Le Poney Express


Parties 49 à 51

49

Ils trouvèrent un petit coin qui semblait agréable et mirent pied à terre pour manger un morceau. Mag qui, la veille, avait rangé ce qui restait du lapin, eut la charge de partager ce qu'elle avait conservé. Elle constata qu'ils en auraient suffisamment pour eux trois. Il ne finirait probablement pas tout. Chasseur s'était couché dans l'herbe au pied du cheval blanc qui broutait tranquillement. Durant toute la durée de leur déjeuner, il ne bougea pas. Il resta sagement à sa place. Cody en fut surpris. Il avait tout d'abord pensé que l'odeur de la viande l'attirerait près d'eux. Il commençait à avoir en un peu moins peur, mais il restait intrigué par l'animal. Il n'avait jamais approché de loup d'aussi près et il lui semblait que l'animal n'avait pas l'air si féroce que cela. Cependant, il avait appris à ne jamais se fier aux apparences. S'il venait à se mettre en colère, il pourrait se montrer redoutable. P.V. n'avait pas remarqué le regard de Cody fixé sur son compagnon à fourrure couché près des chevaux. Lorsqu'elle eut fini de manger son morceau de viande, elle émit un léger claquement de langue. Chasseur dressa immédiatement la tête et regarda sa jeune maîtresse. Celle-ci lui sourit et lui montra l'os qu'elle tenait. Sans une hésitation, le loup se leva et vint le chercher. C'est avec douceur qu'il prit l'os de la main de P.V.. Puis d'un coup de mâchoire, il le brisa. Il lâcha les morceaux de l'os à terre et se mit à lécher la moelle qu'ils contenaient. L'indienne le regarda faire tout en caressant la tête de son compagnon. Elle lui grattait l'oreille comme elle savait qu'il aimait cela. Cody la regarda faire. Il ne connaissait pas grand chose aux loups, mais il ne se serait jamais risqué à caresser un loup qui mangeait. Il enviait un peu la jeune femme, mais en même temps il craignait pour elle. Entre les pattes de l'animal, elle semblait si frêle et fragile. Et s'il venait à se retourner contre elle un jour ? Cody n'osa même pas imaginer ce que cela donnerait. Il sortit de sa rêverie et demanda à P.V. :
"Tu sembles beaucoup l'aimer, n'est-ce pas ?"

P.V. continua de caresser son compagnon, mais elle tourna la tête vers le cow-boy. Celui-ci regardait le loup qui continuait d'extraire des morceaux d'os la moelle qu'il aimait beaucoup. L'indienne n'eut donc pas de mal à savoir que c'était de Chasseur qu'il parlait. Elle lui répondit :
"Oui, beaucoup. Il est tout ce qu'il me reste, maintenant.
- Il est avec toi depuis longtemps ? poursuivit Cody désireux de savoir à quel point leur entente était solide.
- Je l'ai élevé depuis qu'il est tout petit. répondit-elle. Les chasseurs ont tué sa mère alors qu'il venait de naître. Je l'ai recueilli et soigné. Depuis, il est toujours avec moi."

La voix de P.V. eut une légère pointe de tristesse dans ces deux réponses. Bien que passagère et qu'elle eut essayé de ne rien montrer, Cody s'en rendit compte. La jeune femme semblait triste dès qu'elle parlait de ses origines. Il aurait voulu savoir pourquoi, mais ne voulant pas lui faire de peine, il n'en dit mot. Il jugea qu'il pourrait toujours demander à Mag plus tard.

