Gregg Rainwater


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Lorsqu'il est entré dans "L'Equipée du Poney Express", la série fétiche de France 2, Gregg Rainwater était un parfait inconnu. A peine avait-il tenu quelques rôles de figuration dans des séries télé. Mais son charme et son charisme vont opérer au delà de toute espérance, grâce au rôle de Little Buck Cross, cet indien paiute de sang mêlé, sans famille déchiré entre deux cultures. En l'espace de quelques semaines, le courrier du jeune loup est multiplié par cent ! Mieux, Gregg est élu parmi les dix espoirs les plus sexys de l'année. "C'est agréable de savoir qu'on m'apprécie", dit-il avec humour.
Quand Gregg Rainwater nous a ouvert la porte de son duplex à Beverly Hills, on a remarqué immédiatement deux choses : la vue imprenable sur Los Angeles et... les cheveux courts de notre hôte ! "Ca choque effectivement beaucoup de gens qui m'ont vu dans "L'Equipée du Poney Express". Je les ai coupés d'ailleurs immédiatement après l'arrêt du feuilleton. Je dois avouer qu'avant le rôle de Buck, je n'ai jamais eu les cheveux longs. J'enviais Travis (Fine) et son crâne rasé. Ca devait être sûrement plus confortable avec les quarante degrés à l'ombre que nous avions tous les jours !" Ce n'était pas la moindre surprise de ce diable d'homme qui s'est confié à nous. En toute liberté...

Cine Tele Revue : Parlez-nous de votre famille. D'où venez-vous ?
Gregg Rainwater : J'ai grandi dans la petite ville de Flint près de Detroit. J'était le petit dernier d'une famille de cinq enfants (j'ai trois soeurs et un frère). Mon père travaillait pour la compagnie d'automobiles General Motors. Detroit, c'est plein d'usines, il fait froid et gris la plupart du temps. Bien que personne dans la famille ne soit devenu artiste, tout le monde rêvait de l'être. Mon père aurait voulu être comédien et ma mère, qui nous a élevés, aurait préféré mener une carrière de danseuse. C'est peut-être pour ça que j'ai choisi le métier d'acteur pour pouvoir réaliser ce que mes parents ont toujours souhaité faire. Avec mon frère et mes soeurs, on s'échappait de la grisaille en allant chanter dans une chorale à l'église. Je ne chante plus aujourd'hui mais mes soeurs, elles, continuent dans différents choeurs d'orchestres.
Cine Tele Revue : Vos parents ont dû être très heureux de vous voir à Hollywood...
Gregg Rainwater : Je ne pouvais pas leur faire plus plaisir ! A l'époque de "l'Equipée du Poney Express", ils ne manquaient pas un épisode. Leur plus grande joie fut quand on leur demanda leur autographe. La célébrité est une chose bien curieuse. Elle vous fait même demander la signature de vos parents !
Cine Tele Revue : Vos ancêtres sont indiens. Vous sentez-vous proche de votre origine ?
Gregg Rainwater : La famille de mon père est d'origine cherokee et osage, une tribu d'Oklahoma. Je n'ai jamais vraiment prêté attention à mes origines indiennes, mais aujourd'hui, je le regrette. J'avais un grand-père merveilleux. Il était parti des plaines du Sud dans les années vingt pour venir travailler au Nord, dans les usines. C'était un homme qui ne parlait pas beaucoup. Je n'ai peut-être eu que quatre conversations avec lui. Il est mort il y a plus de dix ans maintenant et tout son passé, toute sa culture, toutes les légendes, la langue qu'il connaissait, tout ça a disparu avec lui. C'est à cause de tout ce que j'ai perdu pour ne pas avoir essayé de le connaitre davantage, que j'ai été très sensibilisé par mon rôle dans "l'Equipée du Poney Express". En incarnant Buck, je suis remonté aux sources, une expérience extrêmement bouleversante.
Cine Tele Revue: Quand avez-vous décidé de devenir acteur ?
