dit Jimmy en rigolant, et pas de bêtise hein ?"
Ils se taisent tous et Lou répond :
"C'est promis "grand frère", en rigolant aussi.
- Et où va "petite soeur de grand frère", dit Cody ironiquement en s'adressant à Jimmy.
- "Petite soeur" va justifier son salaire...
- Je vais travailler, chose que certains ne font pas beaucoup, rétorqua Lou à Cody. Sur ce, j'y vais."
Et elle part au galop.
Lou n'allait pas bien car cela faisait quelques temps que Kid avait rompu avec elle.
Cette séparation, même si elle ne le laisse pas paraître, lui fait mal au plus profond d'elle. Alors, partir est une façon de se changer les idées.
Après son passage à Tulsa, elle se rend à Saint Jo. Là, elle rend visite comme prévu à son frère et sa soeur, à qui elle amène des cadeaux.
A l'hôtel où elle est descendue, un homme la bouscule dans les escaliers et lui renverse de l'encre sur sa robe.
"Mademoiselle, je suis confus. Tellement navré...
- C'est pas grave, interrompit Louise, je l'emmenerai demain chez la blanchisseuse.
- Je vous rembourserai le nettoyage. Je m'appelle Benjamin Cooper.
- Moi, c'est Lou... Louise McCloud. Pour le nettoyage, ce n'est pas la peine...
- J'insiste, et ce soir, pour m'excuser, me feriez-vous l'honneur de dîner à ma table ?
- Oh..
- Je vous interdit de refuser, dit-il avec un sourire convaicant. Alors ?
- C'est d'accord, mais avant, je vais me changer et j'arrive.
- Je vous attends."
A table, Benjamin lui raconte sa vie.
"Je suis banquier à New York et je cherche à investir. Mes conseillers m'ont fait savoir que dans l'Ouest, on trouve l'or au fond des ruisseaux. Du coup, j'ai engagé des hommes pour le chercher. Et vous très chère ?
- Moi, Monsieur...
- Non, Ben.
- Ben, je vis non loin d'ici à Sweetwater..." Et elle lui raconte sa vie.
Et la soirée passe.
Tout à coup, au milieu de la nuit, on entend des éclats de voix. Louise, comme toutes les personnes de l'hôtel, sort de sa chambre. Elle aperçoit Ben en train de se disputer avec un homme grand et fort.
Le marshal, prévenu par le gérant de l'hôtel, monte pour calmer le jeu, ce qu'il réussit à faire sans aucun mal.
Un moment après l'acalmie, Louise frappe à la porte de Ben :
"Tout va bien Ben?
- Oui, Louise.
- Si vous avez besoin je suis là.
- Merci, mais tout va bien.
- Vous êtes sûr ? Vous savez parler ça fait du bien. Bonne nuit, Ben.
- Entrez Miss. Louise entre et il continue. Cet homme est un maître chanteur, il veut de l'argent ou sinon il va révéler au monde entier que j'ai eu une liaison avec une entraineuse, Liz. Et si dans le monde des affaires cela se sait je cours droit à la faillite.
- Depuis quand vous fait-il ce chantage ?
- Cela fait six mois. Six mois de calvaire."
Il s'arrête et émet un long soupir.
"L'histoire ne s'arrête pas là, n'est ce pas ?
- Non, nous avons eu un enfant, un garçon, Junior. Liz est morte en le mettant au monde. Et depuis, il est à l'orphelinat ici.
- Pourquoi ?
- C'est l'enfant du péché. Et puis pour les affaires c'est pas bon.
- Pardon, l'enfant du péché mais vous avez aimé Liz, dit Louise, et puis, vous êtes son père, cet enfant ne demande que de l'attention et de l'amour. Un enfant est unique, et ça vaut tout l'or du monde.
- Mais...
- Non, taisez-vous, coupa Lou, de toute façon vous êtes borné alors à quoi bon discuter avec vous."
Et elle sort de la chambre.
Ne pouvant dormir, elle décide de rentrer à la maison, en espérant que l'ambiance y soit meilleure qu'à son départ.