Les nouveaux amis ne s'attardèrent pas de trop pour ce repas. Cody avait hâte d'arriver, et Mag tout comme lui avait envie de rencontrer ces gens dont le cow-boy leur avait dit tant de bien. Rapidement, la jeune blanche ramassa les restes du repas qu'elle emballa une nouvelle fois soigneusement. Cody avait l'air de penser qu'ils seraient bientôt arrivés. Il n'était pas mécontent d'avoir aussi bien avancé depuis leur départ du fort. Ayant beaucoup discuté avec Mag, il n'avait pas vu le temps passer. Il se rendit compte que sans la présence des deux jeunes femmes le voyage lui aurait probablement paru beaucoup plus long et plus ennuyeux. Dès que Mag eut fini de ramasser les derniers restes, ils remontèrent en selle et ils se mirent de nouveau en route. La jeune blanche qui sentait aussi l'approche du relais et de son premier contact avec le Poney Express garda le silence. Elle n'osait l'avouer, mais elle avait un peu peur qu'elles ne soient pas acceptées. Elle souhaitait avoir le poste. Le prestige de travailler pour la compagnie de transport rendrait certainement son père fier d'elle. La jeune femme était sûre que celui-ci l'était déjà, mais elle ne souhaitait pas le décevoir. Elle s'inquiétait donc un peu pour leur avenir à elle et à P.V.. Cody gardait aussi le silence. En se rapprochant, il prenait conscience des difficultés que les deux jeunes femmes auraient à surmonter pour avoir le poste. Il chercha donc des réponses à apporter à qui lui ferait des remarques. Il tenait vraiment à remercier ses nouvelles amies. Sans elles, il serait probablement mort, il n'en doutait pas. Et puis, elles semblaient pouvoir se montrer digne de la place. Bonnes cavalières, elles ne semblaient pas craindre les longs trajets à cheval. Elles avaient largement la capacité de se défendre. Il jugeait donc qu'avec toutes ces qualités elles devraient pouvoir obtenir le travail sans trop de mal. Néanmoins, il cherchait les meilleurs arguments et essayait de les formuler de sorte à ce qu'ils ne laissent aucune chance à une réplique négative.

P.V. ne s'inquiétait pas de trop. Elle préférait profiter de la forêt, et observer les bois qui l'environnaient. Le coin lui paraissait plutôt agréable, y vivre serait peut-être une bonne idée. Elle était suffisamment loin des douloureux souvenirs qu'elle gardait de ses collines, sans pour autant en être trop éloignée. Peut-être qu'un jour, elle aurait la force d'y retourner. Chasseur marchait docilement à ses côtés. Elle se demanda alors s'il arriverait à s'adapter à la région. Il n'était pas évident qu'il parvienne à s'habituer. Elle n'était pas sûre de pouvoir continuer de vivre sans lui. Il était vraiment tout ce qui lui restait avec Esprit Sauvage. Elle finit par chasser ces idées de sa tête. L'indienne préférait penser que le loup aurait suffisamment d'amour pour elle pour vivre là où elle s'installerait. Elle se mit donc à calculer le temps qui devait leur rester pour arriver. D'après la carte du père de son amie, le Fort n'était pas si loin que cela de la petite ville de Sweetwater. Ne sachant pas lire, c'était Matt qui lui avait lu les noms des principaux sites que la carte indiquait. P.V. avait une bonne mémoire, elle avait donc retenu facilement les différents noms. Matt avait été surpris plus d'une fois. Ils avaient passé beaucoup de temps ensemble. C'est lui qui avait contribué à réconcilier la jeune indienne effarouchée avec les blancs qu'elle croyait tous cruels. Il avait été patient et gentil avec elle. P.V. se demanda alors si elle le reverrait. Probablement que oui, si elles obtenaient le poste à Sweetwater, elle pourrait toujours tenter de retourner au ranch pour le voir.

Mais avant elle devait avoir réussi à chasser ses cauchemars et ses mauvais souvenirs. La jeune indienne finit par sortir de ses pensées pour se rendre compte que les deux jeunes gens qui l'accompagnaient étaient silencieux. L'un comme l'autre avait l'air de méditer quelque chose d'important pour eux. Elle ne voulait pas les déranger aussi, elle se remit à observer le paysage. Mag et Cody gardèrent le silence encore un moment. Puis la jeune femme posa une question au cow-boy et aussitôt la conversation reprit de plus belle. P.V. sourit en les entendant. Il lui semblait qu'ils essayaient de rattraper le temps qu'ils avaient perdu en rêvassant. Ils continuèrent donc à avancer en direction de Sweetwater. La journée s'écoula à son rythme et alors que le soir arrivait, les trois amis aperçurent enfin un groupement de maison. Cody leur déclara alors : "C'est le relais !"