Gregg Rainwater : Ca a commencé d'une façon tout à fait banale, à l'école, à 12 ans, dans une pièce. Ensuite, j'ai été littéralement lancé dans le métier. Au lycée, un professeur pensa que j'avais assez de talent pour me payer un aller simple pour Hollywood. Avec la bénédiction de mes parents, et toutes mes illusions comme bagages, je suis donc arrivé à Los Angeles sans connaitre personne. Je survivais en travaillant comme serveur dans les restaurants. Le reste du temps, j'allais aux auditions. Après un an et demi de vaches maigres, je suis parti en Europe pendant deux mois et puis je suis rentré chez mes parents pour économiser ce qu'il me restait et surtout, pour préparer un meilleur plan d'attaque avant de retourner à Hollywood. C'était en 1987. Pendant deux ans, j'ai joué dans soixante pièces de théâtre, fait un passage éclair dans le feuilleton "Days of our lives", avant de décrocher le rôle de Buck dans "L'Equipée du Poney Express". Tout à coup, ce fut une cadence de travail infernale, six jours par semaine, quatorze heures par jour.
Cine Tele Revue : Comment avez-vous décroché ce rôle ?
Gregg Rainwater : Au lycée, j'avais connu une fille enseignante qui, depuis, est devenue actrice à New York. Nous avions gardé le contact et, un jour, elle m'a téléphoné pour me dire que la chaine ABC allait m'appeler. Elle avait entendu l'équipe du casting parler du rôle de Buck et elle avait suggéré mon nom. Sur le coup, je ne l'ai pas crue, mais quand j'ai reçu, quelques jours plus tard, le scénario par la poste, je savais que j'était Buck. Ce rôle était le mien. Je n'avais jamais ressenti ça auparavant et je ne l'ai plus ressenti depuis. J'ai passé toutes les étapes sachant donc, depuis le départ, que j'obtiendrais le rôle. Au cours de la dernière audition, on me fit savoir qu'on me préviendrait dans deux semaines. Le jour même, le directeur de casting laissait un message sur mon répondeur m'annoçant que j'avais gagné. Je m'y attendait bien sûr !
Cine Tele Revue : Parlez-nous de Buck, cet indien de sang mêlé, sans famille...
Gregg Rainwater : Avant le tournage, je me suis plongé dans les livres d'histoire pour vérifier que toutes les références indiennes étaient correctes. Dans un épisode, je devais recréer les rites indiens. Mais ce qu'avaient concocté les scénaristes n'avait rien de juste. C'était un mélange de rites venant de plusieurs tribus qui n'avaient rien à voir entre elles. Je leur ai dit que c'était comme filmer des Norvégiens dansant le flamenco ! Heureusement, les producteurs tenaient à l'authenticité des détails et dès que je faisais remarquer une erreur, on la corrigeait immédiatement. Nous vivons, Dieu soit loué, une époque où la culture est mieux respectée par les médias.
Cine Tele Revue : Buck et Ike sont très proches dans le feuilleton. Etiez-vous très proche de Travis ?
Gregg Rainwater : J'ai appris à Travis le langage des signes indiens. Nos personnages commencent l'histoire des "Poney Express" ensemble. Ike ne peut communiquer qu'à travers moi. Nous avons développé une amitié très tôt. Nous nous voyons toujours régulièrement. Je me souviens que pendant le tournage de l'épisode pilote, nous étions tous comme chien et chat. La tension entre nous était très difficile. Et puis, dès que le feuilleton fut officialisé par la chaine ABC, et qu'on s'est tous retrouvés à Tucson, les masques sont tombés. Immédiatement, nous sommes devenus une grande famille.
Cine Tele Revue : Votre meilleur souvenir de tournage ?
Gregg Rainwater : Paradoxalement, ce fut l'épisode pendant lequel Ike meurt. Ike mourait et Travis partait. Je perdais quelqu'un de très proche à l'écran et dans la réalité. J'ai vengé Ike en tuant son assassin. J'étais tellement content de cette vengenace. L'émotion sur le plateau n'a jamais été aussi forte. Ce fut une très belle expérience.