50

Le relais qu'ils avaient devant eux était constitué de trois maisons. Il semblait petit et isolé. Cody leur avait dit qu'il était en dehors de la ville, mais Mag avait pensé qu'il était tout de même à côté. Cela ne semblait pas être le cas. Sweetwater ne devait pas être loin. Cody tout excité à l'idée de présenter ses deux nouvelles amies accéléra le rythme. P.V. et Mag le suivirent. Alors qu'ils se dirigeaient vers les bâtiments, la jeune indienne aperçut Chasseur qui s'éclipsait vers la forêt. C'était son heure de liberté, donc elle ne tenta pas de le rappeler, bien qu'elle aurait préféré l'avoir près d'elle. Mais en même temps, elle jugeait que pour le premier contact avec les amis de Cody, il valait mieux qu'il ne se montre pas tout de suite. Elle aurait ainsi le temps de savoir si elles allaient rester ici ou non et si le cas se présentait de trouver le meilleur moyen pour l'introduire. Le petit groupe atteignit rapidement le groupement de maisons. Un jeune homme était devant la porte d'un bâtiment. Il n'était pas très grand. Ses cheveux étaient brun assez court et il portait une paire de lunettes. Il n'avait pas de chapeau et était vêtu d'un pantalon noir et une chemise blanche par-dessus laquelle était passé un petit gilet marron clair.

Cependant, en l'observant un peu P.V. remarqua quelque chose qui la surprit un peu. Ce jeune homme avait des traits de visage plutôt fins et délicats. Cela donnait une impression un peu bizarre. Mais pour ne pas le mettre mal à l'aise, elle ne détailla pas la chose plus profondément et se concentra sur l'échange de paroles qui débutait. C'est le jeune inconnu qui ouvrit la conversation le premier.
"Salut Cody ! Alors ce voyage s'est bien passé ? - Une vraie partie de rigolade et sans leur intervention je ne serais plus là pour en parler. Je te raconterai plus tard. En attendant, tu sais où est Teaspoon."

Tout en répondant, Cody désigna les deux jeunes femmes qui l'accompagnaient. Celui qui les avait accueillis les observa rapidement avant de reporter son attention sur le cow-boy afin de lui répondre.
"Il est en ville avec les deux types de l'agence.
- Les deux nouvelles recrues que l'on cherchait ont-elle été trouvées ? demanda alors Cody.
- Pas que je sache, à moins qu'il n'y ait eu du changement depuis cet après midi. Mais pourquoi ces questions ?"

Mais Cody ne lui répondit pas. Il se contenta de le remercier et se tourna vers les deux jeunes femmes qui l'accompagnaient.
"Venez, on y va tout de suite ! "
Puis, sans laisser le temps à quiconque de dire quoique ce soit de plus, il partit en direction de la petite ville. Mag adressa un petit sourire d'excuse au jeune homme qui les avait accueillis et se lança à sa suite, P.V. n'étant pas loin derrière elle. La jeune indienne gardait un sentiment un peu étrange de cette rencontre. Elle n'aurait su dire lequel, mais ce jeune homme lui paraissait cacher quelque chose. Cependant, elle mit de côté la question de savoir quoi et se contenta de suivre le cow-boy qui semblait pressé d'atteindre la petite ville. Celle-ci n'était vraiment pas très loin du relais, aussi ils y arrivèrent rapidement. Bien qu'assez petite par rapport à Strawberry, la ville natale de Mag, Sweetwater semblait ne manquer de rien. La jeune blanche observa ce qui l'entourait. Elle nota mentalement les endroits les plus marquants, repérant ainsi une grange avec un établi de forgeron, une prison et un saloon. Ce dernier semblait assez animé. Elle remarqua aussi une petite boutique qui était pour l'instant fermée. Plusieurs maisons se dressaient autour pour accompagner le tout. Elle ne vit pas tout de la ville car le cow-boy les conduisit directement près de la prison.

P.V., quant à elle, ne vit pas grand chose. Il y avait un peu de monde, et Esprit Sauvage était plutôt nerveux. Elle-même l'était aussi ce qui n'arrangeait pas l'état de son compagnon. Néanmoins elle tentait de le calmer et de le rassurer. Machinalement, elle caressait l'encolure de son compagnon se faisant la plus douce possible, malgré tout, elle ressentait la puissance de son cheval et elle sentait ses frémissements de crainte. Elle aurait voulu lui dire des mots apaisants à l'oreille, mais elle ne souhaitait pas montrer ses origines tout de suite. Au moment où ils atteignirent la prison, trois hommes en sortirent. Deux d'entre eux étaient vêtus de costumes sombres et ne semblaient pas posséder d'arme. Le troisième était un homme qui se portait bien. Son pantalon était maintenu par une ceinture et une paire de bretelles rouge passée par-dessus sa chemise à rayures. Une étoile brillait accrochée sur sa poitrine. Les cheveux qui s'échappaient de son chapeau étaient blancs et il ne semblait pas s'être rasé depuis un moment. Il fut le premier à remarquer le petit groupe qui s'approchait d'eux. Il souleva son couvre chef et salua les deux jeunes femmes qui accompagnaient Cody avant de s'adresser à lui :
"Cody, je ne t'attendais pas si tôt. Ton voyage s'est bien passé ?
- Je t'avais dis que je ne le sentais pas ! répondit l'interpellé. J'ai risqué ma vie pour une lettre qui a fini au feu sans même être lue... Dis, je suis passé au relais et Lou m'a dit que vous n'aviez toujours pas trouvé les deux nouvelles recrues que nous cherchons !"

Le cow-boy n'avait pas l'intention de se perdre en explications devant les deux types de l'agence, aussi il s'empressa de diriger la conversation dans le sens qu'il souhaitait. Ainsi en maîtrisant le discours, il pensait avoir plus de chance de placer les belles remarques qu'il avait soigneusement préparées dans sa tête. L'un des deux hommes en costume prit alors la parole et demanda :
" Non en effet, nous ne les avons pas trouvés.
- Cela tombe bien, parce que j'en ai trouvé deux qui feraient très bien l'affaire ! répliqua aussitôt Cody sans une ombre d'hésitation.
- Bien ! Présentez-nous donc les deux personnes que vous dites avoir trouvées. Nous jugerons alors de leur qualité."

Cet homme ne paraissait pas aimable à P.V. et elle douta aussitôt que cela soit aussi facile face à lui que Cody ne l'avait pensé. Cependant, le cow-boy semblait déterminé à prendre leur défense et elle savait que Mag pouvait bien parler. Elles avaient peut-être quand même leurs chances. Le jeune cavalier, sûr de lui, désigna alors les deux femmes qui l'accompagnaient. Mais il n'eut pas le temps d'en dire plus. Teaspoon fut le premier à l'interrompre en le rappelant à l'ordre. Il était visiblement surpris et ne savait quoi dire de plus que le nom de Cody. En revanche, l'homme au costume, qui avait déjà parlé, eut immédiatement une réplique à répondre :
"Monsieur Cody, vous vous moquez de nous ? Ce sont des femmes et je vous rappelle que le règlement stipule que les femmes ne peuvent travailler pour le Poney Express ! Elles sont mieux à la maison à s'occuper de leur mari !"