Cine Tele Revue : Avez-vous été approché pour jouer d'autres rôles d'indien ?
Gregg Rainwater : J'ai rencontré plusieurs acteurs d'origine indienne. L'un d'eux vint sur le feuilleton. Il était l'une des trois dernières personnes à connaitre la langue de sa tribu d'origine.Ca m'a bouleversé de voir toute cette culture disparaitre à jamais. Depuis "L'Equipée du Poney Express", j'ai refusé de passer des auditions pour des rôles d'indiens. Il y a des acteurs bien mieux qualifiés que moi pour ça. J'ai d'ailleurs toujours considéré Buck comme une personne et pas comme un indien. Je veux aller au-delà des stéréotypes, explorer un personnage sur tous les plans et pas seulement du point de vue ethnique.
Cine Tele Revue : Un mauvais souvenir du feuilleton ?
Gregg Rainwater : Mon pied cassé ! Ce fut une véritable hécatombe. Nous avions beaucoup de cascades et surtout beaucoup d'actions à cheval. Comme Travis Fine vous l'a dit, aucun de nous n'était vraiment un bon cavalier. Ty (Miller) et Travis se sont tous deux fait opérer du genou et Steven (Baldwin) et moi, on s'est cassé le pied. Et tout ça en tombant de cheval !
Cine Tele Revue : Croyez-vous en l'astrologie ?
Gregg Rainwater : Je crois que je suis plus proche de Buck que je veuille bien l'admettre ! Buck est un mystique qui peut être aussi la plupart du temps pragmatique. Je suis pareil : un pragmatique qui lit tous les jours son horoscope dans les journaux. Je crois également à la voyance. Avant le feuilleton, je suis allé voir une voyante. Elle voyait six cavaliers en haut d'une colline. Elle ne savait même pas que j'étais acteur ! Elle a prédit ma destinée.
Cine Tele Revue : Et votre célébrité ?
Gregg Rainwater : Quand nous filmions en Arizona et que les gens me reconnaissaient, je faisais tout pour éviter de leur dire la vérité. Je ne voulais pas qu'ils sachent que j'étais acteur et surtout que je faisais partie de "l'Equipée du Poney Express". J'adore l'anonymat... et pouvoir entrer dans un restaurant sans qu'on me reconnaisse ! Je suis très timide et j'ai horreur d'être continuellement sous surveillance. Je ne suis pas devenu acteur pour qu'on s'interesse à ma vie privée. Je n'use pas de mon métier pour obtenir une bonne table quelque part.
Cine Tele Revue : Pouvons-nous quand même parler de votre vie personnelle ?
Gregg Rainwater : Tout ce que je peux vous dire c'est que je suis célibataire et que je n'ai personne dans ma vie pour le moment ! Je pense au mariage bien sûr. Je sais que je vieillis, j'adorerais devenir père. Père célibataire m'irait assez je crois. Vous n'avez pas besoin d'une épouse pour élever un enfant. Si je trouve une partenaire désirant me faire un bébé, mais me laissant libre de l'élever tout seul, ça me conviendra très bien.
Cine Tele Revue : Vos projets ?
Gregg Rainwater : Apprendre le français et partir vivre à Paris pendant quelques temps. Je n'y suis allé qu'une fois en 1986 et pendant 8 heures, entre deux trains, en route vers Barcelone. J'ai parlé à mon agent pour aller travailler en Europe. Il préfèrerait que je reste un petit plus longtemps ici, pour me faire une carte de visite ! Je viens de passer une audition pour "Alerte à Malibu". Avec la nouvelle chaîne de Rupert Murdoch en Extrême Orient, "Alerte à Malibu" va devenir le feuilleton le plus regardé au monde. Je transforme également mon appartement en studio d'enregistrement pour réaliser des shows radio à la façon des émissions d'avant-guerre, quand tous ces merveilleux acteurs donnaient le frisson en n'utilisant que leur voix. Une façon de renouer également avec mon vieil amour pour le théâtre.

Source: Cine Tele Revue n° 45 du 11 novembre 1993
Journaliste: Roderick Barrand

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