51

Intérieurement Mag était au bord de l'énervement. C'était le genre de discours qui la mettait en rogne. Elle ne comprenait pas pourquoi la plupart des hommes ne voyaient les femmes que comme des cuisinières ou des ménagères. Elle avait toujours vécu au milieu des hommes de mains de son père et avait souvent eu l'occasion de défendre sa cause auprès de ces machos qui avaient tendance à penser de la sorte. Elle allait donc leur dire sa façon de penser, mais Cody fut plus rapide qu'elle, comme s'il s'était attendu à une telle réponse et avait préparé une riposte.
"Ce sont peut-être des femmes, mais cela n'enlève rien du tout à leur valeur. Elles sont excellentes cavalières et elles savent se défendre. Elles feraient de bons coéquipiers. Toutes les qualités requises pour ce travail, elles les ont. Vous pourriez essayer de leur donner une chance.
- Elles sont peut-être bonnes cavalières, mais je doute quand même qu'elles tiennent réellement la distance. Quant à leur défense, dites moi ce qu'elles pourraient faire face des bandits voulant leur prendre leur mochila ?" répondit toujours le même homme.

Il semblait peu enclin à se laisser convaincre par les belles phrases de Cody. Les deux autres hommes ne parlaient pas. Chacun d'eux observait les deux jeunes femmes sans souffler mot. Ils évaluaient l'un comme l'autre la situation et essayaient de percer au premier regard leurs capacités réelles. Cody ne se laissa pas démoraliser par les répliques de son interlocuteur. Il s'y était attendu et s'y était préparé. Il reprit donc :
"Elles sont parfaitement capables de la défendre. Elles m'ont sauvé la vie par deux fois. Je doute qu'elles aient pris autant de risques pour me sauver si elles n'avaient pas été capables de se servir de leur armes et de leurs têtes. Quant aux longues courses, elles chevauchent avec moi depuis Fort Brymes. Elles ne m'ont jamais retardé une seule fois...
- Je suis native de Strawberry, une petite ville plus au nord. Nous sommes descendues vers Fort Brymes puis remontées en direction de Sweetwater. Cela prouve bien que les longs voyages ne nous font pas peur. Répliqua Mag qui avait enfin retrouvé la parole. Quant à assurer notre défense, nous en sommes capables l'une comme l'autre et nous pouvons vous en faire une démonstration quand vous le souhaitez !"

L'homme au costume allait émettre une nouvelle objection, mais le marshal qui ne s'était pas encore manifesté en décida autrement. Depuis le début de la conversation, il avait observé les deux jeunes femmes. Il commençait déjà à se faire une opinion et il estimait savoir juger de la valeur des gens. Il avait de l'expérience et se trompait rarement dans ses jugements. C'est pourquoi, il prit la parole pour dire ce qu'il pensait de tout cela :
"Si je peux donner mon avis, je pense que ces deux jeunes femmes sont sans nul doute de bonnes cavalières. Il n'y a qu'à regarder leurs chevaux pour s'en rendre compte. Observez bien le blanc. Il est nerveux, très nerveux. A la façon dont sa maîtresse doit le calmer, je dirais que n'importe qui ne pourrait pas le monter. Mes p'tits gars sont tous d'excellents cavaliers, pourtant, je ne leur donne pas longtemps sur le dos de cette bête. Si elle est capable de se maintenir en selle, c'est qu'elle n'est assurément pas mauvaise cavalière. Il en va de même pour l'autre cheval et sa maîtresse. Certes, il est moins nerveux, mais c'est tout de même une belle bête. Il est vrai que je ne peux rien dire quant à leur capacité à se défendre. Cependant, je pense que si elles ont été capables de sauver la vie de Cody, c'est qu'elles sont aptes à se protéger elles-mêmes. Je me trompe rarement sur les gens et je suis personnellement prêt à faire un essai. De toute façon, nous avons besoin de monde !"

Teaspoon était d'un naturel convaincant. Il avait observé P.V. et elle s'en était rendue compte. Donc pendant qu'il parlait, elle en avait fait de même tout en continuant de calmer son compagnon. Elle remarqua sans mal le tic qu'il avait en parlant. Son oeil droit était souvent à demi fermé. Mais elle soupçonnait que cela n'était pas totalement innocent. Elle était certaine que sous sa paupière mi-close, l'oeil était loin de l'être et que tout en se concentrant sur ses paroles, il continuait de les observer. Il semblait étudier leurs moindres réactions comme s'il tentait de les percer, de les mettre à jour pour les connaître encore mieux. Le marshal avait un certain âge, il devait donc avoir vécu pas mal de choses et il devait avoir appris à se faire un jugement rapidement. Cela avait souvent dû lui permettre d'assurer sa survie. P.V. appréciait déjà un peu cet homme, il semblait être juste et honnête, bien que son physique ne soit pas celui de quelqu'un qui inspire habituellement la confiance.

L'homme en costume qui ne s'était pas encore exprimé, pris son collègue par le bras, s'excusa d'un petit signe de tête et l'entraîna un peu plus loin. Ils discutèrent en aparté quelques instants. Durant tout le temps qu'ils restèrent éloignés, personne ne bougea, ni ne parla. Chacun regardait les deux hommes cherchant à essayer de connaître la décision avant qu'elle ne soit prononcée. Mais rien ne filtra et ils revinrent quelques minutes après. C'est celui qui n'avait pas encore pris la parole sur le sujet qui déclara :
"Marshal Hunter, vous avez raison. Le relais, mais aussi toute l'agence a besoin de plus de monde. Vous avez de nombreuses qualités et parmi elles, figure celle d'avoir de bonnes intuitions. Nous avons décidé de nous fier à vous aussi nous acceptons de les prendre à l'épreuve..."

Un sourire vint se dessiner sur le visage de Mag. Si elle avait une chance de montrer ce que P.V. et elle valait, elles parviendraient probablement à rester. Elles auraient de gros efforts à fournir mais elle était sûre d'y parvenir. Cody semblait content lui aussi. Il était reconnaissant à Teaspoon de l'avoir soutenu dans ses arguments pour défendre les deux jeunes femmes.
"Cela dit, ce n'est qu'un essai. Il nous faut la preuve qu'elles peuvent se débrouiller par elles-mêmes. Cependant, l'agence ne peut pas prendre de risques avec ses clients. C'est pourquoi, nous avons calculé que pour finir notre tournée des différents relais, il nous faudrait à peu près un mois. Nous reviendrons passé ce délai pour juger de leur capacité. En attendant, il faudra qu'elles travaillent en collaboration avec un de vos hommes déjà formés. En aucun cas, elles ne devront voyager seules tant qu'il n'aura pas été décidé de façon définitive qu'elles peuvent rester. Acceptez-vous les conditions, marshal !
- Je n'y vois pas d'inconvénient, répondit Teaspoon.
- Bien, et vous mesdemoiselles, acceptez-vous le marché !
- Oui, nous vous montrons de quoi nous sommes capables. Vous ne serez pas déçus, leur déclara Mag enchantée par cette perceptive.
- Nous l'espérons. En attendant, nous allons prendre congés. Il se fait tard et demain, nous devons reprendre la diligence de bonne heure. Bonne soirée et bon courage !"

Les deux hommes soulevèrent légèrement leurs chapeaux pour saluer les deux jeunes femmes, puis ils partirent en direction de la pension de famille qui donnait lieu d'hôtel. Teaspoon les regarda s'éloigner un instant avant de reporter son attention sur les deux jeunes femmes.
"Bien mesdemoiselles, vous faites désormais partie de l'équipe. Je suis le marshal Teaspoon Hunter.
- Enchantée, lui répondit la jeune blanche. Moi c'est Mag Elcove et voici Panthère-Vive dites P.V. !
- Bien, reprit le Marshal. Si l'on faisait connaissance en chemin. Rachel doit nous attendre pour manger un morceau. Cody, il faudra que tu me racontes cette histoire de lettre qui a fini au feu !"
Teaspoon se hissa sur le dos du cheval qui se trouvait devant la prison et les quatre compagnons prirent le chemin du relais.

Suite

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